Les grandes espérances. Чарльз Диккенс
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Название: Les grandes espérances

Автор: Чарльз Диккенс

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ amusé à regarder manger un gros chien que nous avions à la maison, et je remarquai qu'il y avait une similitude frappante dans la manière de manger de ce chien et celle de cet homme. Il donnait des coups de dent secs comme le chien; il avalait, ou plutôt il happait d'énormes bouchées, trop tôt et trop vite, et regardait de côté et d'autres en mangeant, comme s'il eût craint que, de toutes les directions, on ne vînt lui enlever son pâté. Il était cependant trop préoccupé pour en bien apprécier le mérite, et je pensais que si quelqu'un avait voulu partager son dîner, il se fût jeté sur ce quelqu'un pour lui donner un coup de dent, tout comme aurait pu le faire le chien, en pareille circonstance.

      «Je crains bien que vous ne lui laissiez rien, dis-je timidement, après un silence pendant lequel j'avais hésité à faire cette observation: il n'en reste plus à l'endroit où j'ai pris celui-ci.

      – Lui en laisser?.. À qui?.. dit mon ami, en s'arrêtant sur un morceau de croûte.

      – Au jeune homme. À celui dont vous m'avez parlé. À celui qui se cache avec vous.

      – Ah! ah! reprit-il avec quelque chose comme un éclat de rire; lui!.. oui!.. oui!.. Il n'a pas besoin de vivres.

      – Il semblait pourtant en avoir besoin,» dis-je.

      L'homme cessa de manger et me regarda d'un air surpris.

      «Il t'a semblé?.. Quand?..

      – Tout à l'heure.

      – Où cela?

      – Là-bas!.. dis-je, en indiquant du doigt; là-bas, où je l'ai trouvé endormi; je l'avais pris pour vous.»

      Il me prit au collet et me regarda d'une manière telle, que je commençai à croire qu'il était revenu à sa première idée de me couper la gorge.

      «Il était habillé tout comme vous, seulement, il avait un chapeau, dis-je en tremblant, et… et… (j'étais très embarrassé pour lui dire ceci), et… il avait les mêmes raisons que vous pour m'emprunter une lime. N'avez-vous pas entendu le canon hier soir?

      – Alors on a tiré! se dit-il à lui-même.

      – Je m'étonne que vous ne le sachiez pas, repris-je, car nous l'avons entendu de notre maison, qui est plus éloignée que cet endroit; et, de plus, nous étions enfermés.

      – C'est que, dit-il, quand un homme est dans ma position, avec la tête vide et l'estomac creux, à moitié mort de froid et de faim, il n'entend pendant toute la nuit que le bruit du canon et des voix qui l'appellent… Écoute! Il voit des soldats avec leurs habits rouges, éclairés par les torches, qui s'avancent et vont l'entourer; il entend appeler son numéro, il entend résonner les mousquets, il entend le commandement: en joue!.. Il entend tout cela, et il n'y a rien. Oui… je les ai vus me poursuivre une partie de la nuit, s'avancer en ordre, ces damnés, en piétinant, piétinant… j'en ai vu cent… et comme ils tiraient!.. Oui, j'ai vu le brouillard se dissiper au canon, et, comme par enchantement, faire place au jour!.. Mais cet homme; il avait dit tout le reste comme s'il eût oublié ma réponse; as-tu remarqué quelque chose de particulier en lui?

      – Il avait la face meurtrie, dis-je, en me souvenant que j'avais remarqué cette particularité.

      – Ici, n'est-ce pas? s'écria l'homme, en frappant sa joue gauche, sans miséricorde, avec le plat de la main.

      – Oui… là!

      – Où est-il?»

      En disant ces mots, il déposa dans la poche de sa jaquette grise le peu de nourriture qui restait.

      «Montre-moi le chemin qu'il a pris, je le tuerai comme un chien! Maudit fer, qui m'empêche de marcher! Passe-moi la lime, mon garçon.»

      Je lui indiquai la direction que l'autre avait prise, à travers le brouillard. Il regarda un instant, puis il s'assit sur le bord de l'herbe mouillée et commença à limer le fer de sa jambe, comme un fou, sans s'inquiéter de moi, ni de sa jambe, qui avait une ancienne blessure qui saignait et qu'il traitait aussi brutalement que si elle eût été aussi dépourvue de sensibilité qu'une lime. Je recommençais à avoir peur de lui, maintenant que je le voyais s'animer de cette façon; de plus j'étais effrayé de rester aussi longtemps dehors de la maison. Je lui dis donc qu'il me fallait partir; mais il n'y fit pas attention, et je pensai que ce que j'avais de mieux à faire était de m'éloigner. La dernière fois que je le vis, il avait toujours la tête penchée sur son genou, il limait toujours ses fers et murmurait de temps à autre quelque imprécation d'impatience contre ses fers ou contre sa jambe. La dernière fois que je l'entendis, je m'arrêtai dans le brouillard pour écouter et j'entendis le bruit de la lime qui allait toujours.

      CHAPITRE IV

      Je m'attendais, en rentrant, à trouver dans la cuisine un constable qui allait m'arrêter; mais, non-seulement il n'y avait là aucun constable, mais on n'avait encore rien découvert du vol que j'avais commis. Mrs Joe était tout occupée des préparatifs pour la solennité du jour, et Joe avait été posté sur le pas de la porte de la cuisine pour éviter de recevoir la poussière, chose que malheureusement sa destinée l'obligeait à recevoir tôt ou tard, toutes les fois qu'il prenait fantaisie à ma sœur de balayer les planchers de la maison.

      «Où diable as-tu été?»

      Tel fut le salut de Noël de Mrs Joe, quand moi et ma conscience nous nous présentâmes devant elle.

      Je lui dis que j'étais sorti pour entendre chanter les noëls.

      «Ah! bien, observa Mrs Joe, tu aurais pu faire plus mal.»

      Je pensais qu'il n'y avait aucun doute à cela.

      «Si je n'étais pas la femme d'un forgeron, et ce qui revient au même, une esclave qui ne quitte jamais son tablier, j'aurais été aussi entendre les noëls, dit Mrs Joe, je ne déteste pas les noëls, et c'est sans doute pour cette raison que je n'en entends jamais.

      Joe, qui s'était aventuré dans la cuisine après moi, pensant que la poussière était tombée, se frottait le nez avec un petit air de conciliation pendant que sa femme avait les yeux sur lui; dès qu'elle les eut détournés, il mit en croix ses deux index, ce qui signifiait que Mrs Joe était en colère2. Cet état était devenu tellement habituel, que Joe et moi nous passions des semaines entières à nous croiser les doigts, comme les anciens croisés croisaient leurs jambes sur leurs tombes.

      Nous devions avoir un dîner splendide, consistant en un gigot de porc mariné aux choux et une paire de volailles rôties et farcies. On avait fait la veille au matin un magnifique mince-pie, (ce qui expliquait qu'on n'eût pas encore découvert la disparition du hachis), et le pudding était en train de bouillir. Ces énormes préparatifs nous forcèrent, avec assez peu de cérémonie, à nous passer de déjeuner.

      «Je ne vais pas m'amuser à tout salir, après avoir tout nettoyé, tout lavé comme je l'ai fait, dit Mrs Joe, je vous le promets!»

      On nous servit donc nos tartines dehors, comme si, au lieu d'être deux à la maison, un homme et un enfant, nous eussions été deux mille hommes en marche forcée; et nous puisâmes notre part de lait et d'eau à même un pot sur la table de la cuisine, en ayant l'air de nous excuser humblement de la grande peine que nous lui donnions. Cependant Mrs Joe avait fait voir le jour à des rideaux tout blancs et accroché un volant à fleurs tout neuf au manteau de la cheminée, pour remplacer l'ancien; elle avait même découvert tous les ornements du petit parloir donnant СКАЧАТЬ



<p>2</p>

Jeu de mot impossible à rendre exactement «Cross» – signifie: «croix» et aussi «contrariant, hostile, furieux, de mauvaise humeur.» En mettant ses doigts en croix, Joe indiquait à Pip l'humeur de Mrs Joe.