Le sergent Simplet. Paul d'Ivoi
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Название: Le sergent Simplet

Автор: Paul d'Ivoi

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ son secret. Seul avec eux en cet endroit, il eût chargé son poignard de le garantir contre toute révélation dangereuse.

      La présence des soldats le gênait. Alliés des Français, ils n’eussent pas empêché le crime, mais ils le publieraient ensuite; et alors il serait nécessaire d’entrer dans des explications qui ne satisferaient sûrement pas tout le monde.

      Des réflexions du même genre tracassaient le négociant. Sans avoir conscience de son mouvement, il se rapprochait peu à peu du groupe formé par les captifs. Il les dévorait du regard. Soudain il se passa la main sur les yeux:

      – Je rêve, dit-il.

      Il fit encore un pas, regarda de nouveau. Un hurlement de triomphe s’échappa de ses lèvres, et appelant le général stupéfait:

      – Les criminels que j’attendais! cria-t-il.

      Ceux qu’il désignait ainsi s’étaient retournés.

      – Monsieur Canetègne? firent-ils d’une seule voix.

      – Lui-même, qui vous tient, mademoiselle Yvonne Ribor; qui vous tient aussi, messieurs Marcel Dalvan et Claude Bérard.

      C’étaient en effet les fugitifs que le hasard venait de jeter dans les griffes de leurs ennemis.

      – La Providence nous abandonne! gémit Yvonne.

      Elle regardait Claude, semblant attendre de lui un expédient, un moyen d’échapper à la fatalité. Le « Marsouin » secoua la tête avec découragement, et ce fut Simplet qui répondit à la jeune fille:

      – Tu voudrais bien être libre?

      – Cette question?

      – Tu le seras dans cinq minutes.

      – Ne plaisante pas.

      – Je suis très sérieux. M. Canetègne nous arrête, il est tout naturel qu’il nous remette en liberté.

      Et avec l’expression narquoise qui lui était habituelle:

      – Monsieur Canetègne, appela-t-il.

      – Hein? fit le négociant, qui parlait avec animation à son associé.

      – Venez donc, j’ai à vous dire deux mots.

      – Tout à l’heure, quand j’aurai le temps.

      – Non, tout de suite… Si vous refusez, je prie mon ami Claude, qui a été en garnison à Madagascar et écorche le malgache tout comme un autre, de narrer notre rencontre sous un ravenala.

      – Je suis à vous, exclama l’Avignonnais.

      Et, d’un pas pressé, il courut vers les prisonniers.

      – Là, plaisanta Marcel. Tu vois bien, petite sœur, il fait déjà des concessions.

      IX. DANS LA BROUSSE

      Comment les voyageurs s’étaient-ils trouvés à huit kilomètres de Port-Longuez, tout exprès pour se faire arrêter par les Sakalaves d’Ikaraïnilo?

      En quittant Obok, le yacht Fortune, laissant de côté les escales des Comores, avait piqué droit vers la côte orientale de Madagascar. Avertis qu’ils étaient signalés à l’autorité judiciaire dans les diverses colonies françaises, les jeunes gens n’avaient pas voulu atterrir à Diego-Suarez.

      – On nous guette du côté de la mer, avait dit Marcel. Faisons une chose toute simple, arrivons par terre.

      Le steamer avait donc déposé ses passagers à la Pointe-aux-Îles, un peu au sud de Port-Louquez. Après des adieux touchants à miss Diana Pretty, ceux-ci avaient bravement fait route vers Antsirane, les hommes à pied, Yvonne assise tant bien que mal sur une mule achetée à un fermier Betsimisarak.

      Ils marchaient de nuit, sans perdre de vue la mer. De cette façon ils évitaient toute chance d’insolation et ne risquaient point de s’égarer.

      Or, ils avaient passé la journée du 31 décembre à l’autre extrémité du plateau boisé, sur lequel Canetègne avait débuté comme vampire, et la lune ayant allumé son flambeau, ils s’étaient mis en route vers le nord. Comme aux étapes précédentes, Mlle Ribor veillait sur son frère de lait. Pour elle, il était resté enfant en quelque sorte. Elle le plaignait d’avoir à supporter de telles fatigues.

      – Monsieur Bérard, expliquait-elle, a fait son congé dans l’infanterie de marine; il est habitué à la vie coloniale, tandis que Simplet n’y connaît rien. J’ai peur de tout pour lui: les serpents, les caïmans, les bêtes féroces et surtout la maladie. Ah! si cela avait été possible, je l’aurais laissé à bord du navire. Mais c’eût été trop exiger de la gracieuse Américaine. Elle avait déjà changé sa voie pour nous être agréable. La forcer à attendre là, la fin de nos démarches aurait été un comble d’indiscrétion.

      Et elle sermonnait Marcel, qui la laissait dire. Toujours calme, il continuait à penser que tout est simple. De fait, après les marches nocturnes à travers les rochers ou les marécages, il s’endormait au matin d’un sommeil aussi paisible que s’il eût été couché sur le plus doux des lits. Il conservait son teint rosé et sa confiance.

      Contournant les massifs d’arbustes, la petite caravane avançait allègrement. De temps à autre, Yvonne donnait un conseil à son frère de lait pour escalader un bloc de granit ou pour éviter une plante épineuse. Il la remerciait tranquillement, nullement agacé par sa surveillance protectrice.

      Claude, lui, haussait parfois les épaules. Autrement que la jeune fille, il jugeait son compagnon de voyage; mais il n’avait point à intervenir, Dalvan ne se plaignant pas.

      – Chut! fit-il en s’arrêtant soudain. N’entendez-vous rien?

      Simplet prêta l’oreille.

      – Si, et – la supposition est folle sur ce plateau désert – on jurerait qu’un ouvrier travaille la terre.

      – Encore une de tes idées, railla Yvonne.

      – Encore, petite sœur. Et plus j’écoute, plus je me persuade que je ne me suis pas trompé.

      Avec prudence, tous s’avancèrent dans la direction du son. Bientôt le doute ne fut plus possible. Le choc du fer sur le sol se percevait distinctement.

      – Qui diable cultive à cette heure? grommela Bérard.

      – Allons voir, répliqua Simplet.

      La mule attachée à un arbre, tous trois se faufilèrent entre les broussailles et arrivèrent à quelques pas de l’endroit où Canetègne, surveillé par Ikaraïnilo, accomplissait sa lugubre besogne.

      Tout d’abord, ils ne comprirent pas. Mais l’Avignonnais, tenant le sac de monnaie, démasqua le mort dont la face immobile se montra sous un rayon de lune.

      Yvonne ne put retenir un cri d’horreur. Brusquement Marcel la saisit par la main, la ramena en courant à la place où avait été laissée sa monture, la mit en selle et, tenant l’animal par la bride, fila droit devant lui, dans une course folle, accélérée encore par l’appel dont Ikaraïnilo fit СКАЧАТЬ