Название: Ivanhoe. 2. Le retour du croisé
Автор: Вальтер Скотт
Издательство: Public Domain
Жанр: Зарубежная классика
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Mais quoique la lice retentît des applaudissemens prodigués à l'habileté et au courage du chevalier inconnu, il était évident qu'il devait à la fin succomber; et les seigneurs qui entouraient le prince Jean le conjuraient à l'envi de jeter dans l'enceinte son bâton de commandement, et d'épargner à un si brave chevalier l'humiliation d'être vaincu par le nombre. «Non, par la lumière du ciel! répondit Jean, ce même chevalier qui cache son nom et méprise l'hospitalité dont nous l'avons rendu l'objet, a déjà remporté un prix; il est juste que d'autres aient maintenant leur tour.» Comme il parlait ainsi, un incident inattendu changea le destin du jour.
Il y avait dans les rangs commandés par le chevalier déshérité un champion couvert d'une armure noire, monté sur un cheval noir; il était d'une grande taille, avec l'apparence d'une force extraordinaire. Ce chevalier, qui ne portait aucune espèce de devise sur son bouclier, n'avait semblé prendre jusqu'alors qu'un très faible intérêt à la chance du combat, repoussant avec facilité les chevaliers qui l'attaquaient, mais sans poursuivre ses avantages, ni provoquer personne; en un mot, il agissait plutôt en spectateur qu'en acteur dans le tournoi, circonstance qui lui avait attiré le surnom de Noir-Fainéant.
Tout à coup il parut sortir de son apathie, en voyant le chef de sa troupe si vivement pressé; et piquant des deux son bucéphale tout frais, il s'élança comme l'éclair au secours du chevalier, en s'écriant d'une voix de tonnerre: «Desdichado! À la délivrance8!» Il était temps; car, tandis que le chevalier déshérité serrait de près le templier, Front-de-Boeuf s'était approché du premier, et allait le frapper de son épée. Mais avant que le coup fût porté, le chevalier noir tomba inopinément sur lui, et Front-de-Boeuf en un moment roula avec son cheval sur la poussière. Le Noir-Fainéant se retourne alors sur Athelstane de Coningsburg; et, comme son épée s'était brisée sur l'armure de Front-de-Boeuf, il arrache des mains du lourd Saxon la hache d'armes que celui-ci brandissait, et lui en décharge sur la tête un coup si vigoureux, qu'Athelstane évanoui tombe de cheval et mord également la poussière auprès de son compagnon. Après ce double exploit, auquel on applaudit d'autant plus qu'on s'y attendait le moins, le chevalier sembla reprendre son indolence accoutumée; et retournant paisiblement à l'extrémité de l'arène il laissa son chef se mesurer de son mieux avec Brian de Bois-Guilbert. Cette lutte n'offrait plus la même difficulté qu'auparavant: le cheval du templier était grièvement blessé, et il succomba à la première charge du chevalier déshérité. Brian de Bois-Guilbert roula dans la poudre, le pied embarrassé dans l'étrier, d'où il ne put se dégager. Son adversaire descendit rapidement de cheval, et lui cria de se rendre; mais le prince Jean, plus touché de la situation périlleuse du templier qu'il ne l'avait été de son antagoniste, lui sauva le déshonneur de s'avouer vaincu, en jetant dans la lice son bâton de commandement, et en terminant ainsi un combat sur le point de finir; car, du peu de chevaliers qui restaient encore dans l'arène, la plupart, comme par un consentement tacite, avaient laissé à leurs chefs le soin d'achever eux-mêmes la lutte et de décider la victoire. Les écuyers, qui avaient jugé difficile et dangereux d'approcher de leurs maîtres pendant l'action, accoururent alors dans l'arène pour soigner les blessés, qu'ils transportèrent dans les tentes ou au quartier disposé pour eux dans le village voisin.
C'est ainsi que se termina la mémorable passe-d'armes d'Ashby-de-la-Zouche, un des plus fameux tournois de ce siècle; car, si quatre chevaliers seulement, dont l'un fut tout à coup suffoqué par la chaleur de son armure périrent sur le champ de bataille, plus de trente furent grièvement blessés et quatre ou cinq ne se rétablirent jamais. Plusieurs moururent quelques jours après, et ceux qui échappèrent conservèrent toute leur vie sur leur corps les marques des profondes blessures qu'ils avaient reçues dans le combat. Aussi, fut-il toujours mentionné dans les vieilles chroniques sous le nom de belle et noble passe-d'armes d'Ashby.
Maintenant, le prince devait proclamer le chevalier vainqueur; il décida que l'honneur de la journée restait à celui que la voix publique avait surnommé le Noir fainéant. On eut beau représenter que la victoire appartenait bien plutôt au chevalier déshérité, lequel dans le cours de la journée avait renversé six champions de sa propre main et fini par désarçonner le chef du parti contraire: le prince ne voulut pas céder, il déclara que le chevalier déshérité et ses compagnons eussent perdu la victoire sans l'aide puissante du chevalier aux armes noires, auquel il persistait à décerner le prix.
Cependant, à la grande surprise de toutes les galeries, le chevalier ainsi préféré, avait quitté immédiatement la lice, et s'était éloigné vers la forêt avec la même lenteur et la même indifférence, qui lui avait valu le sobriquet de Noir-Fainéant. Après avoir été vainement appelé deux fois au son des trompettes, et deux fois proclamé par les hérauts d'armes, sans qu'on pût le trouver, il fallut bien, en son absence, désigner un autre chevalier pour recevoir les honneurs du triomphe. Le prince alors ne put refuser la palme au chevalier déshérité, et il fut proclamé le champion du jour.
À travers une arène que le sang avait rendue glissante, et qui était couverte d'armes brisées et de chevaux morts ou blessés, les maréchaux du tournoi conduisirent de nouveau le vainqueur au pied du trône du prince Jean. «Chevalier déshérité, lui dit-il, puisque c'est l'unique titre que nous puissions vous donner, nous vous adjugeons pour la seconde fois les honneurs de ce tournoi, et déclarons que vous avez droit de réclamer et de recevoir des mains de la reine de la beauté et de l'amour la couronne méritée par votre valeur.» Le chevalier s'inclina profondément et avec grace, mais ne répondit rien.
Pendant que les trompettes sonnaient, que les hérauts d'armes élevaient leur voix, en s'écriant: «Honneur au brave! Gloire au vainqueur!» et que les dames agitaient leurs mouchoirs de soie et leurs voiles brodés; tandis qu'enfin tous les rangs unissaient leurs clameurs, les maréchaux conduisirent le chevalier déshérité à travers la lice d'honneur, au pied du trône de lady Rowena.
Sur la dernière marche les champions firent mettre à genoux le chevalier; car, dans toutes ses actions et dans tous ses mouvemens depuis le combat, il semblait agir plutôt d'après l'impulsion de ceux qui l'entouraient, que par sa propre volonté, et on remarqua qu'il chancelait, lorsqu'on lui fit traverser une seconde fois la lice. Rowena descendant de son trône, d'un pas gracieux et imposant, allait placer la couronne qu'elle tenait à la main sur le casque du héros, lorsque les maréchaux s'écrièrent d'une même voix: «Cela ne doit pas être ainsi; il faut que sa tête soit nue.» Le chevalier murmura faiblement quelques mots, qui se perdirent dans la cavité de son casque, et qui, sans doute, exprimaient le voeu de rester couvert. Soit par amour des formes, soit par curiosité, les maréchaux ne firent nulle attention à son apparente répugnance; ils lui coupèrent les lacets de son casque et le lui ôtèrent sur-le-champ. On vit alors les traits d'un jeune homme de vingt-cinq ans, le front couvert d'une épaisse et courte, mais belle chevelure; ses traits étaient brunis par le soleil; il était pale comme la mort, et on remarquait sur son visage deux ou trois taches de sang.
Lady Rowena ne l'eut pas plutôt aperçu, qu'elle poussa un faible cri; mais rappelant l'énergie de son caractère, tandis que tout son corps tremblait de la violence d'une soudaine émotion, elle posa sur la tête languissante du vainqueur la superbe couronne qui formait la récompense du jour, et prononça distinctement ces mots: «Je te donne cette marque du triomphe, en témoignage de la valeur que tu as déployée dans ce tournoi.» Ici elle s'arrêta un moment, et puis elle ajouta d'une voix plus sonore: «Jamais laurier de chevalerie ne ceignit un front plus digne de le porter.»
Le chevalier déshérité pencha modestement la tête, et baisa avec respect la main gracieuse de la jeune souveraine qui venait de le couronner; puis, s'inclinant davantage encore, il tomba à ses pieds accablé de fatigue et comme évanoui. La consternation devint alors générale. Cedric, qui avait été frappé d'une stupeur muette, à la soudaine apparition d'un fils qu'il avait banni de sa présence, s'élança aussitôt comme pour le séparer de Rowena; mais il avait СКАЧАТЬ
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Ou à la