Œuvres complètes de lord Byron, Tome 1. George Gordon Byron
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Название: Œuvres complètes de lord Byron, Tome 1

Автор: George Gordon Byron

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежные стихи

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СКАЧАТЬ assure que la grand'mère de Donna Julia dut à l'amour plutôt qu'à l'hyménée les héritiers de son mari.

      59. Quoi qu'il en puisse être, cette famille alla toujours en embellissant jusqu'à ce qu'elle se concentra dans un seul fils qui laissa une fille unique. Mon récit sans doute a déjà fait deviner que cette fille unique ne peut être que Julia (dont je vais avoir l'occasion de parler long-tems). Elle était mariée, charmante, chaste, et âgée de vingt-trois ans.

      60. Ses yeux (je suis fou des beaux yeux) étaient grands et noirs: elle en adoucissait la vivacité lorsqu'elle était silencieuse; mais quand elle parlait il y avait dans leur expression, en dépit de ses charmans efforts, plus de noblesse que de courroux et plus d'amour que de tout autre chose. On découvrait sous ses paupières un sentiment qui n'était pas le désir, mais peut-être le serait-il devenu si son ame, en se peignant dans ses yeux, ne les eût ainsi rendus le siége de la chasteté.

      61. Ses cheveux polis étaient rassemblés sur un front brillant de génie, de douceur et de beauté; l'arc de ses sourcils semblait modelé sur celui d'Iris; ses joues, colorées par les rayons de la jeunesse, avaient quelquefois un éclat transparent, comme si dans ses veines eût circulé un fluide lumineux. En un mot, elle était douée d'une figure et d'une grâce vraiment singulières. Sa taille était élevée. – Je hais les femmes exiguës.

      62. Elle était mariée depuis quelques années, et à un homme de cinquante ans: de tels maris il en est à foison. Pourtant, à mon avis, au lieu d'un semblable, il serait mieux d'en avoir deux de vingt-cinq, surtout dans les contrées plus rapprochées du soleil; et, maintenant que j'y pense, mi viene in mente, les femmes, même de la plus farouche vertu, préfèrent toujours un mari qui n'a pas atteint trente ans.

      63. Il est bien déplorable, je ne puis le dissimuler (et c'est entièrement la faute de ce soleil libertin, qui s'attache à notre faible matière, et la fait brûler, rôtir et bouillir), qu'en dépit des jeûnes et des prières, la chair soit fragile, et l'ame si facile à abuser. Dans les climats brûlans il y a bien plus d'exemples de ce que les hommes appellent galanterie, et les dieux adultère.

      64. Heureux les peuples du moral septentrion! Là, tout est vertu, et la saison des frimas n'y montre le péché que sous un vêtement de glace. (C'était la neige qui mettait saint Antoine à la raison.) Là, les jurys calculent le prix d'une femme, fixent comme ils l'entendent le montant de l'amende que doit payer son amant; car c'est là un vice évaluable28.

      65. Alphonso, c'était le nom du mari de Julia, était un homme encore de bonne mine, et qui, sans être fort chéri, n'était pas non plus détesté. Ils vivaient ensemble comme le plus grand nombre, supportant d'un commun accord leurs mutuels défauts, et n'étant exactement ni un ni deux. Cependant, Alphonso était jaloux, mais il se gardait de le paraître; car la jalousie tremble toujours qu'on ne la reconnaisse.

      66. Julia était, – je n'ai jamais su pourquoi, – l'amie intime de Donna Inès. Il y avait peu de rapports dans leurs goûts, car Julia n'avait jamais écrit une ligne. Aucuns disent (sans doute ils mentent, car la méchanceté veut tout expliquer) qu'Inès, avant le mariage de Don Alphonse, avait oublié avec lui quelque chose de sa vertu habituelle;

      67. Et que, conservant cette ancienne connaissance, dont le tems avait bien purifié les sentimens, elle avait témoigné la même affection à l'épouse d'Alphonso: certainement elle ne pouvait mieux faire. Elle flattait Julia en lui accordant sa sage protection, et elle faisait l'éloge du bon goût d'Alphonso. De cette manière, si elle ne faisait pas taire la médisance (chose impossible), au moins rendait-elle ses coups moins redoutables.

      68. Je ne raconterai pas comment Julia vit l'affaire, par les yeux du monde ou par les siens propres: on ne peut le deviner; du moins elle ne le laissa pas soupçonner: peut-être ne sut-elle rien, ou ne s'en embarrassa-t-elle pas, soit par indifférence ou par habitude. Je ne sais vraiment qu'en dire et penser, tant ses sentimens furent secrets dans cette occasion.

      69. Elle vit Don Juan, et, comme un bel enfant, souvent elle le caressait; c'était une chose bien naturelle et nullement inquiétante, quand elle avait vingt ans et lui treize; mais je ne sais pas si j'en aurais également souri quand elle eut vingt-trois ans et lui seize. Ce léger surcroît d'années opère de singuliers changemens, surtout chez les peuples brûlés du soleil.

      70. Quelle qu'en fût la cause, il est sûr qu'ils étaient changés. La jeune dame restait à quelque distance, et le jeune homme était devenu timide. Leurs regards étaient baissés, leurs salutations presque muettes, leurs yeux singulièrement embarrassés. Sans doute bien des gens croiront que Julia devinait bien ce que signifiait tout cela; pour Juan, il n'en avait pas plus l'idée que de l'Océan ceux qui ne l'ont jamais vu.

      71. Cependant, il y avait quelque chose de tendre dans la froideur de Julia; quand sa jolie main tremblante s'éloignait de celle de Juan, elle y laissait un demi-serrement vif, caressant et léger, si léger, que l'esprit hésitait encore à le croire; mais il n'est pas de magicien qui ait opéré, avec la baguette et tout le savoir d'Armide, un changement comparable à celui que ce léger toucher produisait sur le cœur de Juan.

      72. Le rencontrait-elle? elle ne lui souriait plus, et son regard avait une tristesse bien plus douce que son sourire; il semblait dire que son ame brûlante nourrissait mille pensées qu'elle ne pouvait avouer, mais qu'elle chérissait à mesure qu'elles y étaient plus comprimées. L'innocence elle-même a ses ruses; elle n'ose mettre dans ses aveux une entière franchise, et le premier maître de l'amour c'est l'hypocrisie.

      73. Mais c'est en vain que la passion s'entoure d'obscurité, elle finit par se trahir. Semblable aux sombres nuages qui présagent une tempête affreuse, la discrétion de ses yeux signale ses sentimens intimes. On aperçoit de l'hypocrisie dans tous ses mouvemens; et la froideur, la colère, le dédain ou la haine, sont des masques dont elle se couvre bien souvent, et cependant toujours trop tard.

      74. Ils en vinrent bientôt aux soupirs, et la résistance les rendit plus profonds; aux œillades, plus délicieuses parce qu'elles étaient dérobées. Leurs joues brûlantes se colorèrent quand leur cœur ne pouvait rien se reprocher encore. À son arrivée on éprouvait de l'émotion; à son départ, de l'inquiétude, et tout cela était autant de légers préludes à la possession, que les jeunes amans ne peuvent éviter, et qui servent seulement à prouver que l'amour est fort embarrassé pour s'introduire chez un novice.

      75. Pauvre Julia! son cœur était dans une situation désespérée; elle sentit qu'il s'en allait, et résolut de faire la plus noble résistance pour son bien et celui de son époux, de son honneur, de sa gloire, de sa religion, de sa vertu. Il y avait vraiment de la grandeur d'ame dans ces projets, et ils auraient attendri un Tarquin. Elle implora les grâces de la vierge Marie, comme de celle qui se connaissait le mieux aux cas féminins.

      76. Elle fit vœu de ne plus voir Juan, et le jour suivant elle rendit à sa mère une visite. Ses regards se portèrent vivement sur la porte quand elle s'ouvrit; grâces à la Vierge, c'était un autre qui entrait. Elle en remercia Marie, non pourtant sans quelque tristesse. – On ouvre encore, ce ne peut être que lui; c'est sans doute Juan? – Non! J'ai peur que la nuit suivante on ait oublié de prier la sainte Vierge.

      77. Maintenant elle trouve plus convenable à une femme vertueuse de lutter en face contre les tentations; la fuite lui semble un expédient honteux et inutile. Nul ne pourra jamais produire la moindre sensation sur son cœur; c'est-à-dire quelque chose au-delà de ce sentiment de préférence ordinaire, qu'inspirent toujours certaines personnes plus aimables que les autres; mais alors on suppose qu'ils sont simplement des frères.

      78. Et si, même par hasard (que sait-on? le diable est bien fin), elle découvrait que tout en elle n'est pas absolument calme; si, libre encore, СКАЧАТЬ



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On sait qu'en Angleterre les délits contre la pudeur, les adultères et les viols, sont soumis à des amendes pécuniaires, énormes il est vrai, mais qui entraînent la prison dans les cas seulement où le coupable se trouve dans l'impossibilité de les acquitter.