David Copperfield – Tome II. Чарльз Диккенс
Чтение книги онлайн.

Читать онлайн книгу David Copperfield – Tome II - Чарльз Диккенс страница 7

СКАЧАТЬ J'étais assis sur une chaise de l'autre côté de la cheminée, plongé dans mes tristes réflexions et regardant tantôt le feu, tantôt mon étrange compagne.

      «Il faut que je m'en aille, dit-elle enfin en se levant. Il est tard; vous ne vous méfiez pas de moi, n'est-ce pas?»

      En rencontrant son regard perçant, plus perçant que jamais, quand elle me fit cette question, je ne pus répondre à ce brusque appel un «non» bien franc.

      «Allons, dit-elle, en acceptant la main que je lui offrais pour l'aider à passer par-dessus le garde-cendres et en me regardant d'un air suppliant, vous savez bien que vous ne vous méfieriez pas de moi, si j'étais une femme de taille ordinaire.»

      Je sentis qu'il y avait beaucoup de vérité là dedans, et j'étais un peu honteux de moi-même.

      «Vous êtes jeune, dit-elle. Écoutez un mot d'avis, même d'une petite créature de trois pieds de haut. Tâchez, mon bon ami, de ne pas confondre les infirmités physiques avec les infirmités morales, à moins que vous n'ayez quelque bonne raison pour cela.»

      Quand elle fut délivrée du garde-cendres, et moi de mes soupçons, je lui dis que je ne doutais pas qu'elle ne m'eût fidèlement expliqué ses sentiments, et que nous n'eussions été, l'un et l'autre, deux instruments aveugles dans des mains perfides. Elle me remercia en ajoutant que j'étais un bon garçon.

      «Maintenant, faites attention! dit-elle en se retournant, au moment d'arriver à la porte, et en me regardant, le doigt levé, d'un air malin. J'ai quelques raisons de supposer, d'après ce que j'ai entendu dire (car j'ai toujours l'oreille au guet, il faut bien que j'use des facultés que je possède) qu'ils sont partis pour le continent. Mais s'ils reviennent jamais, si l'un d'eux seulement revient de mon vivant, j'ai plus de chances qu'un autre, moi qui suis toujours par voie et par chemins, d'en être informée. Tout ce que je saurai, vous le saurez; si je puis jamais être utile, n'importe comment, à cette pauvre fille qu'ils viennent de séduire, je m'y emploierai fidèlement, s'il plaît à Dieu! Et quant à Littimer, mieux vaudrait pour lui avoir un dogue à ses trousses que la petite Mowcher!»

      Je ne pus m'empêcher d'ajouter foi intérieurement à cette promesse, quand je vis le regard qui l'accompagnait.

      «Je ne vous demande que d'avoir en moi la confiance que vous auriez en une femme d'une taille ordinaire, ni plus ni moins, dit la petite créature en prenant ma main d'un air suppliant. Si vous me revoyez jamais différente en apparence de ce que je suis maintenant avec vous; si je reprends l'humeur folâtre que vous m'avez vue la première fois, faites attention à la compagnie avec laquelle je me trouve. Rappelez-vous que je suis une pauvre petite créature sans secours et sans défense. Figurez-vous miss Mowcher rentrée chez elle le soir, avec son frère tout comme elle, et sa soeur, comme elle aussi, quand elle a fini sa journée; peut-être alors serez-vous plus indulgent pour moi, et ne vous étonnerez- vous plus de mon chagrin et de mon trouble. Bonsoir!»

      Je touchai la main de miss Mowcher avec des sentiments d'estime bien différents de ceux qu'elle m'avait inspirés jusqu'alors, et je lui tins la porte pour la laisser sortir. Ce n'était pas une petite affaire que d'ouvrir le grand parapluie et de le placer en équilibre dans sa main; j'y réussis pourtant, et je le vis descendre la rue à travers la pluie sans que rien indiquât qu'il y eût personne dessous, excepté quand une gouttière trop pleine se déchargeait sur lui au passage et le faisait pencher de côté, car alors on découvrait miss Mowcher en péril, qui faisait de violents efforts pour le redresser.

      Après avoir fait une ou deux sorties pour aller à sa rescousse, mais sans grands résultats, car, quelques pas plus loin, le parapluie recommençait toujours à sautiller devant moi comme un gros oiseau avant que je pusse le rejoindre, je rentrai me coucher, et je dormis jusqu'au matin.

      M. Peggotty et ma vieille bonne vinrent me trouver de bonne heure, et nous nous rendîmes au bureau de la diligence, où mistress Gummidge nous attendait avec Ham pour nous dire adieu.

      «Monsieur David, me dit Ham tout bas, en me prenant à part, pendant que Peggotty arrimait son sac au milieu du bagage: sa vie est complètement brisée, il ne sait pas où il va, il ne sait pas ce qui l'attend, il commence un voyage qui va le mener de çà et de là, jusqu'à la fin de sa vie, vous pouvez compter là-dessus, s'il ne trouve pas ce qu'il cherche. Je sais que vous serez un ami pour lui, monsieur David!

      – Vous pouvez en être assuré, lui dis-je en pressant affectueusement sa main.

      – Merci, monsieur, merci bien. Encore un mot. Je gagne bien ma vie, vous savez, monsieur David, et je ne saurais maintenant à quoi dépenser ce que je gagne, je n'ai plus besoin que de quoi vivre. Si vous pouviez le dépenser pour lui, monsieur, je travaillerais de meilleur coeur. Quoique, quant à ça, monsieur, continua-t-il d'un ton ferme et doux, soyez bien sûr que je n'en travaillerai pas moins comme un homme, et que je m'en acquitterai de mon mieux.»

      Je lui dis que j'en étais bien convaincu, et je ne lui cachai même pas mon espérance qu'un temps viendrait où il renoncerait à la vie solitaire à laquelle, en ce moment, il pouvait se croire naturellement condamné pour toujours.

      «Non, monsieur, dit-il en secouant la tête; tout cela est passé pour moi. Jamais personne ne remplira la place qui est vide. Mais n'oubliez pas qu'il y aura toujours ici de l'argent de côté, monsieur.»

      Je lui promis de m'en souvenir, tout en lui rappelant que M. Peggotty avait déjà un revenu modeste, il est vrai, mais assuré, grâce au legs de son beau-frère. Nous prîmes alors congé l'un de l'autre. Je ne peux pas le quitter, même ici, sans me rappeler son courage simple et touchant dans un si grand chagrin.

      Quant à mistress Gummidge, s'il me fallait décrire toutes les courses qu'elle fit le long de la rue à côté de la diligence, sans voir autre chose, à travers les larmes qu'elle essayait de contenir, que M. Peggotty assis sur l'impériale, ce qui faisait qu'elle se heurtait contre tous les gens qui marchaient dans une direction opposée, je serais obligé de me lancer dans une entreprise bien difficile. J'aime donc mieux la laisser assise sur les marches de la porte d'un boulanger, essoufflée et hors d'haleine, avec un chapeau qui n'avait plus du tout de forme, et l'un de ses souliers qui l'attendait sur le trottoir à une distance considérable.

      En arrivant au terme de notre voyage, notre première occupation fut de chercher pour Peggotty un petit logement où son frère pût avoir un lit; nous eûmes le bonheur d'en trouver un, très-propre et peu dispendieux, au-dessus d'une boutique de marchand de chandelles, et séparé par deux rues seulement de mon appartement. Quand nous eûmes retenu ce domicile, j'achetai de la viande froide chez un restaurateur et j'emmenai mes compagnons de voyage prendre le thé chez moi, au risque, je regrette de le dire, de ne pas obtenir l'approbation de mistress Crupp, bien au contraire. Cependant, je dois mentionner ici, pour bien faire connaître les qualités contradictoires de cette estimable dame, qu'elle fut très-choquée de voir Peggotty retrousser sa robe de veuve, dix minutes après son arrivée chez moi, pour se mettre à épousseter ma chambre à coucher. Mistress Crupp regardait cette usurpation de sa charge comme une liberté, et elle ne permettait jamais, dit-elle, qu'on prit des libertés avec elle.

      M. Peggotty m'avait communiqué en route un projet auquel je m'attendais bien. Il avait l'intention de voir d'abord mistress Steerforth. Comme je me sentais obligé de l'aider dans cette entreprise, et de servir de médiateur entre eux, dans le but de ménager le plus possible la sensibilité de la mère, je lui écrivis le soir même. Je lui expliquai le plus doucement que je pus le mal qu'on avait fait à M. Peggotty, le droit que j'avais pour ma part de me plaindre de ce malheureux événement. Je lui disais que c'était un homme d'une classe inférieure, mais du caractère le plus doux et le plus élevé, et que j'osais espérer qu'elle ne refuserait pas de le voir dans le malheur qui l'accablait. Je lui demandais de nous recevoir à deux heures de l'après-midi, et j'envoyai СКАЧАТЬ