Le crime de l'Opéra 1. Fortuné du Boisgobey
Чтение книги онлайн.

Читать онлайн книгу Le crime de l'Opéra 1 - Fortuné du Boisgobey страница 17

Название: Le crime de l'Opéra 1

Автор: Fortuné du Boisgobey

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

Серия:

isbn:

isbn:

СКАЧАТЬ sa complice.

      – Je ne vous accuse pas. Mais je ne reviens pas pour discuter avec vous. Je reviens pour punir. Et j’entends que vous me laissiez seul avec ma femme. Allez-vous-en!

      – Diable! pensait Darcy, l’affaire s’engage mal. Je crois qu’il me faudra en découdre avec ce loup marin.

      – Je ne m’en irai pas, dit avec une fermeté tranquille mademoiselle Lestérel. Vous êtes irrité, Jacques. Mathilde se justifiera sans peine, si vous voulez bien l’interroger doucement. Mais en ce moment vous n’êtes pas maître de vous, et la colère pourrait vous pousser à commettre un acte de violence. Je ne dois pas quitter ma sœur. Et ne prétendez pas que je n’ai pas le droit de m’interposer entre elle et vous. Je n’ai qu’elle au monde, et elle n’a que moi, puisque nous sommes orphelines. Qui l’offense m’offense, qui la menace me menace, et je vous le jure, Jacques, si vous voulez porter la main sur elle, il faudra commencer par me tuer.

      Ce discours, dont il ne perdit pas une syllabe, fit tressaillir Darcy, qui se tint prêt à entrer en scène, aussitôt qu’il entendrait les mots convenus: À moi!

      Mais l’éloquence partie du cœur agit même sur les furieux, et le capitaine changea de ton.

      – Soit! dit-il, restez. Vous êtes une brave fille après tout, et plût à Dieu que votre sœur vous ressemblât. Mais je vous jure que votre présence ne m’empêchera pas de faire justice.

      »À nous deux, maintenant, madame.

      Darcy entendit un gémissement étouffé. Ce fut la seule réponse de la malheureuse Mathilde. Il ne la voyait pas, mais il se la figurait affaissée sur sa chaise longue, accablée, anéantie.

      – Parlez! mais parlez donc! cria le mari. Essayez au moins de me prouver que vous êtes innocente. Vous savez bien de quoi vous êtes accusée. Je vous l’ai écrit, et je me repens de vous avoir avertie. Si j’étais revenu à l’improviste, si j’avais eu la patience de vous surveiller, je suis sûr que j’aurais pu vous convaincre, tandis que vous allez me débiter les mensonges que vous avez eu le temps de préparer. Mais je n’ai pas appris à dissimuler, moi! Quand j’aime et quand je hais, je ne cache ni mon amour ni ma haine… et je vous aimais… Ah! j’étais stupide.

      Darcy remarqua fort bien que la voix du marin était émue, et il commença à espérer que l’orage allait se terminer par une pluie de larmes. Mais, presque aussitôt, elle reprit, cette terrible voix:

      – Répondez! Est-il vrai qu’il y a un an, on vous a vue dans une loge de théâtre avec un homme?

      – Non, ce n’est pas vrai, murmura l’accusée. On vous a trompé… ou on s’est trompé.

      – Vous n’allez pas soutenir, je pense, qu’on a pris votre sœur pour vous, dit ironiquement M.  Crozon. Berthe vous défend, et je ne l’en blâme pas; mais Berthe vit comme une sainte, Berthe a su résister à toutes les tentations… et pourtant elle n’a de devoirs à remplir qu’envers elle-même… elle est libre… mais elle est trop fière pour s’abaisser jusqu’à prendre un amant.

      Darcy, qui écoutait avec plus d’attention que jamais, se mit à bénir ce furieux qui donnait à mademoiselle Lestérel une si éclatante attestation de vertu. En vérité, il l’aurait volontiers embrassé.

      – Ce que vous pensez de moi, Jacques, dit la jeune fille, moi, je le pense de Mathilde.

      Cette fois, il sembla à Darcy que la voix de Berthe était un peu moins assurée.

      – Votre sœur répond pour vous, mais vous ne répondez pas, reprit le capitaine. Le cœur vous manque pour vous défendre. Il ne vous a jamais manqué pour me trahir. Ah! vous aviez bien choisi le moment! Pendant que vous affichiez publiquement votre honte, mon navire était pris dans les glaces du détroit de Behring, et je risquais ma vie tous les jours. Tenez! on envoie au bagne des femmes qui valent mieux que vous.

      – Vous insultez la vôtre, Jacques. Ce que vous faites est lâche, dit Berthe d’un ton ferme.

      – Je ne l’insulterai plus. On n’insulte pas les condamnées. Mais je n’ai pas fini. Il faut qu’elle m’écoute jusqu’au bout. L’ami inconnu qui m’a averti m’a donné des détails précis. Je sais où elle a rencontré cet homme. On ne me l’a pas nommé, mais on me l’a désigné assez clairement pour que je puisse le retrouver, et je le retrouverai, je vous le jure. Je sais à quelle époque a cessé cette liaison, et pourquoi elle a cessé. Son amant quittait Paris. Nierez-vous encore, maintenant?

      – Jacques! vous ne voyez donc pas que Mathilde est mourante!

      – Qu’elle meure! Ce n’est pas moi qui la tue. Voulez-vous que je vous dise de quoi elle se meurt? Je devrais vous épargner l’humiliation d’entendre parler de cette infamie, je devrais respecter votre pudeur de jeune fille. Mais vous avez voulu rester. Tant pis pour vous! C’est Dieu qui l’a frappée, cette misérable créature que vous soutenez. L’adultère a eu des suites. Elle a eu un enfant de cet homme, un enfant qu’elle a mis au monde dans je ne sais quelle maison suspecte, un enfant qu’elle cache. Elle est accouchée il n’y a pas un mois.

      »J’arrive pour les relevailles de ma femme! Vous voyez bien qu’il faut que je tue la vipère et le vipéreau.

      – Il ne tuera pas la mère avant d’avoir trouvé l’enfant, se dit Darcy qui ne perdait pas la tête.

      À tout événement pourtant il se tint prêt, l’oreille au guet et la main sur le verrou qui fermait le cabinet en dedans.

      – Vous êtes fou, Jacques, s’écria Berthe, je vous jure que vous êtes fou.

      – Vous feriez mieux de jurer que votre sœur est innocente, dit froidement M.  Crozon. Osez-le donc! Jurez! Je vous croirai, car je sais que vous n’avez jamais menti. Vous vous taisez? Vous croyez en Dieu, vous, et vous ne prêteriez pas un faux serment. Tenez, Berthe, s’il me restait un doute, votre silence me l’enlèverait. Mais je n’en suis plus à douter. Et si je n’ai pas encore fait justice de cette femme, c’est que je veux qu’elle me dise où est ce bâtard. Quand je les aurai exterminés tous les deux, quand j’aurai cassé la tête ou crevé la poitrine de l’amant, je me ferai sauter la cervelle.

      – Bon! pensait Darcy, j’avais deviné. Il va chercher l’enfant. Et comme il est arrivé au paroxysme de la colère, il ne restera pas longtemps à ce diapason.

      L’accusée pleurait, mais elle n’essayait pas de se défendre.

      – Et sur la foi d’une lettre anonyme, dit mademoiselle Lestérel, sur la foi d’une dénonciation que son auteur n’a pas osé signer, vous condamnez votre femme sans l’entendre.

      – L’ami qui m’a écrit n’a pas signé, mais il m’annonce qu’il se fera connaître, à mon arrivée à Paris, et qu’il m’apprendra tout ce que je ne sais pas encore. Par lui, je trouverai le misérable qui m’a déshonoré, je trouverai l’enfant…

      – Vous ne retrouverez pas la paix de l’âme, Jacques. Alors même que vos indignes soupçons seraient fondés, votre conscience vous reprocherait encore d’avoir été sans pitié pour Mathilde. Et quand vous aurez reconnu qu’on l’a calomniée, il sera trop tard pour réparer le mal que vous aurez fait. Elle sera morte de douleur. Que Dieu vous pardonne!

      – Dieu! mais il sait que je l’adorais, cette infâme, que j’aurais donné ma vie pour lui épargner un chagrin; СКАЧАТЬ