Название: Œuvres complètes de lord Byron, Tome 1
Автор: George Gordon Byron
Издательство: Public Domain
Жанр: Зарубежные стихи
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Ce n'est pas tout. À quelques jours de là il obtint encore du prince Mavrocordato la délivrance de plusieurs autres prisonniers, qu'il fit habiller à ses frais et reconduire au pacha de Scutari. Ces Turcs remirent, de sa part, à leur maître une lettre dont nous citerons les dernières phrases: «Si cette circonstance trouve place dans votre souvenir, j'ose prier Votre Hautesse de traiter les Grecs qui pourraient, par la suite, tomber en votre pouvoir, avec humanité: j'insiste d'autant plus sur ce point, que les horreurs de la guerre sont déjà assez grandes sans les aggraver, des deux côtés, par des cruautés inutiles. – Missolonghi, 23 janvier 1834.» C'est, je crois, la première et la seule fois que la plume de Lord Byron ait tracé l'expression de formes obséquieuses et suppliantes.
Je passe sous silence d'autres traits nombreux du même genre. Il eut, d'ailleurs, moins de peine à ramener à des sentimens généreux les Grecs altérés de vengeance, que les officiers européens, à des plans sages et raisonnables. Certes, il ne fallait pas une grande profondeur de jugement pour sentir que, dans les circonstances présentes, les premiers besoins des Grecs étaient des canons, des vaisseaux, des munitions de guerre de toute espèce, et peut-être encore avant tout cela, de l'argent monnayé. «Nous avons assez d'hommes, criaient les Grecs aux Européens; envoyez-nous des armes, du fer et de l'or, nous sommes sauvés.» Cependant, les comités, organisés dans toute l'Europe, cédaient à d'autres influences. Le brave Stanhope et quelques autres aveugles Philellènes les pressaient, quand l'insurrection était déclarée, de s'occuper, avant tout, de rendre les Grecs dignes de la liberté, de la liberté constitutionnelle, et, je crois même, représentative! À les entendre, il fallait transformer les aumônes de toutes les ames généreuses en imprimeries, en livres, en cartes géographiques, en mappes, etc. On sent que ces recommandations étaient accueillies avec ardeur; le commerce européen saluait l'aurore d'une liberté qui s'alliait si bien avec l'intérêt industriel, et les pauvres Grecs, sans artillerie, sans solde, perdaient chaque jour quelque chose de leur enthousiasme.
«J'avoue, disait Lord Byron, que je ne puis comprendre l'usage des presses d'imprimerie pour un peuple qui ne sait pas lire. Le comité nous envoie des mappemondes; mais il suppose donc qu'en venant en Grèce j'ai l'intention d'ouvrir un cours de géographie? On donne des livres à des gens qui manquent de fusils; ils implorent des sabres, et le comité leur adresse des caractères typographiques! Son secrétaire, M. Bowring, m'écrit une longue lettre sur la terre classique de la liberté, le berceau des arts, la source du génie, le séjour des dieux, le ciel de la poésie, et je ne sais quelle centaine d'autres belles choses. Je lui ai répondu de manière à le dissuader de m'écrire une seconde fois sur le même ton. Assez de bavardage, lui dis-je, mais au fait, au fait. Depuis ce tems, je n'entends plus parler de lui8.»
Rien ne donnait plus d'humeur à Byron que ce déplorable aveuglement; mais il ne faut pas croire que tous ces démêlés fissent naître aucun refroidissement entre lui et les autres défenseurs de la Grèce. La liberté de la presse ayant été votée par le gouvernement, Lord Byron contribua à la formation des imprimeries pour plus de cinq cents louis; mais il profita de l'occasion pour se plaindre avec force de l'inaction dans laquelle on laissait languir les guerriers. Il avait, en arrivant à Missolonghi, après avoir payé les arrérages de la flotte, pris à sa solde cinq cents Souliotes d'élite, dans l'espoir de bientôt employer ces braves gens à quelque entreprise périlleuse; mais le gouvernement, qui lui supposait des trésors inépuisables comme sa générosité, tremblait de lui voir exposer sa vie et faisait, avec une lenteur condamnable, les préparatifs de la campagne. Mavrocordato ne put toujours résister, et il fut décidé qu'aussitôt l'arrivée de l'artillerie sous les ordres du capitaine Parry, Lord Byron s'avancerait contre le château de Lépante, à la tête de trois mille Souliotes.
Malheureusement, le capitaine Parry et son artillerie se firent long-tems attendre: tandis qu'on laissait ainsi perdre un tems précieux, les Souliotes, guerriers sauvages et indomptables, se livraient, dans les rues de Missolonghi, à toutes sortes d'excès. Habitués à une guerre d'escarmouches, ils accusaient Lord Byron de vouloir les mener au combat contre des pierres; et quand le capitaine Parry arriva, leur mécontentement était à son comble. Byron menaça de les licencier; mais, de leur côté, les soldats de l'artillerie, nouvellement arrivés, refusaient de marcher avant de recevoir une partie de leur solde. Il fallut remettre le siége de Lépante à un tems plus favorable.
L'irritation continuelle que lui causaient tant de contre-tems, fut la première cause du dérangement de sa santé, naturellement assez délicate. Le 15 février, il se trouvait chez le colonel Stanhope, quand tout à coup on remarqua une violente altération dans ses traits. Il voulut faire quelques pas, ses jambes refusèrent de se mouvoir; on le transporta sur un lit: il y resta, pendant quelques minutes, en proie à une effrayante attaque de nerfs, qu'il faisait des efforts inouïs pour surmonter. Enfin, il revint à lui; mais le même accident se renouvela quatre fois dans l'espace d'un mois. Il ne put remonter à cheval, et reprendre ses travaux habituels, que dans les derniers jours de mars. Comme le climat de Missolonghi était trop humide pour lui, un habitant de Zante le conjura de venir habiter durant quelque tems sa maison de campagne. Byron lui répondit: «Je ne puis quitter la Grèce tant qu'il y aura une chance, même douteuse, de mon utilité. Il y va d'un enjeu qui vaut des millions d'hommes tels que moi, – et tant que je pourrai me soutenir le moins du monde, je soutiendrai la cause. Tout en parlant ainsi, je suis parfaitement averti des dissensions et des défauts des Grecs, mais tous les gens raisonnables doivent les comprendre et les excuser.»
Le siége de Lépante avait été remis après la tenue d'un nouveau congrès à Salone, auquel devaient assister Mavrocordato, Byron, Stanhope et Odysseus. Malgré tant de chagrins et de désappointemens, le cœur de Byron était toujours le même. On lit dans une de ses dernières lettres adressées à M. Bowring, secrétaire du comité grec de Londres: «Moi (Lord Byron), prie M. B. de presser l'honorable D. Kinnaird d'envoyer des crédits pour le montant de toutes les ressources de Lord Byron. Il y a ici, pour le moment, les plus grands embarras de toute espèce, mais nous conservons l'espérance, et nous en viendrons à bout.» Hélas, cette espérance ne devait pas se réaliser. Le 9 avril, à la suite d'une longue course à cheval, il rentra chez lui avec une fièvre qui ne l'empêcha pas de donner son attention et de répondre à plusieurs lettres. Le lendemain, l'indisposition offrit des symptômes plus graves; il toussait beaucoup, il dormait péniblement, il éprouvait de vives douleurs dans tous les membres. Mais les deux médecins, Bruno et Millingen, ayant déclaré avec assurance que la maladie n'avait rien d'alarmant, on retarda pendant plusieurs jours la saignée: leur sécurité ne se démentit qu'à la dernière extrémité. «Ce n'est rien, disaient-ils; il serait ridicule de consulter d'autres médecins pour une si légère indisposition.» Lord Byron, de son côté, s'obstinait à dire que son mal était d'une espèce sérieuse. Enfin, on le saigna le 16, et on recommença le 17 avril; son sang était enflammé, et chaque fois le malade éprouva un évanouissement. La crainte de devenir fou s'empara de sa grande ame: «Je ne peux pas dormir, disait-il au fidèle Fletcher; je sais qu'un homme ne peut être sans dormir qu'un certain tems, après quoi il devient nécessairement fou, sans qu'on puisse y trouver le moindre remède; or, j'aimerais mieux dix fois me brûler la cervelle que d'être fou.»
Cependant, il s'affaiblissait d'heure en heure, et le désordre de ses expressions annonçait même des accès de délire. À la fin d'un de ces accès: «Écoutez, Fletcher, dit-il; je commence à croire que je suis sérieusement malade, et si je mourais subitement, je veux que vous ayez quelques instructions que vous aurez, j'espère, soin de faire exécuter.» Ses paroles étaient rapides. Le valet ayant dit qu'il espérait le voir assez vivre СКАЧАТЬ
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Consultez les lettres de Stanhope à Bowring. Dans une d'elles, rapportée par madame Belloc, il dit: «Odysseus,