Peines d'amour perdues. Уильям Шекспир
Чтение книги онлайн.

Читать онлайн книгу Peines d'amour perdues - Уильям Шекспир страница 4

Название: Peines d'amour perdues

Автор: Уильям Шекспир

Издательство: Public Domain

Жанр: Драматургия

Серия:

isbn:

isbn:

СКАЧАТЬ – J'ai dit tendre jouvenceau, comme une épithète qui convient à tes jeunes années, que l'on peut dénommer tendres.

      MOTH. – Et moi, j'ai dit rude seigneur, comme un titre qui appartient à votre vieillesse, que l'on peut nommer rude.

      ARMADO. – Joli et convenable.

      MOTH. – Comment l'entendez-vous, monsieur? Est-ce moi qui suis joli, et mon propos convenable; ou mon propos qui est joli, et moi convenable?

      ARMADO. – Tu es joli parce que tu es petit.

      MOTH. – Petitement joli, parce que je suis petit; et pourquoi convenable?

      ARMADO. – Convenable, parce que tu es vif.

      MOTH. – Dites-vous ceci à ma louange, mon maître?

      ARMADO. – A ton digne éloge, vraiment.

      MOTH. – Je vanterai une anguille avec le même éloge.

      ARMADO. – Quoi! est-ce qu'une anguille est ingénieuse?

      MOTH. – Une anguille est vive.

      ARMADO. – Je dis que tu es vif dans tes réponses. – Tu m'échauffes le sang.

      MOTH. – Me voilà payé d'une réponse, monsieur.

      ARMADO. – Je n'aime pas à être contrarié.

      MOTH. – Celui qui parle par contradictions, les croix 7 ne l'aiment pas.

      ARMADO. – J'ai promis d'étudier trois ans avec le duc.

      MOTH. – Vous pourriez le faire en une heure, monsieur.

      ARMADO. – Impossible.

      MOTH. – Combien fait un répété trois fois?

      ARMADO. – Je sais mal compter: c'est le talent d'un garçon de cabaret.

      MOTH. – Vous êtes un gentilhomme, monsieur, et un joueur.

      ARMADO. – J'avoue tous les deux; tous deux sont le vernis qui rend un homme accompli.

      MOTH. – En ce cas, je suis sûr que vous savez très-bien à quelle somme montent deux as.

      ARMADO. – Elle monte à un de plus que deux.

      MOTH. – Ce que le pauvre vulgaire appelle trois.

      ARMADO. – Cela est vrai.

      MOTH. – Eh bien! monsieur, n'est-ce que cela à étudier? En voilà déjà trois d'étudiés avant que vous puissiez cligner l'oeil trois fois; et combien il est aisé d'ajouter les années au mot trois, et d'étudier trois ans en deux mots, le cheval sautant8 vous le dira.

      ARMADO. – Une fort belle figure!

      MOTH, à part. – Pour prouver que vous n'êtes qu'un zéro.

      ARMADO. – Je t'avouerai là-dessus, que je suis amoureux et de même qu'il est bas à un guerrier d'aimer, de même je suis amoureux d'une fille de bas étage. Si de tirer l'épée contre l'humeur de mon penchant me délivrait de la pensée réprouvée qu'il m'inspire, je prendrais le désir prisonnier, je le rançonnerais et je l'enverrais à quelque courtisan de France pour y nouer quelque nouvelle galanterie. Je regarde comme un opprobre de soupirer: je voudrais abjurer Cupidon. Console-moi, mon enfant; quels sont les grands hommes qui ont été amoureux?

      MOTH. – Hercule, mon maître.

      ARMADO. – O doux Hercule! – D'autres autorités, mon cher, d'autres encore; et qu'ils soient surtout, mon enfant, des hommes de bonne renommée et de bonne façon.

      MOTH. – Samson, mon maître. C'était un homme d'un port avantageux, d'un port très-robuste, car il porta les portes de la ville sur son dos, comme un portefaix. Et il était amoureux.

      ARMADO. – O robuste Samson! ô nerveux Samson! je te surpasse autant dans le maniement de mon épée, que tu me surpasses dans la force d'emporter les portes. Je suis amoureux aussi. – Quelle était l'amante de Samson, mon enfant?

      MOTH. – Une femme, mon maître.

      ARMADO. – De quelle couleur de peau?

      MOTH. – Des quatre à la fois; ou de trois, ou de deux, ou de l'une des quatre.

      ARMADO. – Dis-moi au juste de laquelle.

      MOTH. – D'un vert d'eau, monsieur.

      ARMADO. – Est-ce là une des quatre?

      MOTH. – Oui, monsieur, suivant ce que j'ai lu. Et la meilleure des quatre.

      ARMADO. – Le vert9, en effet, est la couleur des amants; mais avoir une amante de cette couleur… Je trouve que Samson n'avait guère de raison de le faire. Sûrement il l'affectionnait pour son esprit.

      MOTH. – C'était justement pour cela, monsieur; car elle avait une intelligence verte10.

      ARMADO. – Ma maîtresse est du blanc et du rouge le plus pur.

      MOTH. – Ces couleurs, mon maître, masquent les pensées les plus impures.

      ARMADO. – Définis, définis, enfant bien élevé.

      MOTH. – Esprit de mon père, langue de ma mère, assistez-moi!

      ARMADO. – Tendre invocation d'un enfant; très-jolie et très-pathétique!

      MOTH.

      Si une femme est composée de blanc et de rouge

      Jamais ses fautes ne seront connues.

      Car les fautes engendrent les joues pourpres.

      Et la blanche pâleur décèle la crainte.

      Ainsi, que votre maîtresse ait des craintes, ou qu'elle mérite le blâme,

      Vous ne le connaîtrez pas à la couleur;

      Car toujours ses joues conserveront la couleur

      Qu'elles doivent à la Nature.

      Voilà de terribles rimes, mon maître, contre le rouge et le blanc!

      ARMADO. – N'y a-t-il pas, enfant, une ballade du roi et de la mendiante11?

      MOTH. – Il y a trois siècles environ que le monde était infecté de cette ballade; mais je crois qu'à présent on ne la trouverait guère, ou, si on la trouvait, elle ne servirait guère ici ni pour les paroles, ni pour la musique.

      ARMADO. – Je veux composer quelque chose de neuf sur ce sujet, afin de justifier mon écart par quelque autorité imposante. Page, j'aime cette jeune paysanne que j'ai surprise dans le parc avec cette brute raisonnante de Costard: elle le mérite bien.

      MOTH. – D'être fustigée. (A part.) – Et pourtant elle mérite un plus digne amant СКАЧАТЬ



<p>7</p>

Cross, croix, pièce de monnaie.

<p>8</p>

Allusion au cheval de Banks, fameux par ses tours.

<p>9</p>

Le vert du saule.

<p>10</p>

Intelligence verte, c'est-à-dire vive et gaie.

<p>11</p>

Le roi Cophétua et la mendiante. Ballade à laquelle Shakspeare fait de fréquentes allusions.