Monsieur Lecoq. Emile Gaboriau
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Название: Monsieur Lecoq

Автор: Emile Gaboriau

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ les poings. Ah ! il lui en voulait terriblement, à ce complice, qui, ruelle de la Butte-aux-Cailles, avait fait la police prisonnière. Il ne lui pardonnait pas d’avoir osé, lui gibier, prendre le rôle de chasseur.

      – Certes, répondit-il, je reconnais sa main. Mais quel artifice a-t-il imaginé cette fois ? Qu’il se soit entendu au poste avec la veuve Chupin, rien de mieux, nous savons le moyen. Mais comment s’y est-il pris pour arriver jusqu’à Polyte, prisonnier, et étroitement surveillé ?

      Il ne disait pas toute sa pensée, il l’atténuait, et cependant M. Segmuller eut un soubresaut, en homme que surprend une proposition un peu forte.

      – Que me dites-vous là !… fit-il. Quoi ! vous pensez qu’un des employés de la prison s’est laissé corrompre ?

      Lecoq hocha la tête d’un air passablement équivoque.

      – Je ne crois rien, répondit-il, je ne soupçonne personne, surtout ; je cherche. Chupin a-t-il, oui ou non, été prévenu ?

      – Oui, à coup sûr.

      – C’est donc un fait acquis ! Eh bien ! pour l’expliquer, il faut supposer des intelligences dans la prison ou une visite au parloir.

      Il était difficile, en effet, d’imaginer une troisième alternative.

      M. Segmuller était très visiblement troublé. Il parut balancer entre plusieurs partis, puis se décidant tout à coup, il se leva et prit son chapeau en disant :

      – Je veux en avoir le cœur net, venez, monsieur Lecoq.

      Ils sortirent, et, grâce à cette étroite et sombre galerie qui met en communication « la souricière » et le Palais de Justice, ils arrivèrent en deux minutes au Dépôt.

      On venait de distribuer la pitance aux prévenus, et le directeur, tout en surveillant le service, se promenait dans la première cour avec Gévrol.

      – Dès qu’il aperçut le juge, il s’avança vers lui avec un empressement marqué.

      – Sans doute, monsieur, commença-t-il, vous venez pour le prévenu Mai ?

      – En effet.

      Du moment où il était question d’un prévenu, Gévrol crut pouvoir s’approcher sans indiscrétion.

      – J’en causais justement avec monsieur l’inspecteur de la sûreté, poursuivit le directeur, et je lui disais combien j’ai lieu d’être satisfait de la conduite de cet homme. Non-seulement il n’y a pas eu besoin de lui remettre la camisole de force, mais son humeur est changée du tout au tout. Il mange de bon appétit, il est gai comme un pinson, il plaisante avec les gardiens…

      – Bast ! fit le Général, en se voyant pincé, le désespoir l’avait pris… Puis il a réfléchi qu’il sauverait probablement sa tête, que la vie au bagne est encore la vie, et que d’ailleurs on sort du bagne.

      Le juge et le jeune policier avaient échangé un regard inquiet. Cette gaieté du soi-disant saltimbanque pouvait n’être que la suite de son rôle ; mais elle pouvait aussi venir de la certitude acquise de déjouer les investigations, et qui sait ?… de quelque nouvelle favorable reçue du dehors.

      Cette dernière supposition s’offrit si vivement à l’esprit de M. Segmuller, qu’il tressaillit.

      – Êtes-vous sûr, monsieur le directeur, demanda-t-il, que nulle communication du dehors ne peut parvenir aux prévenus qui sont au secret ?

      Ce doute parut blesser vraiment le digne fonctionnaire. Suspecter ses cachots !… Autant le suspecter lui-même ! Il ne put s’empêcher de lever les bras au ciel comme pour le prendre à témoin de ce blasphème insensé.

      – Si j’en suis sûr !… s’écria-t-il. Mais vous n’avez donc jamais visité les secrets ! Vous n’avez donc jamais vu le luxe de précautions qui les entoure, les triples barreaux, les hottes qui interceptent le jour … Et je ne compte pas le factionnaire qui nuit et jour se promène sous les fenêtres. C’est-à-dire qu’une hirondelle, une hirondelle même n’arriverait pas jusqu’aux prisonniers.

      Cette seule description devait rassurer.

      – Me voici donc tranquille, dit le juge. Maintenant, monsieur le directeur, je désirerais quelques renseignements sur un autre prévenu, un certain Chupin.

      – Ah !… je sais, un détestable garnement.

      – C’est cela. Je voudrais savoir s’il n’a pas reçu quelque visite hier.

      – Diable !… c’est qu’il va falloir que j’aille au greffe, monsieur, si je veux vous répondre avec quelque certitude. C’est-à-dire, attendez donc, voici un gardien, ce petit là-bas, sous le porche, qui peut nous renseigner. Hé ! Ferrau !… cria-t-il.

      Le surveillant appelé accourut.

      – Sais-tu, lui demanda-t-il, si le nommé Chupin a été au parloir hier ?

      – Oui, monsieur, c’est même moi qui l’y ai conduit.

      M. Segmuller eut un sourire de satisfaction, cette réponse dissipait tous les soupçons.

      – Et qui le visitait, interrogea vivement Lecoq, un gros homme, n’est-ce pas ? très rouge de figure, ayant le nez camard…

      – Faites excuse, monsieur, c’était une femme, sa tante, à ce qu’il m’a dit.

      Une même exclamation de surprise échappa au juge et au jeune policier, et ensemble ils demandèrent :

      – Comment était-elle ?

      – Petite, répondit le surveillant, boulotte, très blonde, l’air d’une bien brave femme, pas cossue, par exemple…

      – Serait-ce une de nos fugitives de là-bas ?… fit tout haut Lecoq.

      Gévrol partit d’un grand éclat de rire.

      – Encore une princesse russe, dit-il.

      Mais le juge parut goûter médiocrement la plaisanterie.

      – Vous vous oubliez, monsieur l’agent !… dit-il sévèrement. Vous oubliez que les plaisanteries que vous adressez à votre camarade arrivent jusqu’à moi !

      Le Général comprit qu’il avait été trop loin, et tout en lançant à Lecoq son plus venimeux regard, il se confondit en excuses.

      M. Segmuller ne parut pas l’entendre. Il salua le directeur, et faisant signe au jeune policier de le suivre :

      – Courez à la Préfecture, lui dit-il, et sachez comment et sous quel prétexte cette femme a obtenu la carte qui lui a permis de voir Polyte Chupin.

      Chapitre 29

      Resté seul, M. Segmuller reprit le chemin de son cabinet, guidé bien plus par l’instinct machinal de l’habitude que par une volonté délibérée.

      Toutes les facultés de son intelligence étaient à « l’affaire, » et telle était sa préoccupation, que lui, la politesse même, il oubliait de rendre les СКАЧАТЬ