David Copperfield – Tome II. Чарльз Диккенс
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СКАЧАТЬ là, très-malade; quand je pense à ce qui est arrivé, et que j'aurais pu le savoir, l'empêcher peut-être, si je n'avais pas été folle et étourdie comme je le suis!»

      Et son grand chapeau, si mal approprié à sa taille de naine, se balançait en avant et en arrière, suivant les mouvements de son petit corps, faisant danser à l'unisson derrière elle, sur la muraille, l'ombre d'un chapeau de géant.

      «Je suis étonné, commençai-je à dire, de vous voir si sérieusement troublée…» Mais elle m'interrompit.

      «Oui, dit-elle, c'est toujours comme ça. Tous les jeunes gens inconsidérés qui ont eu le bonheur d'arriver à leur pleine croissance, ça s'étonne toujours de trouver quelques sentiments chez une petite créature comme moi. Je ne suis pour eux qu'un jouet dont ils s'amusent, pour le jeter de côté quand ils en sont las; ça s'imagine que je n'ai pas plus de sensibilité qu'un cheval de bois ou un soldat de plomb. Oui, oui, c'est comme ça, et ce n'est pas d'aujourd'hui.

      – Je ne peux parler que pour moi, lui dis-je, mais je vous assure que je ne suis pas comme cela. Peut-être n'aurais-je pas dû me montrer étonné de vous voir dans cet état, puisque je vous connais à peine. Excusez-moi: je vous ai dit cela sans intention.

      – Que voulez-vous que je fasse? répliqua la petite femme en se tenant debout et en levant les bras pour se faire voir. Voyez: mon père était tout comme moi, mon frère est de même, ma soeur aussi. Je travaille pour mon frère et ma soeur depuis bien des années… sans relâche, monsieur Copperfield, tout le jour. Il faut vivre. Je ne fais de mal à personne. S'il y a des gens assez cruels pour me tourner légèrement en plaisanterie, que voulez-vous que je fasse? Il faut bien que je fasse comme eux; et voilà comme j'en suis venue à me moquer de moi-même, de mes rieurs et de toutes choses. Je vous le demande, à qui la faute? Ce n'est pas la mienne, toujours!»

      Non, non, je voyais bien que ce n'était pas la faute de miss Mowcher.

      «Si j'avais laissé voir à votre perfide ami que, pour être naine, je n'en avais pas moins un coeur comme une autre, continua-t-elle en secouant la tête d'un air de reproche, croyez-vous qu'il m'eût jamais montré le moindre intérêt? Si la petite Mowcher (qui ne s'est pourtant pas faite elle-même, monsieur) s'était adressée à lui ou à quelqu'un de ses semblables au nom de ses malheurs, croyez-vous que l'on eût seulement écouté sa petite voix? La petite Mowcher n'en avait pas moins besoin de vivre, quand elle eût été la plus sotte et la plus grognon des naines, mais elle n'y eût pas réussi, oh! non. Elle se serait essoufflée à demander une tartine de pain et de beurre, qu'on l'aurait bien laissée là mourir de faim, car enfin elle ne peut pourtant pas se nourrir de l'air du temps!»

      Miss Mowcher s'assit de nouveau sur le garde-cendres, tira son mouchoir et s'essuya les yeux.

      «Allez! vous devez plutôt me féliciter, si vous avez le coeur bon, comme je le crois, dit-elle, d'avoir eu le courage, dans ce que je suis, de supporter tout cela gaiement. Je me félicite moi-même, en tout cas, de pouvoir faire mon petit bonhomme de chemin dans le monde sans rien devoir à personne, sans avoir à rendre autre chose pour le pain qu'on me jette en passant, par sottise ou par vanité, que quelques folies en échange. Si je ne passe pas ma vie à me lamenter de tout ce qui me manque, c'est tant mieux pour moi, et cela ne fait de tort à personne. S'il faut que je serve de jouet à vous autres géants, au moins traitez votre jouet doucement.»

      Miss Mowcher remit son mouchoir dans sa poche, et poursuivit en me regardant fixement:

      «Je vous ai vu dans la rue tout à l'heure. Vous comprenez qu'il m'est impossible de marcher aussi vite que vous: j'ai les jambes trop petites et l'haleine trop courte, et je n'ai pas pu vous rejoindre; mais je devinais où vous alliez et je vous ai suivi. Je suis déjà venue ici aujourd'hui, mais la bonne femme n'était pas chez elle.

      – Est-ce que vous la connaissez? demandai-je.

      – J'ai entendu parler d'elle, répliqua-t-elle, chez Omer et Joram. J'étais chez eux ce matin à sept heures. Vous souvenez-vous de ce que Steerforth me dit de cette malheureuse fille le jour où je vous ai vus tous les deux à l'hôtel?»

      Le grand chapeau sur la tête de miss Mowcher, et le chapeau plus grand encore qui se dessinait sur la muraille, recommencèrent à se dandiner quand elle me fit cette question.

      Je lui répondis que je me rappelais très-bien ce qu'elle voulait dire, et que j'y avais pensé plusieurs fois dans la journée.

      «Que le père du mensonge le confonde! dit la petite personne en élevant le doigt entre ses yeux étincelants et moi, et qu'il confonde dix fois plus encore ce misérable domestique! Mais je croyais que c'était vous qui aviez pour elle une passion de vieille date.

      – Moi? répétai-je.

      – Enfant que vous êtes! Au nom de la mauvaise fortune la plus aveugle, s'écria miss Mowcher, en se tordant les mains avec impatience et en s'agitant de long en large sur le garde-cendres, pourquoi aussi faisiez-vous tant son éloge, en rougissant et d'un air si troublé?»

      Je ne pouvais me dissimuler qu'elle disait vrai, quoiqu'elle eût mal interprété mon émotion.

      «Comment pouvais-je le savoir? dit miss Mowcher en tirant de nouveau son mouchoir et en frappant du pied chaque fois qu'elle s'essuyait les yeux des deux mains. Je voyais bien qu'il vous tourmentait et vous cajolait tour à tour; et, pendant ce temps-là, vous étiez comme de la cire molle entre ses mains; je le voyais bien aussi. Il n'y avait pas une minute que j'avais quitté la chambre quand son domestique me dit que le jeune innocent (c'est ainsi qu'il vous appelait, et vous, vous pouvez bien l'appeler le vieux coquin tant que vous voudrez, sans lui faire tort) avait jeté son dévolu sur elle, et qu'elle avait aussi la tête perdue d'amour pour vous; mais que son maître était décidé à ce que cela n'eût pas de mauvaises suites, plus par affection pour vous que par pitié pour elle, et que c'était dans ce but qu'ils étaient à Yarmouth. Comment ne pas le croire? J'avais vu Steerforth vous câliner et vous flatter en faisant l'éloge de cette jeune fille. C'était vous qui aviez parlé d'elle le premier. Vous aviez avoué qu'il y avait longtemps que vous l'aviez appréciée. Vous aviez chaud et froid, vous rougissiez et vous pâlissiez quand je vous parlais d'elle. Que vouliez-vous que je pusse croire, si ce n'est que vous étiez un petit libertin en herbe, à qui il ne manquait plus que l'expérience, et qu'avec les mains dans lesquelles vous étiez tombé, l'expérience ne vous manquerait pas longtemps, s'ils ne se chargeaient pas de vous diriger pour votre bien, puisque telle était leur fantaisie? Oh! oh! oh! c'est qu'ils avaient peur que je ne découvrisse la vérité, s'écria miss Mowcher en descendant du garde-feu pour trotter en long et en large dans la cuisine, en levant au ciel ses deux petits bras d'un air de désespoir; ils savaient que je suis assez fine, car j'en ai bien besoin pour me tirer d'affaire dans le monde, et ils se sont réunis pour me tromper; ils m'ont fait remettre à cette malheureuse fille une lettre, l'origine, je le crains bien, de ses accointances avec Littimer qui était resté ici tout exprès pour elle.»

      Je restai confondu à la révélation de tant de perfidie, et je regardai miss Mowcher qui se promenait toujours dans la cuisine; quand elle fut hors d'haleine, elle se rassit sur le garde-feu et, s'essuyant le visage avec son mouchoir, elle secoua la tête sans faire d'autre mouvement et sans rompre le silence.

      «Mes tournées de province m'ont amenée avant-hier soir à Norwich, monsieur Copperfield, ajouta-t-elle enfin. Ce que j'ai su là par hasard du secret qui avait enveloppé leur arrivée et leur départ, car je fus bien étonnée d'apprendre que vous n'étiez pas de la partie, m'a fait soupçonner quelque chose. J'ai pris hier au soir la diligence de Londres au moment où elle traversait Norwich, et je suis arrivée ici ce matin, trop tard, hélas! trop tard!»

      La pauvre petite Mowcher avait un tel frisson, à force de pleurer СКАЧАТЬ