L'étourdi. Molière Jean Baptiste Poquelin
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Название: L'étourdi

Автор: Molière Jean Baptiste Poquelin

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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      Lélie

      O rencontre cruelle !

      Ce malheureux vieillard devait-il nous troubler ?

      Mascarille

      Allez, retirez-vous ; je saurai lui parler.

      Scène IV

      Trufaldin, Célie, Lélie (retiré, dans un coin), Mascarille.

      Trufaldin (à Célie.)

      Que faites-vous dehors ? et quel soin vous talonne,

      Vous à qui je défends de parler à personne ?

      Célie

      Autrefois j’ai connu cet honnête garçon ;

      Et vous n’avez pas lieu d’en prendre aucun soupçon.

      Mascarille

      Est-ce là le seigneur Trufaldin ?

      Célie

      Oui, lui-même.

      Mascarille

      Monsieur, je suis tout vôtre, et ma joie est extrême

      De pouvoir saluer en toute humilité

      Un homme dont le nom est partout si vanté.

      Trufaldin

      Très humble serviteur.

      Mascarille

      J’incommode peut-être ;

      Mais je l’ai vue ailleurs, où, m’ayant fait connaître

      Les grands talents qu’elle à pour savoir l’avenir,

      Je voulais sur un point un peu l’entretenir.

      Trufaldin

      Quoi ! te mêlerais-tu d’un peu de diablerie ?

      Célie

      Non, tout ce que je sais n’est que blanche magie.

      Mascarille

      Voici donc ce que c’est. Le maître que je sers

      Languit pour un objet qui le tient dans ses fers ;

      Il aurait bien voulu du feu qui le dévore

      Pouvoir entretenir la beauté qu’il adore :

      Mais un dragon, veillant sur ce rare trésor,

      N’a pu, quoi qu’il ait fait, le lui permettre encor ;

      Et ce qui plus le gêne et le rend misérable,

      Il vient de découvrir un rival redoutable :

      Si bien que, pour savoir si ses soins amoureux

      Ont sujet d’espérer quelque succès heureux,

      Je viens vous consulter, sûr que de votre bouche

      Je puis apprendre au vrai le secret qui nous touche.

      Célie

      Sous quel astre ton maître a-t-il reçu le jour ?

      Mascarille

      Sous un astre à jamais ne changer son amour.

      Célie

      Sans me nommer l’objet pour qui son coeur soupire,

      La science que j’ai m’en peut assez instruire.

      Cette fille a du coeur, et, dans l’adversité,

      Elle sait conserver une noble fierté ;

      Elle n’est pas d’humeur à trop faire connaître

      Les secrets sentiments qu’en son coeur on fait naître.

      Mais je les sais comme elle, et, d’un esprit plus doux,

      Je vais en peu de mots te les découvrir tous.

      Mascarille

      O merveilleux pouvoir de la vertu magique !

      Célie

      Si ton maître en ce point de constance se pique,

      Et que la vertu seule anime son dessein,

      Qu’il n’appréhende plus de soupirer en vain ;

      Il a lieu d’espérer, et le fort qu’il veut prendre

      N’est pas sourd aux traités, et voudra bien se rendre.

      Mascarille

      C’est beaucoup ; mais ce fort dépend d’un gouverneur

      Difficile à gagner.

      Célie

      C’est là tout le le malheur.

      Mascarille (à part, regardant Lélie.)

      Au diable le fâcheux qui toujours nous éclaire !

      Célie

      Je vais vous enseigner ce que vous devez faire.

      Lélie (les joignant.)

      Cessez, ô Trufaldin, de vous inquiéter !

      C’est par mon ordre seul qu’il vous vient visiter,

      Et je vous l’envoyais, ce serviteur fidèle,

      Vous offrir mon service, et vous parler pour elle,

      Dont je vous veux dans peu payer la liberté,

      Pourvu qu’entre nous deux le prix soit arrêté.

      Mascarille

      La peste soit la bête !

      Trufaldin

      Ho ! ho ! qui des deux croire ?

      Ce discours au premier est fort contradictoire.

      Mascarille

      Monsieur, ce galant homme a le cerveau blessé ;

      Ne le savez-vous pas ?

      Trufaldin

      Je sais ce que je sai.

      J’ai crainte ici dessous de quelque manigance.

      (à Célie.)

      Rentrez, et ne prenez jamais cette licence.

      Et vous, filous fieffés, ou je me trompe fort,

      Mettez, pour me jouer, vos flûtes mieux d’accord.

      Scène V

      Lélie, Mascarille.

      Mascarille

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