La vie et la mort du roi Richard III. Уильям Шекспир
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Название: La vie et la mort du roi Richard III

Автор: Уильям Шекспир

Издательство: Public Domain

Жанр: Драматургия

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СКАЧАТЬ le perça de son épée; ni lorsque ton belliqueux père, me faisant le funeste récit de la mort de mon père, s'interrompit vingt fois pour pleurer et sangloter comme un enfant, et que tous les assistants avaient les joues trempées de larmes, comme des arbres chargés des gouttes de la pluie; en ces tristes instants mes yeux virils ont dédaigné de s'humecter d'une seule larme; mais ce que n'ont pu faire toutes ces douleurs, ta beauté l'a fait, et mes yeux sont aveuglés de pleurs. Jamais je n'ai supplié ni ami ni ennemi; jamais ma langue ne put apprendre un doux mot capable d'adoucir la colère; mais aujourd'hui que ta beauté peut en être le prix, mon coeur superbe sait supplier, et pousse ma langue à parler. (Anne le regarde avec dédain.) Ah! n'enseigne pas à tes lèvres cette expression de mépris: elles ont été faites pour le baiser et non pour l'outrage. Si ton coeur vindicatif ne sait pas pardonner, tiens, je te prête cette épée acérée: si tel est ton désir, enfonce-la dans ce coeur sincère, et fais enfuir une âme qui t'adore: j'offre mon sein nu au coup mortel, et à tes genoux je te demande humblement la mort. (Il découvre son sein: Anne dirige l'épée contre lui.) Non, n'hésite pas: j'ai tué le roi Henri. – Mais ce fut ta beauté qui m'y entraîna. Allons, hâte-toi. – C'est moi qui ai poignardé le jeune Édouard. (Elle dirige de nouveau l'épée contre lui.) Mais ce fut ce visage céleste qui poussa mes coups. (Elle laisse tomber l'épée.) Relève cette épée ou relève-moi.

      ANNE. – Lève-toi, fourbe: quoique je désire ta mort, je ne veux pas être ton bourreau.

      GLOCESTER. – Eh bien, ordonne-moi de me tuer, et je t'obéirai.

      ANNE. – Je te l'ai déjà dit.

      GLOCESTER. – C'était dans ta colère… Redis-le encore; et au moment où tu auras prononcé l'ordre, cette main qui, par amour pour toi, tua l'objet de ton amour, tuera encore, par amour pour toi, un amant bien plus sincère. Tu auras contribué à leur mort à tous deux.

      ANNE. – Plût à Dieu que je pusse connaître ton coeur!

      GLOCESTER. – Ma langue vous le représente.

      ANNE. – Je crains bien qu'ils ne soient faux tous deux.

      GLOCESTER. – Il n'y eut donc jamais d'homme sincère.

      ANNE. – Bien, bien; reprenez votre épée.

      GLOCESTER. – Dis donc que tu m'as pardonné.

      ANNE. – Vous le saurez par la suite.

      GLOCESTER. – Mais puis-je avoir de l'espérance?

      ANNE. – Tous les hommes l'ont: espère.

      GLOCESTER. – Daigne porter cet anneau.

      ANNE met l'anneau à son doigt. – Recevoir n'est pas donner.

      GLOCESTER. – Vois comme cet anneau entoure ton doigt: c'est ainsi que mon pauvre coeur est enfermé dans ton sein. Use de tous deux, car tous deux sont à toi; et si ton pauvre et dévoué serviteur peut encore solliciter de ta gracieuse beauté une seule faveur, tu assures son bonheur pour jamais.

      ANNE. – Quelle est cette faveur?

      GLOCESTER. – Qu'il vous plaise de laisser ce triste emploi à celui qui a plus que vous sujet de se couvrir de deuil; et d'aller d'ici vous reposer à Crosby où, dès que j'aurai solennellement fait inhumer ce noble roi dans le monastère de Chertsey, et arrosé son tombeau des larmes de mon repentir, j'irai vous retrouver encore avec un vertueux empressement. Pour plusieurs raisons que vous ignorez, je vous en conjure, accordez-moi cette grâce.

      ANNE. – De tout mon coeur; et j'ai bien de la joie de vous voir si touché de repentir. – Tressel, et vous, Berkley, accompagnez-moi.

      GLOCESTER. – Dites-moi donc adieu?

      ANNE. – C'est plus que vous ne méritez: mais puisque vous m'instruisez à vous flatter, imaginez-vous que je vous ai dit adieu.

(Lady Anne sort avec Tressel et Berkley)

      GLOCESTER. – Allons, vous autres, emportez ce corps.

      UN DES OFFICIERS. – A Chertsey, noble lord?

      GLOCESTER. – Non, à White-Friars. – Et attendez-moi là. (Le cortège sort avec le corps.) A-t-on jamais fait la cour à une femme de cette manière? a-t-on jamais fait de cette manière la conquête d'une femme? Je l'aurai, mais je ne compte pas la garder longtemps. – Quoi! moi qui ai tué son époux et son père, l'attaquer au plus fort de la haine qu'elle a pour moi dans le coeur, les malédictions à la bouche, les larmes dans les yeux, et en présence de l'objet sanglant qui excite sa vengeance! Dieu, sa conscience et ce cercueil sollicitaient contre moi; et moi, sans aucun ami pour appuyer mes sollicitations, que le diable en personne et mes regards dissimulés! Et en venir à bout! c'est du moins ce qu'on peut parier, le monde contre rien. – Ah! a-t-elle donc déjà oublié son époux, ce brave Édouard, que j'ai, il y a à peu près trois mois, poignardé à Tewksbury dans ma fureur? Le plus gracieux et le plus aimable gentilhomme que puisse jamais offrir l'univers entier, formé par la nature avec prodigalité; jeune, vaillant, sage, et l'on n'en peut douter, tout fait pour être roi? Et elle abaisse ses regards sur moi qui ai moissonné dans son riche printemps cet aimable prince, et qui ai fait de son lit le séjour d'un douloureux veuvage! sur moi, qui tout entier ne vaux pas la moitié de ce que valait Édouard! sur moi, boiteux et si horriblement contrefait! Mon duché contre un misérable denier, que je me suis mépris tout ce temps sur ma personne. Sur ma vie, elle trouve, quoique je n'en puisse faire autant, que je suis un homme singulièrement bien tourné. Allons, je veux faire emplette de miroirs, et entretenir à mes frais quelques douzaines de tailleurs, pour étudier les modes et en parer ma personne: puisque me voilà parvenu à gagner ses bonnes grâces, je ferai bien quelques frais pour me maintenir dans cette heureuse situation. – Mais commençons par faire loger le compagnon dans son tombeau, et ensuite je reviendrai soupirer aux genoux de ma belle. – Brillant soleil, luis en attendant que j'achète un miroir, afin qu'en marchant je puisse voir mon ombre.

(Il sort.)

      SCÈNE III

Toujours à Londres. – Un appartement dans le palais Entrent LA REINE ELISABETH, LORD RIVERS ET LORD GREY

      RIVERS. – Madame, calmez-vous: il n'est pas douteux que Sa Majesté ne recouvre bientôt sa santé accoutumée.

      GREY. – Vos inquiétudes ne font qu'aggraver son mal. Ainsi, au nom de Dieu, prenez meilleure espérance, et tâchez de réjouir Sa Majesté par des discours gais et animés.

      ÉLISABETH. – S'il était mort, que deviendrais-je?

      GREY. – Vous n'auriez d'autre malheur que la perte d'un tel époux.

      ÉLISABETH. – La perte d'un tel époux renferme tous les malheurs.

      GREY. – Le ciel vous a fait don d'un excellent fils pour être votre consolateur et votre appui quand le roi ne sera plus.

      ÉLISABETH. – Ah! il est jeune, et sa minorité est confiée aux soins de Richard de Glocester, à un homme qui ne m'aime point, ni aucun de vous.

      RIVERS. – Est-il décidé qu'il sera protecteur?

      ÉLISABETH. – Cela est décidé. Cela n'est pas encore fait, mais cela sera nécessairement si le roi vient à manquer.

(Entrent Buckingham et Stanley)

      GREY. – Voici les lords Buckingham et Stanley.

      BUCKINGHAM. – Mes bons souhaits à Votre royale Majesté.

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