Название: La vie et la mort du roi Richard III
Автор: Уильям Шекспир
Издательство: Public Domain
Жанр: Драматургия
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STANLEY. – Je vous supplie, ou de ne pas ajouter foi aux propos calomnieux de ses jaloux et perfides accusateurs, ou, quand l'accusation sera fondée, d'avoir de l'indulgence pour sa faiblesse, résultat de l'aigreur que donne la maladie, et non d'aucune mauvaise volonté réelle.
ÉLISABETH. – Avez-vous vu le roi aujourd'hui, milord?
STANLEY. – Nous sortons dans le moment, le duc de Buckingham et moi, de faire visite à Sa Majesté.
ÉLISABETH. – Voyez-vous, milords, quelque apparence que sa santé puisse s'améliorer?
BUCKINGHAM. – Madame, il y a tout lieu d'espérer. Sa Majesté parle avec gaieté.
ÉLISABETH. – Que Dieu lui accorde la santé! Avez-vous parlé d'affaires avec lui?
BUCKINGHAM. – Oui, madame. Il désire fort pacifier les différends du duc de Glocester avec vos frères, et ceux de vos frères avec milord chambellan: il vient de les mander tous devant lui.
ÉLISABETH. – Dieu veuille que tout s'arrange! mais cela ne sera jamais. – Je crains bien que notre bonheur ait atteint son dernier terme.
GLOCESTER. – Ils me calomnient, et je ne le souffrirai pas. – Qui sont-ils, ceux qui se plaignent au roi que je leur fais mauvaise mine, et que je ne les aime pas? Par saint Paul! ils aiment bien peu Sa Grâce, ceux qui remplissent ses oreilles de semblables tracasseries! Parce que je ne sais pas flatter, dire de belles paroles, sourire aux gens, cajoler, feindre, tromper, saluer d'un coup de tête à la française, et avec des singeries de politesse, il faudra qu'on m'accuse de rancune et d'inimitié! Un homme franc et qui ne pense point à mal ne saurait-il éviter que sa sincérité ne soit mal interprétée par de fourbes et insinuants faquins vêtus de soie?
GREY. – A qui, dans cette assemblée, Votre Grâce nous fait-elle l'honneur de s'adresser?
GLOCESTER. – A toi, qui n'as pas plus de probité que 4 d'honneur. Quand t'ai-je fait tort? ou à toi, ou à toi (en montrant les autres lords), à aucun de votre cabale? Dieu vous confonde tous! Sa Majesté… (que Dieu veuille conserver plus longtemps que vous ne le souhaitez!) ne peut respirer un moment tranquille, que vous n'alliez la fatiguer de vos infâmes délations.
ÉLISABETH. – Mon frère de Glocester, vous avez mal pris la chose. Le roi, de sa propre et royale volonté, et sans en avoir été sollicité par personne, ayant en vue, apparemment, la haine que vous nourrissez dans votre coeur, et qui éclate dans votre conduite, contre mes enfants, mes frères et moi-même, vous mande auprès de lui, afin de prendre connaissance des motifs de votre mauvaise volonté pour travailler à les écarter.
GLOCESTER. – Je ne saurais dire, mais le monde est devenu si pervers, que le roitelet vient picoter là où n'oserait percher l'aigle. – Depuis que tant de Gros-Jean sont devenus gentilshommes, bien des gentilshommes sont redevenus Gros-Jean.
ÉLISABETH. – Allons, allons, mon frère Glocester, nous devinons votre pensée. Vous êtes blessé de mon élévation et de l'avancement de mes amis: Dieu nous fasse la grâce de n'avoir jamais besoin de vous!
GLOCESTER. – En attendant, Dieu nous fait la grâce, madame, d'avoir besoin de vous: c'est par vos menées que mon frère est emprisonné, que je suis moi-même disgracié, et que la noblesse du royaume est tenue en mépris; tandis qu'on fait tous les jours de nombreuses promotions pour anoblir des personnages qui, deux jours auparavant, avaient à peine un noble.
ÉLISABETH. – Au nom de Celui qui, du sein de la destinée tranquille où je vivais satisfaite, m'a élevée à cette grandeur pleine d'inquiétudes, je jure que jamais je n'ai aigri Sa Majesté contre le duc de Clarence, et qu'au contraire j'ai plaidé sa cause avec chaleur. Milord, vous me faites une honteuse injure de jeter sur moi, contre toute vérité, ces soupçons déshonorants.
GLOCESTER. – Vous êtes capable de nier que vous avez été la cause de l'emprisonnement de milord Hastings?
RIVERS. – Elle le peut, milord; car…
GLOCESTER. – Elle le peut, lord Rivers? et qui ne le sait pas qu'elle le peut? Elle peut vraiment faire bien plus que le nier: elle peut encore vous faire obtenir nombre d'importantes faveurs et nier après que sa main vous ait secondé, et faire honneur de toutes ces dignités à votre rare mérite. Que ne peut-elle pas? Elle peut!.. oui, par la messe 5, elle peut…
RIVERS. – Eh bien! par la messe, que peut-elle?..
GLOCESTER. – Ce qu'elle peut, par la messe! épouser un roi, un beau jeune adolescent. Nous savons que votre grand'mère n'a pas trouvé un si bon parti.
ÉLISABETH. – Milord de Glocester, j'ai trop longtemps enduré vos insultes grossières, et vos brocards amers. Par le ciel! j'informerai Sa Majesté de ces odieux outrages que j'ai tant de fois soufferts avec patience. J'aimerais mieux être servante de ferme que d'être une grande reine à cette condition d'être ainsi tourmentée, insultée, et en butte à vos emportements. Je trouve bien peu de joie à être reine d'Angleterre!
MARGUERITE. – Et ce peu, puisse-t-il être encore diminué! Mon Dieu, je te le demande! Tes honneurs, ta grandeur, et le trône où tu t'assieds, sont à moi.
GLOCESTER, à Élisabeth. – Quoi! vous me menacez de vous plaindre au roi? Allez l'instruire, et ne m'épargnez pas: comptez que ce que je vous ai dit, je le soutiendrai en présence du roi: je brave le danger d'être envoyé à la Tour. Il est temps que je parle: on a tout à fait oublié mes travaux.
MARGUERITE, toujours derrière. – Odieux démon! Je ne m'en souviens que trop. Tu as tué, dans la Tour, mon époux Henri, et mon pauvre fils Édouard à Tewksbury.
GLOCESTER, à Élisabeth. – Avant que vous fussiez reine, ou votre époux roi, j'étais le cheval de peine dans toutes ses affaires, l'exterminateur de ses fiers ennemis, le rémunérateur prodigue de ses amis; pour couronner son sang, j'ai versé le mien.
MARGUERITE. – Oui, et un sang bien meilleur que le sien ou le tien.
GLOCESTER, à Élisabeth. – Et pendant tout ce temps, vous et votre mari Grey, combattiez pour la maison de Lancastre; et vous aussi, Rivers. – Votre mari n'a-t-il pas été tué dans le parti de Marguerite, à la bataille de Saint-Albans? Laissez-moi vous remettre en mémoire, si vous l'oubliez, ce que vous étiez alors, et ce que vous êtes aujourd'hui; et en même temps ce que j'étais moi, et ce que je suis.
MARGUERITE. – Un infâme meurtrier, et tu l'es encore.
GLOCESTER. – Le pauvre Clarence abandonna son père Warwick, et se rendit parjure. Que Jésus le lui pardonne!..
MARGUERITE. – Que Dieu l'en punisse!
GLOCESTER. – Pour combattre en faveur des droits d'Édouard à la couronne, et pour son salaire, ce pauvre lord est dans les fers! Plût à Dieu que j'eusse comme Édouard un coeur de roche, ou que celui d'Édouard fût tendre et compatissant comme le mien! Je suis, pour le monde où nous vivons, d'une sensibilité vraiment trop puérile.
MARGUERITE. СКАЧАТЬ
4
To whom in all this presence speaks your grace?
–To thee that hast nor honesty nor grace.
Il a fallu, pour conserver quelque chose de la forme de cette réplique de Glocester, substituer le mot
5
Il y a ici un jeu de mots entre le mot