L'étourdi. Molière Jean Baptiste Poquelin
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Название: L'étourdi

Автор: Molière Jean Baptiste Poquelin

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ II

      Scène première

      Lélie, Mascarille.

      Mascarille

      A vos désirs enfin il a fallu se rendre :

      Malgré tous mes serments, je n’ai pu m’en défendre,

      Et pour vos intérêts, que je voulais laisser,

      En de nouveaux périls viens de m’embarrasser.

      Je suis ainsi facile ; et si de Mascarille

      Madame la nature avait fait une fille,

      Je vous laisse à penser ce que ç’aurait été.

      Toutefois n’allez pas, sur cette sûreté,

      Donner de vos revers au projet que je tente,

      Me faire une bévue, et rompre mon attente.

      Auprès d’Anselme encor nous vous excuserons,

      Pour en pouvoir tirer ce que nous désirons ;

      Mais si dorénavant votre imprudence éclate,

      Adieu, vous dis, mes soins pour l’objet qui vous flatte.

      Lélie

      Non, je serai prudent, te dis-je, ne crains rien :

      Tu verras seulement…

      Mascarille

      Souvenez-vous-en bien ;

      J’ai commencé pour vous un hardi stratagème.

      Votre père fait voir une paresse extrême

      A rendre par sa mort tous vos désirs contents

      Je viens de le tuer (de parole, j’entends) :

      Je fais courir le bruit que d’une apoplexie

      Le bonhomme surpris a quitté cette vie.

      Mais avant, pour pouvoir mieux feindre ce trépas,

      J’ai fait que vers sa grange il a porté ses pas ;

      On est venu lui dire, et par mon artifice,

      Que les ouvriers qui sont après son édifice,

      Parmi les fondements qu’ils en jettent encor,

      Avaient fait par hasard rencontre d’un trésor.

      Il a volé d’abord ; et comme à la campagne

      Tout son monde à présent, hors nous deux, l’accompagne,

      Dans l’esprit d’un chacun je le tue aujourd’hui,

      Et produis un fantôme enseveli pour lui.

      Jouez bien votre rôle ; et pour mon personnage,

      Si vous apercevez que j’y manque d’un mot,

      Dites absolument que je ne suis qu’un sot.

      Scène II

      Lélie.

      Lélie

      Son esprit, il est vrai, trouve une étrange voie

      Pour adresser mes voeux au comble de leur joie ;

      Mais quand d’un bel objet on est bien amoureux,

      Que ne ferait-on pas pour devenir heureux ?

      Si l’amour est au crime une assez belle excuse,

      Il en peut bien servir à la petite ruse

      Que sa flamme aujourd’hui me force d’approuver,

      Par la douceur du bien qui m’en doit arriver.

      Juste ciel ! qu’ils sont prompts ! Je les vois en parole[6].

      Allons nous préparer à jouer notre rôle.

      Scène III

      Anselme, Mascarille.

      Mascarille

      La nouvelle a sujet de vous surprendre fort.

      Anselme

      Etre mort de la sorte !

      Mascarille

      Il a certes, grand tort :

      Je lui sais mauvais gré d’une telle incartade.

      Anselme

      N’avoir pas seulement le temps d’être malade !

      Mascarille

      Non, jamais homme n’eut si hâte de mourir.

      Anselme

      Et Lélie ?

      Mascarille

      Il se bat, et ne peut rien souffrir :

      Il s’est fait en maints lieux contusion et bosse,

      Et veut accompagner son papa dans la fosse :

      Enfin, pour achever, l’excès de son transport

      M’a fait en grande hâte ensevelir le mort,

      De peur que cet objet, qui le rend hypocondre,

      A faire un vilain coup ne me l’allât semondre[7].

      Anselme

      N’importe, tu devais attendre jusqu’au soir ;

      Outre qu’encore un coup j’aurais voulu le voir,

      Qui tôt ensevelit, bien souvent assassine ;

      Et tel est cru défunt, qui n’en a que la mine.

      Mascarille

      Je vous le garantis trépassé comme il faut.

      Au reste, pour venir au discours de tantôt,

      Lélie (et l’action lui sera salutaire)

      D’un bel enterrement veut régaler son père,

      Et consoler un peu ce défunt de son sort,

      Par le plaisir de voir faire honneur à sa mort.

      Il hérite beaucoup ; mais comme en ses affaires

      Il se trouve assez neuf et ne voit encor guères,

      Que son bien la plupart n’est point en ces quartiers,

      Ou que ce qu’il y tient consiste en des papiers,

      Il voudrait vous prier, ensuite de l’instance

      D’excuser de tantôt son trop de violence,

      De lui prêter au moins pour ce dernier devoir…

      Anselme

      Tu me l’as déjà dit, et je m’en vais le voir.

      Mascarille (seul.)

      Jusques ici du moins tout va le mieux du monde.

      Tâchons à ce progrès que le reste réponde ;

      Et, de peur de trouver dans le port un écueil,

      conduisons le vaisseau de la main et de l’oeil.

      Scène СКАЧАТЬ