La vie et la mort du roi Richard III. Уильям Шекспир
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Название: La vie et la mort du roi Richard III

Автор: Уильям Шекспир

Издательство: Public Domain

Жанр: Драматургия

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СКАЧАТЬ rouvrent leurs bouches glacées, et saignent de nouveau. Rougis, rougis de honte, masse odieuse de difformités: car c'est ta présence qui fait sortir le sang de ces vides et froides veines qui ne contenaient plus de sang. C'est ton forfait inhumain et contre nature qui provoque ce déluge contre nature. – O Dieu, qui formas ce sang, venge sa mort! Terre qui bois ce sang, venge sa mort! Ciel, d'un trait de ta foudre frappe à mort le meurtrier; ou bien ouvre ton soin, ô terre, et dévore-le à l'instant comme tu engloutis le sang de ce bon roi, qu'a assassiné son bras conduit par l'enfer.

      GLOCESTER. – Madame, vous ignorez les règles de la charité, qui rend le bien pour le mal, et bénit ceux qui nous maudissent.

      ANNE. – Scélérat, tu ne connais aucune loi, ni divine ni humaine: il n'est point de bête si féroce qui ne sente quelque atteinte de pitié.

      GLOCESTER. – Je n'en sens aucune, preuve que je ne suis point une de ces bêtes.

      ANNE. – O prodige! entendre le diable dire la vérité!

      GLOCESTER. – Il est encore plus prodigieux de voir un ange se mettre ainsi en colère. – Souffrez, divine perfection entre les femmes, que je puisse me justifier en détail de ces crimes supposés.

      ANNE. – Souffre plutôt, monstre d'infection entre tous les hommes, que, pour ces crimes bien connus, je maudisse en détail ta personne maudite.

      GLOCESTER. – Toi, qui es trop belle pour que des noms puissent exprimer ta beauté, accorde-moi avec patience quelques instants pour m'excuser.

      ANNE. – Toi qui es plus odieux que le coeur ne peut le concevoir, il n'est pour toi d'autre excuse admissible que d'aller te pendre.

      GLOCESTER. – Par un pareil désespoir je m'accuserais moi-même.

      ANNE. – Et c'est par le désespoir que tu pourrais t'excuser, en faisant sur toi-même une juste vengeance de l'injuste carnage que tu fais des autres.

      GLOCESTER. – Dites, si je ne les avais pas tués?

      ANNE. – Eh bien, alors ils ne seraient pas morts! mais ils sont morts, et par toi, scélérat diabolique.

      GLOCESTER. – Je n'ai point tué votre mari.

      ANNE. – Il est donc vivant?

      GLOCESTER. – Non, il est mort; il a été tué de la main d'Édouard.

      ANNE. – Tu as menti par ton infâme gorge. – La reine Marguerite a vu ton épée meurtrière fumante de son sang, cette même épée que tu allais ensuite diriger contre elle-même, si tes frères n'en eussent écarté la pointe.

      GLOCESTER. – Je fus provoqué par sa langue calomnieuse, qui chargeait de leur crime ma tête innocente.

      ANNE. – Tu fus provoqué par ton âme sanguinaire, qui ne rêva jamais que sang et carnage. – N'as-tu pas tué ce roi?

      GLOCESTER. – Je vous l'accorde.

      ANNE. – Tu l'accordes, porc-épic? Eh bien, que Dieu m'accorde donc aussi que tu sois damné pour cette action maudite! – Oh! il était bon, doux, vertueux.

      GLOCESTER. – Il n'en était que plus digne du Roi du ciel, qui le possède maintenant.

      ANNE. – Il est dans le ciel, où tu n'entreras jamais.

      GLOCESTER. – Qu'il me remercie donc de l'y avoir envoyé: il était plus fait pour ce séjour que pour la terre.

      ANNE. – Et toi, tu n'es fait pour aucun autre séjour que l'enfer.

      GLOCESTER. – Il y aurait encore une autre place, si vous me permettiez de la nommer.

      ANNE. – Quelque cachot, sans doute.

      GLOCESTER. – Votre chambre à coucher.

      ANNE. – Que l'insomnie habite la chambre où tu reposes!

      GLOCESTER. – Elle l'habitera, madame, jusqu'à ce que j'y repose entre vos bras 2.

      ANNE. – Je l'espère ainsi.

      GLOCESTER. – Et moi, j'en suis sûr. – Mais, aimable lady Anne, finissons cet assaut de mots piquants, et discutons d'une manière plus posée. – L'auteur de la mort prématurée de ces Plantagenet, Henri et Édouard, n'est-il pas aussi condamnable que celui qui en a été l'instrument?

      ANNE. – Tu en as été la cause, et de toi est sorti cet effet maudit.

      GLOCESTER. – C'est votre beauté qui a été la cause de cet effet. Oui, votre beauté qui m'obsédait pendant mon sommeil, et me ferait entreprendre de donner la mort au monde entier, si je pouvais à ce prix vivre seulement une heure sur votre sein charmant.

      ANNE. – Si je pouvais le croire, je te déclare, homicide, que tu me verrais déchirer de mes ongles la beauté de mon visage.

      GLOCESTER. – Jamais mes yeux ne supporteraient la destruction de cette beauté. Vous ne parviendrez pas à l'outrager, tant que je serai présent. C'est elle qui m'anime comme le soleil anime le monde: elle est ma lumière, ma vie.

      ANNE. – Que la sombre nuit enveloppe ta lumière, que la mort éteigne ta vie!

      GLOCESTER. – Ne prononce pas de malédictions contre toi-même, belle créature; tu es pour moi l'une et l'autre.

      ANNE. – Je le voudrais bien, pour me venger de toi.

      GLOCESTER. – C'est une haine bien contre nature, que de vouloir te venger de celui qui t'aime!

      ANNE. – C'est une haine juste et raisonnable, que de vouloir être vengée de celui qui a tué mon mari.

      GLOCESTER. – Celui qui t'a privée de ton mari ne l'a fait que pour t'en procurer un meilleur.

      ANNE. – Il n'en existe point de meilleur que lui sur la terre.

      GLOCESTER. – Il en est un qui vous aime plus qu'il ne vous aimait.

      ANNE. – Nomme-le.

      GLOCESTER. – Plantagenet.

      ANNE. – Eh! c'était lui.

      GLOCESTER. – C'en est un du même nom; mais d'une bien meilleure nature.

      ANNE. – Où donc est-il?

      GLOCESTER. – Le voilà. (Elle lui crache au visage.) Pourquoi me craches-tu au visage?

      ANNE. – Je voudrais, à cause de toi, que ce fût un mortel poison.

      GLOCESTER. – Jamais poison ne vint d'un si doux endroit.

      ANNE. – Jamais poison ne tomba sur un plus odieux crapaud. – Ote-toi de mes yeux; ta vue finirait par me rendre malade.

      GLOCESTER. – C'est de tes yeux, douce beauté, que les miens ont pris mon mal.

      ANNE. – Que n'ont-ils le regard du basilic pour te donner la mort!

      GLOCESTER. – Je le voudrais, afin de mourir tout d'un coup, au lieu qu'ils me font mourir sans m'ôter la vie. Tes yeux ont tiré СКАЧАТЬ



<p>2</p>

Till I lie with you.