David Copperfield – Tome II. Чарльз Диккенс
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СКАЧАТЬ style="font-size:15px;">      «En tout temps et en toutes saisons, vous savez, Daniel, disait mistress Gummidge, je serai toujours ici, et tout restera comme vous le désirez. Je ne suis pas bien savante, mais je vous écrirai de temps en temps quand vous serez parti, et j'enverrai mes lettres à M. David. Peut-être que vous m'écrirez aussi quelquefois, Daniel, pour me dire comment vous vous trouvez à voyager tout seul dans vos tristes recherches.

      – J'ai peur que vous ne vous trouviez bien isolée, dit M. Peggotty.

      – Non, non, Daniel, répliqua-t-elle; il n'y a pas de danger, ne vous inquiétez pas de moi, j'aurai bien assez à faire de tenir les êtres en ordres (mistress Gummidge voulait parler de la maison) pour votre retour, de tenir les êtres en ordre pour ceux qui pourraient revenir, Daniel. Quand il fera beau, je m'assoirai à la porte comme j'en avais l'habitude. Si quelqu'un venait, il pourrait voir de loin la vieille veuve, la fidèle gardienne du logis.»

      Quel changement chez mistress Gummidge, et en si peu de temps! C'était une autre personne. Elle était si dévouée, elle comprenait si vite ce qu'il était bon de dire et ce qu'il valait mieux taire, elle pensait si peu à elle-même et elle était si occupée du chagrin de ceux qui l'entouraient, que je la regardais faire avec une sorte de vénération. Que d'ouvrage elle fit ce jour-là! Il y avait sur la plage une quantité d'objets qu'il fallait renfermer sous le hangar, comme des voiles, des filets, des rames, des cordages, des vergues, des pots pour les homards, des sacs de sable pour le lest et bien d'autres choses, et quoique le secours ne manquât pas et qu'il n'y eût pas sur la plage une paire de mains qui ne fût disposée à travailler de toutes ses forces pour M. Peggotty, trop heureuse de se faire plaisir en lui rendant service, elle persista, pendant toute la journée, à traîner des fardeaux infiniment au-dessus de ses forces, et à courir de çà et de là pour faire une foule de choses inutiles. Point de ses lamentations ordinaires sur ses malheurs qu'elle semblait avoir complètement oubliés. Elle affecta tout le jour une sérénité tranquille, malgré sa vive et bonne sympathie, et ce n'était pas ce qu'il y avait de moins étonnant dans le changement qui s'était opéré en elle. De mauvaise humeur, il n'en était pas question. Je ne remarquai même pas que sa voix tremblât uns fois, ou qu'une larme tombât de ses yeux pondant tout le jour; seulement, le soir, à la tombée de la nuit, quand elle resta seule avec M. Peggotty, et qu'il s'était endormi définitivement, elle fondit en larmes et elle essaya en vain de réprimer ses sanglots. Alors, me menant près de la porte:

      «Que Dieu vous bénisse, M. David! me dit-elle, et soyez toujours un ami pour lui, le pauvre cher homme!»

      Puis elle courut hors de la maison pour se laver les yeux, avant d'aller se rasseoir près de lui, pour qu'il la trouvât tranquillement à l'ouvrage en se réveillant. En un mot, lorsque je les quittai, le soir, elle était l'appui et le soutien de M. Peggotty dans son affliction, et je ne pouvais me lasser de méditer sur la leçon que mistress Gummidge m'avait donnée et sur le nouveau côté du coeur humain qu'elle venait de me faire voir.

      Il était environ neuf heures et demie, lorsqu'en me promenant tristement par la ville, je m'arrêtai à la porte de M. Omer. Sa fille me dit que son père avait été si affligé de ce qui était arrivé, qu'il en avait été tout le jour morne et abattu, et qu'il s'était même couché sans fumer sa pipe.

      «C'est une fille perfide, un mauvais coeur, dit mistress Joram; elle n'a jamais valu rien de bon, non, jamais!

      – Ne dites pas cela, répliquai-je, vous ne le pensez pas.

      – Si, je le pense! dit mistress Joram avec colère.

      – Non, non,» lui dis-je.

      Mistress Joram hocha la tête en essayant de prendre un air dur et sévère, mais elle ne put triompher de son émotion et se mit à pleurer. J'étais jeune, il est vrai, mais cette sympathie me donna très-bonne opinion d'elle, et il me sembla qu'en sa qualité de femme et de mère irréprochable, cela lui allait très-bien.

      «Que deviendra-t-elle? disait Minnie en sanglotant. Où ira-t-elle? que deviendra-t-elle? Oh! comment a-t-elle pu être si cruelle envers elle-même et envers lui?»

      Je me rappelais le temps où Minnie était une jeune et jolie fille, et j'étais bien aise de voir qu'elle s'en souvenait aussi avec tant d'émotion.

      «Ma petite Minnie vient seulement de s'endormir, dit mistress Joram. Même en dormant, elle appelle Émilie. Toute la journée, ma petite Minnie l'a demandée en pleurant, et elle voulait toujours savoir si Émilie était méchante. Que voulez-vous que je lui dise, quand le dernier soir qu'Émilie a passé ici, elle a détaché un ruban de son cou et qu'elle a mis sa tête sur l'oreiller, à côté de la petite, jusqu'à ce qu'elle dormit profondément. Le ruban est à l'heure qu'il est autour du cou de ma petite Minnie. Peut-être cela ne devrait-il pas être, mais que voulez-vous que je fasse? Émilie est bien mauvaise, mais elles s'aimaient tant! Et puis, cette enfant n'a pas de connaissance.»

      Mistress Joram était si triste que son mari sortit de sa chambre pour venir la consoler. Je les laissai ensemble, et je repris le chemin de la maison de Peggotty, plus mélancolique, s'il était possible, que je ne l'avais encore été.

      Cette bonne créature (je veux parler de Peggotty), sans songer à sa fatigue, à ses inquiétudes récentes, à tant de nuits sans sommeil, était restée chez son frère pour ne plus le quitter qu'au moment du départ. Il n'y avait dans la maison avec moi qu'une vieille femme, chargée du soin du ménage depuis quelques semaines, lorsque Peggotty ne pouvait pas s'en occuper. Comme je n'avais aucun besoin de ses services, je l'envoyai se coucher à sa grande satisfaction, et je m'assis devant le feu de la cuisine pour réfléchir un peu à tout ce qui venait de se passer.

      Je confondais les derniers événements avec la mort de M. Barkis, et je voyais la mer qui se retirait dans le lointain; je me rappelais le regard étrange que Ham avait jeté sur l'horizon, quand je fus tiré de mes rêveries par un coup frappé dehors. Il y avait un marteau à la porte, mais ce n'était pas un coup de marteau: c'était une main qui avait frappé, tout en bas, comme si c'était un enfant qui voulût se faire ouvrir.

      Je mis plus d'empressement à courir à la porte que si c'était le coup de marteau d'un valet de pied chez un personnage de distinction; j'ouvris, et je ne vis d'abord, à mon grand étonnement, qu'un immense parapluie qui semblait marcher tout seul. Mais je découvris bientôt sous son ombre miss Mowcher.

      Je n'aurais pas été disposé à recevoir avec beaucoup de bienveillance cette petite créature, si, au moment où elle détourna son parapluie qu'elle ne pouvait venir à bout de fermer malgré les plus grands efforts, j'avais retrouvé sur sa figure cette expression «folichonne» qui m'avait fait une si grande impression lors de notre première et dernière entrevue. Mais, lorsqu'elle tourna son visage vers le mien, elle avait un air si pénétré, et quand je la débarrassai de son parapluie (dont le volume eût été incommode, même pour le Géant irlandais), elle tendit ses petites mains avec une expression de douleur si vive, que je me sentis quelque sympathie pour elle.

      «Miss Mowcher! lui dis-je après avoir regardé à droite et à gauche dans la rue déserte sans savoir ce que j'y cherchais, comment vous trouvez-vous ici? Qu'est-ce que vous avez?»

      Elle me fit signe avec son petit bras de fermer son parapluie, et passant précipitamment à côté de moi, elle entra dans la cuisine. Je fermai la porte; je la suivis, le parapluie à la main, et je la trouvai assise sur un coin du garde-cendres, tout près des chenets et des deux barres de fer destinées à recevoir les assiettes, à l'ombre du coquemar, se balançant en avant et en arrière, et pressant ses genoux avec ses mains comme quelqu'un qui souffre.

      Un peu inquiet de recevoir cette visite inopportune, et de me trouver seul spectateur de ces étranges gesticulations, je m'écriai de nouveau: СКАЧАТЬ