Les grandes espérances. Чарльз Диккенс
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Название: Les grandes espérances

Автор: Чарльз Диккенс

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ ne pas dire un mot, de ne pas faire un signe qui puisse faire penser que tu m'as vu, ou que tu as vu quelque autre personne; à ces conditions, on te laissera vivre. Si tu manques à cette promesse en quelque manière que ce soit, ton cœur et ton foie te seront arrachés, pour être rôtis et mangés. Et puis, je ne suis pas seul, ainsi que tu peux le croire. Il y a là un jeune homme avec moi, un jeune homme auprès duquel je suis un ange. Ce jeune homme entend ce que je te dis. Ce jeune homme a un moyen tout particulier de se procurer le cœur et le foie des petits gars de ton espèce. Il est impossible, à n'importe quel moucheron comme toi, de le fuir ou de se cacher de lui. Tu auras beau fermer la porte au verrou, te croire en sûreté dans ton lit bien chaud, te cacher la tête sous les couvertures, et espérer que tu es à l'abri de tout danger, ce jeune homme saura s'approcher de toi et t'ouvrir le ventre. Ce n'est qu'avec de grandes difficultés que j'empêche en ce moment ce jeune homme de te faire du mal. J'ai beaucoup de peine à l'empêcher de fouiller tes entrailles. Eh bien! qu'en dis-tu?»

      Je lui dis que je lui procurerais la lime dont il avait besoin, et toutes les provisions que je pourrais apporter, et que je viendrais le trouver à la Batterie, le lendemain, à la première heure.

      «Répète après moi: «Que Dieu me frappe de mort, si je ne fais pas ce que vous m'ordonnez,» fit l'homme.

      Je dis ce qu'il voulut, et il me posa à terre.

      «Maintenant, reprit-il, souviens-toi de ce que tu promets, souviens-toi de ce jeune homme, et rentre chez toi!

      – Bon… bonsoir… monsieur, murmurai-je en tremblant.

      – C'est égal! dit-il en jetant les yeux sur le sol humide. Je voudrais bien être grenouille ou anguille.»

      En même temps il entoura son corps grelottant avec ses grands bras, en les serrant tellement qu'ils avaient l'air d'y tenir, et s'en alla en boitant le long du mur de l'église. Comme je le regardais s'en aller à travers les ronces et les orties qui couvraient les tertres de gazon, il sembla à ma jeune imagination qu'il éludait, en passant, les mains que les morts étendaient avec précaution hors de leurs tombes, pour le saisir à la cheville et l'attirer chez eux.

      Lorsqu'il arriva au pied du mur qui entoure le cimetière, il l'escalada comme un homme dont les jambes sont roides et en-gourdies, puis il se retourna pour voir ce que je faisais. Je me tournai alors du côté de la maison, et fis de mes jambes le meilleur usage possible. Mais bientôt, regardant en arrière, je le vis s'avancer vers la rivière, toujours enveloppé de ses bras, et choisissant pour ses pieds malades les grandes pierres jetées çà et là dans les marais, pour servir de passerelles, lorsqu'il avait beaucoup plu ou que la marée y était montée.

      Les marais formaient alors une longue ligne noire horizontale, la rivière formait une autre ligne un peu moins large et moins noire, les nuages, eux, formaient de longues lignes rouges et noires, entremêlées et menaçantes. Sur le bord de la rivière, je distinguais à peine les deux seuls objets noirs qui se détachaient dans toute la perspective qui s'étendait devant moi: l'un était le fanal destiné à guider les matelots, ressemblant assez à un casque sans houppe placé sur une perche, et qui était fort laid vu de près; l'autre, un gibet, avec ses chaînes pendantes, auquel on avait jadis pendu un pirate. L'homme, qui s'avançait en boitant vers ce dernier objet, semblait être le pirate revenu à la vie, et allant se raccrocher et se reprendre lui-même. Cette pensée me donna un terrible moment de vertige; et, en voyant les bestiaux lever leurs têtes vers lui, je me demandais s'ils ne pensaient pas comme moi. Je regardais autour de moi pour voir si je n'apercevais pas l'horrible jeune homme, je n'en vis pas la moindre trace; mais la frayeur me reprit tellement, que je courus à la maison sans m'arrêter.

      CHAPITRE II

      Ma sœur, Mrs Joe Gargery, n'avait pas moins de vingt ans de plus que moi, et elle s'était fait une certaine réputation d'âme charitable auprès des voisins, en m'élevant, comme elle disait, «à la main.» Obligé à cette époque de trouver par moi-même la signification de ce mot, et sachant parfaitement qu'elle avait une main dure et lourde, que d'habitude elle laissait facilement retomber sur son mari et sur moi, je supposai que Joe Gargery était, lui aussi, élevé à la main.

      Ce n'était pas une femme bien avenante que ma sœur; et j'ai toujours conservé l'impression qu'elle avait forcé par la main Joe Gargery à l'épouser. Joe Gargery était un bel homme; des boucles couleur filasse encadraient sa figure douce et bonasse, et le bleu de ses yeux était si vague et si indécis, qu'on eût eu de la peine à définir l'endroit où le blanc lui cédait la place, car les deux nuances semblaient se fondre l'une dans l'autre. C'était un bon garçon, doux, obligeant, une bonne nature, un caractère facile, une sorte d'Hercule par sa force, et aussi par sa faiblesse.

      Ma sœur, Mrs Joe, avec des cheveux et des yeux noirs, avait une peau tellement rouge que je me demandais souvent si, peut-être, pour sa toilette, elle ne remplaçait pas le savon par une râpe à muscade. C'était une femme grande et osseuse; elle ne quittait presque jamais un tablier de toile grossière, attaché par derrière à l'aide de deux cordons, et une bavette imperméable, toujours parsemée d'épingles et d'aiguilles. Ce tablier était la glorification de son mérite et un reproche perpétuellement suspendu sur la tête de Joe. Je n'ai jamais pu deviner pour quelle raison elle le portait, ni pourquoi, si elle voulait absolument le porter, elle ne l'aurait pas changé, au moins une fois par jour.

      La forge de Joe attenait à la maison, construite en bois, comme l'étaient à cette époque plus que la plupart des maisons de notre pays. Quand je rentrai du cimetière, la forge était fermée, et Joe était assis tout seul dans la cuisine. Joe et moi, nous étions compagnons de souffrances, et comme tels nous nous faisions des confidences; aussi, à peine eus-je soulevé le loquet de la porte et l'eus-je aperçu dans le coin de la cheminée, qu'il me dit:

      «Mrs Joe est sortie douze fois pour te chercher, mon petit Pip; et elle est maintenant dehors une treizième fois pour compléter la douzaine de boulanger.

      – Vraiment?

      – Oui, mon petit Pip, dit Joe; et ce qu'il y a de pire pour toi, c'est qu'elle a pris Tickler avec elle.»

      À cette terrible nouvelle, je me mis à tortiller l'unique bouton de mon gilet et, d'un air abattu, je regardai le feu. Tickler était un jonc flexible, poli à son extrémité par de fréquentes collisions avec mon pauvre corps.

      «Elle se levait sans cesse, dit Joe; elle parlait à Tickler, puis elle s'est précipitée dehors comme une furieuse. Oui, comme une furieuse,» ajouta Joe en tisonnant le feu entre les barreaux de la grille avec le poker.

      – Y a-t-il longtemps qu'elle est sortie, Joe? dis-je, car je le traitais toujours comme un enfant, et le considérais comme mon égal.

      – Hem! dit Joe en regardant le coucou hollandais, il y a bien cinq minutes qu'elle est partie en fureur… mon petit Pip. Elle revient!.. Cache-toi derrière la porte, mon petit Pip, et rabats l'essuie-mains sur toi.»

      Je suivis ce conseil. Ma sœur, Mrs Joe, entra en poussant la porte ouverte, et trouvant une certaine résistance elle en devina aussitôt la cause, et chargea Tickler de ses investigations. Elle finit, je lui servais souvent de projectile conjugal, par me jeter sur Joe, qui, heureux de cette circonstance, me fit passer sous la cheminée, et me protégea tranquillement avec ses longues jambes.

      «D'où viens-tu, petit singe? dit Mrs Joe en frappant du pied. Dis-moi bien vite ce que tu as fait pour me donner ainsi de l'inquiétude et du tracas, sans cela je saurai bien t'attraper dans ce coin, quand vous seriez cinquante Pips et cinq cents Gargerys.

      – Je suis seulement allé jusqu'au cimetière, dis-je du fond de ma cachette en pleurant et en me grattant.

      – Au СКАЧАТЬ