A quoi tient l'amour?. Марк Твен
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Название: A quoi tient l'amour?

Автор: Марк Твен

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ mieux quelques balles dans la tête?» ajouta le chef.

      Rouillon vit qu'il fallait se résigner. Il prit le crayon rouge et écrivit.

      «Moussemond et Savourny demeurent-ils tous les deux du même côté? lui demanda le commandant lorsqu'il eut fini d'écrire.

      – Non, ils habitent aux deux extrémités de la ville.

      – Wilhelm, afin d'aller plus vite, vous commanderez une escouade pour chacun d'eux. Transcrivez en allemand chaque indication sur une feuille séparée. Vous garderez l'original comme justification.»

      Puis, se tournant vers Rouillon:

      «Vous êtes libre. Partez!»

      Et comme Rouillon s'en allait:

      «Mais j'y pense, Wilhelm, donnez-lui un sauf-conduit. Il se peut qu'il ait besoin de nous, comme il se peut que nous ayons besoin de lui.»

      XV

      Il n'y avait point dix minutes que Rouillon était parti, et les deux escouades venaient à peine de s'éloigner avec les indications transcrites, quand, à trois cents pas environ de la Villa des Roses, une vive fusillade éclata dans la campagne. Le chef allemand se dressa au bruit, jeta son cigare, ouvrit précipitamment la fenêtre. Wilhelm courut aux nouvelles.

      La note écrite par Rouillon était restée sur le guéridon. Un courant d'air l'enleva, et, par la porte béante, l'emporta dans la salle à manger, où Madeleine, demeurée seule, desservait. Elle ramassa instinctivement ce bout de papier, y jeta les yeux, fut stupéfaite d'y reconnaître une écriture qui lui avait été familière, entendit les pas des officiers qui rentraient, cacha la feuille dans son corsage et regagna vite la cuisine.

      XVI

      La fusillade s'éteignait au loin. L'alerte avait été brève, mais sérieuse. Les francs-tireurs avaient eu l'audace de revenir par le fourré jusqu'à la lisière du bois. De là, à leur aise, ils avaient abattu d'un seul coup une vingtaine d'hommes sous leurs balles. Maintenant, ils se dérobaient sans qu'on pût les poursuivre utilement. On dut se contenter d'envoyer au hasard quelques volées de mitraille dans la forêt.

      Ce retour offensif déchaîna la fureur des Allemands.

      Le premier moment d'alarme passé, ils commencèrent le pillage et l'incendie avec une décision impitoyable, avec une sauvagerie savante.

      Tous les habitants ne se laissèrent pas dévaliser sans résistance. Il y eut des protestations, des rixes, qui redoublèrent l'acharnement des pillards. Quiconque résistait était lié et cruellement battu.

      Un perruquier de soixante ans, vieux soldat d'Afrique, renversa sur le pavé un sous-officier qui avait vidé sa caisse et voulait lui arracher sa montre. On fit le siège de la boutique. Le vieux se défendit avec une énergie désespérée. Il assomma deux des assaillants. A la fin, il succomba. Criblé de coups, lardé par les baïonnettes, il fut pris, traîné, foulé aux pieds dans le ruisseau sanglant. Avec ses rasoirs, on lui coupa le nez, les oreilles, les poignets. Puis on lui creva les yeux, et on le jeta, mort ou moribond, dans les ruines de sa pauvre bicoque, au milieu des flammes.

      XVII

      Victor Moussemond et l'instituteur avaient été conduits à la Villa des

      Roses.

      M. Dufriche les vit arriver et demanda au commandant ce qu'on leur reprochait.

      «Faites descendre votre fils! lui dit celui-ci pour toute réponse.

      – Mon fils! Vous savez bien qu'il ne peut pas bouger. Il se soutient à peine sur ses béquilles.

      – Qu'il vienne immédiatement, ou on ira le chercher.»

      Prosper descendit, aidé par son père.

      «L'autre nuit, vous avez soulevé contre nous les gens de Verval. Vous avez dirigé l'attaque du pont.

      – Moi! Est-ce possible? Vous voyez dans quel état je suis. Je n'ai pas quitté la maison une minute.

      – Vous ne pouvez guère marcher, c'est vrai; mais on vous a conduit.

      – Qui vous a dit cela?

      – Je n'ai pas de comptes à vous rendre. Mes renseignements sont sûrs.

      – Je vous jure qu'on vous a trompé.

      – Prenez vos dernières dispositions; vous serez fusillé avec ces deux hommes, qui sont coupables comme vous.

      – Fusillés! s'écrièrent avec stupeur Savourny et Moussemond.

      – Silence!

      – Pitié! fit Mme Dufriche, se jetant, tout en pleurs, aux pieds du commandant. Mon fils n'a rien fait. Ne le tuez pas!»

      Il l'écarta avec impatience.

      «La loi militaire est dure; je le regrette pour vous, madame. Mais il faut des exemples. La France nous a déclaré la guerre et ne veut pas accepter la paix. Que les Français en subissent toutes les conséquences!

      – Monsieur, monsieur! je n'ai pas touché un fusil de ma vie, dit alors Toto Mousse affolé de terreur, avec des gestes de petit enfant qui supplie. J'ai toujours été pacifique, très pacifique, moi. Tout le monde le sait. Informez-vous. Je me suis fait remplacer pour ne pas me battre. J'aime les Allemands, mon général. Ce n'est pas moi qu'on doit punir. C'est injuste. Qu'on me laisse libre! Papa vous donnera tout ce que vous voudrez.

      – Je ne veux rien de vous.

      – Qu'on nous juge, au moins!» fit Savourny.

      Il n'en put dire davantage. Les soldats poussèrent les trois condamnés vers la porte.

      Mme Dufriche s'attachait aux vêtements de son fils, qui, interdit, stupéfait, s'avançait péniblement.

      «Arrêtez! cria Madeleine qui venait d'entrer.

      – Qu'on enferme les femmes!» dit le chef.

      Mme Dufriche perdit connaissance. Madeleine résista, fut entraînée et enfermée dans le cellier.

      XVIII

      L'exécution eut lieu en haut de la côte, parmi les acacias nains d'une sablonnière abandonnée.

      Victor Moussemond qui, pendant tout le trajet, n'avait cessé de parler, d'expliquer, d'implorer, eut un accès de colère folle quand il se vit perdu sans recours.

      «Imbécile que je suis! hurlait le pauvre Toto. Dire que j'ai payé un homme pour partir à ma place! Et dire que cet homme n'attrapera peut-être pas une égratignure, tandis qu'on va me tuer comme un chien!»

      Il se débattit violemment, voulut s'échapper. Il mordit les soldats, qui le frappèrent alors à coups de crosse, à coups de sabre, lui crachèrent à la figure et l'attachèrent contre un arbre en vociférant: Capout! capout!

      L'un d'eux, parodiant la Marseillaise, se mit à chanter devant lui:

      Qu'un sang impur abreuve vos sillons, Tas de СКАЧАТЬ