Название: Quentin Durward
Автор: Вальтер Скотт
Издательство: Public Domain
Жанр: Историческая фантастика
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Le château était entouré de trois remparts extérieurs garnis de créneaux et de tourelles de distance en distance, et notamment à tous les angles. Le second mur s'élevait plus haut que le premier, et était construit de manière à commander celui-ci, si l'ennemi parvenait à s'en emparer: il en était de même du troisième, qui formait la barrière intérieure. Autour du mur extérieur (ce dont le Français informa son compagnon, attendu qu'étant placés plus bas que le niveau des fondations ils ne pouvaient l'apercevoir) on avait creusé un fossé d'environ vingt pieds de profondeur, où l'eau arrivait au moyen d'une saignée qu'on avait faite au Cher, ou plutôt à une de ses branches tributaires. Un second fossé régnait au pied du second mur; un troisième défendait pareillement la dernière muraille, et tous trois étaient également de dimension peu ordinaire. Les rives intérieure et extérieure de ce triple fossé étaient garnies de palissades en fer qui atteignaient le même but que ce qu'on appelle des chevaux-de-frise en termes de fortification modernes, car chaque pieu de fer se terminait en différentes pointes bien aiguës, et divergentes en tous sens de sorte qu'on ne pouvait risquer une escalade sans s'exposer à une mort certaine.
Dans l'intérieur de l'enceinte formée par le troisième mur s'élevait le château, composé de bâtimens construits à différentes dates, dont le plus ancien était une tour noircie par le temps, qui semblait un géant éthiopien d'une taille démesurée; l'absence de toute autre fenêtre plus grande que des barbacanes pratiquées à distances inégales, pour servir à la défense de la forteresse, faisait naître, à l'approche de cette tour, cette sensation pénible qu'on éprouve en voyant un aveugle.
Les autres bâtimens ne semblaient pas devoir être beaucoup plus agréables pour ceux qui les habitaient, car toutes les fenêtres s'ouvraient sur une cour intérieure, de sorte que tout l'extérieur annonçait une prison plutôt qu'un palais. Le roi régnant avait même ajouté à cette ressemblance, en faisant construire les fortifications nouvelles de manière à ce qu'on ne pût les distinguer des anciennes; car il était, comme la plupart des gens soupçonneux, très-jaloux de cacher ses soupçons. On avait employé pour cela des briques et des pierres de la couleur la plus sombre, et mêlé de la suie dans le ciment, de manière que tous les bâtimens avaient uniformément la même teinte d'antiquité.
Cette place formidable n'avait qu'une seule entrée, du moins Durward n'en vit qu'une seule sur toute la façade; elle était flanquée, selon l'usage, de deux fortes tours, et défendue par une herse en fer et un pont-levis. La herse était baissée, et le pont-levis levé. Des tours semblables s'élevaient de même à la seconde et à la troisième enceinte; mais elles n'étaient pas sur la même ligne que celles de la première, car on ne pouvait aller directement d'une porte à l'autre; mais après avoir passé la première, on avait à faire une cinquantaine de pas entre les deux premiers murs avant d'arriver à la seconde; et en supposant que ce fût une troupe ennemie, elle était exposée aux traits dont on pouvait l'accabler des deux côtés. De même, après avoir passé la seconde porte, il fallait dévier encore une fois de la ligne droite pour gagner la troisième; de sorte que, pour entrer dans la cour, au centre de laquelle s'élevaient les bâtimens, il fallait traverser deux défilés étroits et dangereux, en prêtant le flanc à des décharges d'artillerie, et forcer trois portes défendues de la manière la plus formidable. Venant d'un pays non moins désolé par une guerre étrangère que par les divisions intestines, et dont la surface inégale et montagneuse, fertile en rochers et en torrens, offre tant de situations admirablement fortifiées, le jeune Durward connaissait assez bien tous les différens moyens par lesquels les hommes, dans ce siècle encore un peu barbare, cherchaient à protéger leurs habitations; mais il avoua franchement à son compagnon qu'il n'aurait pas cru qu'il fût au pouvoir de l'art de faire tant dans un lieu où la nature avait fait si peu; car le château, comme nous l'avons donné à entendre, n'était situé que sur une éminence peu élevée, à laquelle on montait par une rampe fort douce, depuis l'endroit où Quentin s'était arrêté.
Pour ajouter à sa surprise, son compagnon lui apprit qu'à l'exception du sentier tournant par lequel ils étaient arrivés, tous les environs du château étaient, de même que la partie de bois qu'ils venaient de traverser, parsemés de pièges, de trappes, de fosses et d'embûches de toutes sortes, qui menaçaient de mort quiconque oserait s'y hasarder sans guide; il y avait sur les murs des espèces de guérites en fer, appelées nids d'hirondelles, d'où les sentinelles, lui dit-il, régulièrement postées, pouvaient tirer presqu'à coup sûr contre quiconque oserait se présenter sans avoir le signal ou le mot d'ordre, qui était changé chaque jour; les archers de la garde royale remplissaient nuit et jour ce devoir, pour lequel ils recevaient du roi Louis profit et honneur, une forte paie et de riches habits.
– Et maintenant, jeune homme, ajouta-t-il, dites-moi si vous avez jamais vu un château aussi fort, et si vous pensez qu'il existe des gens assez hardis pour le prendre d'assaut?
Durward était resté long-temps les yeux fixés sur cette forteresse, dont la vue l'intéressait à un tel point qu'il en oubliait que ses vêtemens étaient mouillés. À la question qui venait de lui être faite, ses yeux étincelèrent, et son visage s'anima de nouvelles couleurs, semblable à un homme entreprenant qui médite un trait de hardiesse.
– C'est une place très-forte et bien gardée, répondit-il; mais il n'y a rien d'impossible pour les braves.
– Et en connaissez-vous dans votre pays qui y réussiraient? demanda le vieillard d'un ton un peu dédaigneux.
– Je n'oserais l'affirmer; mais il s'y trouve des milliers d'hommes qui, pour une bonne cause, ne reculeraient pas devant cette entreprise.
– Oui-dà[26]! et vous vous comptez peut-être dans ce nombre?
– Je ferais mal de me vanter quand il n'y a aucun danger; mais mon père a fait un trait assez hardi, et je me flatte que je ne suis point bâtard.
– Eh bien! vous pourriez trouver à qui parler, et même des compatriotes; car les archers écossais de la garde du roi Louis sont en sentinelle sur ces murs, – trois cents gentilshommes des meilleures maisons de votre pays.
– En ce cas, si j'étais le roi Louis, je me confierais en ces trois cents gentilshommes écossais, j'abattrais ces murs pour combler les fossés, j'appellerais près de moi mes pairs et mes paladins, et je vivrais en roi, faisant rompre des lances dans des tournois, donnant des festins le jour à mes nobles, dansant la nuit avec les dames, et ne craignant pas plus un ennemi qu'une mouche.
Son compagnon sourit encore; et tournant le dos au château, dont il lui dit qu'ils s'étaient un peu trop approchés, il le fit rentrer dans le bois, en prenant un chemin plus large et plus battu que le sentier par lequel ils étaient venus.
– Cette route, lui dit-il, conduit au village du Plessis; et comme étranger, vous trouverez à vous y loger honorablement et à un prix raisonnable. À environ deux milles plus loin est la belle ville de Tours, qui donne son nom à cette riche et superbe province. Mais le village du Plessis, où Plessis-du-Parc, comme on l'appelle à cause de sa proximité du château du roi et du parc royal qui l'entoure, vous fournira un asile plus voisin et non moins hospitalier.
– Je vous remercie de vos renseignemens, mon bon maître, mais mon séjour ici ne sera pas long, et si je trouve au village du Plessis, Plessis-le-Parc ou Plessis-l'étang, un morceau de viande à manger et quelque chose de meilleur que de l'eau à boire, mes affaires y seront bientôt terminées.
– Je m'imaginais que vous aviez quelque СКАЧАТЬ
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Sic. (