Le sergent Simplet. Paul d'Ivoi
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Название: Le sergent Simplet

Автор: Paul d'Ivoi

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ une clairière, où une dizaine d’hommes armés de fusils étaient étendus.

      – Des Sakalaves! fit-il… et en service encore. Tout va bien.

      À ce moment, la mule s’abattit sur les genoux. Avant que les sous-officiers eussent pu la remettre sur pied, ils furent saisis, garrottés et couchés sur l’herbe à côté de leur compagne de voyage. Les Malgaches avaient perçu le signal lancé par le Hova, et ils traitaient en ennemis ces inconnus qui semblaient fuir.

      Tandis que Claude et Yvonne désespéraient, Simplet, ayant reconnu Canetègne, venait de lui intimer l’ordre d’avoir à l’écouter.

      – Tu vois bien, petite sœur, avait-il déclaré en riant; l’ogre fait déjà des concessions.

      C’était vrai. L’Avignonnais se souvenait du petit soldat, qui l’avait si joliment berné à Lyon. Il avait démêlé dans son accent comme une menace, et il s’empressait de le joindre. Sans plaisir d’ailleurs, à en juger par le ton rogue dont il demanda:

      – Qu’est-ce que vous voulez?

      – Vous voir, monsieur Canetègne.

      – Je vous préviens que je ne suis pas en humeur de plaisanter.

      – Moi non plus. Causons donc. Il est probable que nous nous entendrons.

      – Vous croyez?

      L’air dégagé du prisonnier déplaisait à son interlocuteur.

      – En tout cas, faisons vite.

      – À vos ordres, monsieur Canetègne. Une question d’abord: À quoi devons-nous le plaisir de cette rencontre inattendue?

      Le commissionnaire hésita. À ce sous-officier qui paraissait le défier, il aurait eu joie à conter le piège tendu; mais le jeune homme allait être mis en présence de juges; on l’interrogerait. Il était inutile de l’éclairer, car le procédé de M. Canetègne eût semblé inexplicable aux magistrats. Il se décida donc à biaiser.

      – Ma foi! j’ai lu une dépêche du Petit Journal annonçant l’arrivée, à Diego-Suarez, de M. Antonin Ribor.

      – Comme nous! soupira Yvonne.

      – Et vous êtes accouru pour qu’il nous soit plus facile de vous confondre?

      Le négociant grimaça:

      – Pour l’éloigner uniquement. Ce à quoi j’ai réussi. Si bien que je puis sans crainte vous conduire à Diego-Suarez et vous remettre aux mains des autorités.

      – Lesquelles, continua Dalvan, nous renverront en France où l’on nous emprisonnera comme voleurs, complices d’évasion, etc.

      – Précisément!

      – Très bien imaginé, monsieur Canetègne.

      – N’est-ce pas? Les choses se passeront comme vous le dites, à moins…

      – À moins… cher monsieur Canetègne?

      – Que Mlle Ribor ne consente à m’accorder sa main.

      – Vous pensez encore à cela?

      – Toujours. Dans ce cas, j’arriverais à étouffer l’affaire et tout le monde serait content.

      – Excepté ma sœur de lait.

      – Oh! vous savez, je l’aime beaucoup. Elle serait heureuse et…

      – Malheureusement, monsieur Canetègne, elle préfère sa liberté…

      – La seule chose que je ne puisse lui offrir.

      – Oh! que si.

      – Oh! que non.

      – La preuve est que vous allez la lui donner.

      – Moi? Si je vois cela…

      – Pas de propos téméraires. Asseyez-vous, cher monsieur Canetègne, et prêtez-moi, – pas d’argent, c’est trop cher chez vous, – simplement un peu d’attention.

      Dominé, l’Avignonnais obéit. Quant à Yvonne, elle paraissait stupéfaite. Ses regards allaient de Marcel au négociant; elle pensait rêver. Comment! c’était son frère de lait qui parlait ainsi, qui se faisait écouter?

      – Cher monsieur, reprit Simplet, vous raisonnez faux, parce que votre point de départ est faux. Vous nous considérez comme vos prisonniers.

      – Mais il me semble, hasarda le commissionnaire ahuri…

      – Il vous semble mal, voilà tout. C’est vous qui êtes mon prisonnier.

      – Moi?

      Yvonne leva les yeux au ciel. Le sous-officier lui paraissait s’enferrer.

      – Vous même, continua celui-ci, et vous allez être de mon avis.

      – Pour cela, non.

      – Supposez que j’appelle les soldats sakalaves qui m’ont arrêté, que je leur dise, – par l’organe de mon ami Claude, il parle le malgache, – à quelle opération vous vous livriez quand nous vous avons aperçu.

      Canetègne ne répondit pas:

      – Il est aisé de prouver. Votre compagnon – la tête de pain d’épice – a le sac d’argent. On vous arrête tous deux. Vous êtes jugés, condamnés pour violation de sépulture. Votre cas est plus grave que le nôtre; vous avez plus à perdre que nous. Donc, c’est vous qui êtes en notre pouvoir.

      – Bravo! souligna Claude.

      – Mais c’est qu’il a raison, murmura Mlle Ribor. Qui l’aurait cru capable de trouver cela?

      – Monsieur Canetègne, fit Marcel d’une voix insinuante, vos soldats ont serré les cordes qui me lient les bras et les jambes; déliez-moi.

      Et comme le commissionnaire, maté par son raisonnement, s’empressait de le satisfaire, le sous-officier ricana:

      – Ça me rappelle la Tour de Nesle. Buridan enchaîné et… Oh! non, vrai, il n’a rien de Marguerite de Bourgogne!

      Puis, plus gracieusement encore:

      – Rendez donc le même service à mes amis.

      Le négociant eut un geste de révolte. Cela l’ennuyait d’être joué.

      – Violation de sépulture! susurra Simplet.

      L’Avignonnais s’exécuta puis, rouge de colère:

      – Enfin, où voulez-vous en venir?

      – C’est bien simple, cher monsieur Canetègne. – Le jeune homme lança un coup d’œil à Yvonne; elle n’avait pas sourcillé cette fois en entendant la locution favorite de son frère de lait. – C’est bien simple, nous pouvons réciproquement nous faire emprisonner; il est moins bête de nous rendre mutuellement СКАЧАТЬ