Monsieur Lecoq. Emile Gaboriau
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Название: Monsieur Lecoq

Автор: Emile Gaboriau

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ style="font-size:15px;">      – En d’autres termes, reprit-il, vous refusez d’éclairer la justice.

      – Oh !… si on peut dire…

      – Laissez-moi finir. Toutes ces histoires invraisemblables de sorties, de blouses pour votre fils à raccommoder dans votre chambre, vous ne les avez inventées que pour avoir le droit de me répondre : « Je n’ai rien vu, rien entendu, je ne sais rien. » Si tel est le système que vous adoptez, je déclare qu’il n’est pas soutenable et ne serait admis par aucun tribunal.

      – Ce n’est pas un système, c’est la vérité.

      M. Segmuller parut se recueillir, puis tout à coup :

      – Décidément, vous n’avez rien à me dire sur ce misérable assassin ?

      – Mais ce n’est pas un assassin, mon bon monsieur…

      – Que prétendez-vous ?…

      – Dame !… il a tué les autres en se défendant. On lui cherchait querelle, il était seul contre trois hommes, il voyait bien qu’il n’avait pas de grâce à attendre de brigands qui….

      Elle s’arrêta court, toute interdite, se reprochant sans doute de s’être laissée entraîner, d’avoir eu la langue trop longue.

      Elle put espérer, il est vrai, que le juge n’avait rien remarqué.

      Un tison venait de rouler du foyer, il avait pris les pincettes et ne semblait préoccupé que du soin de reconstruire artistement l’édifice écroulé de son feu.

      – Qui me dira, murmurait-il, entre haut et bas, qui me garantira que ce n’est pas cet homme, au contraire, qui a attaqué les trois autres….

      – Moi, déclara carrément la veuve Chupin, moi, qui le jure !…

      M. Segmuller se redressa, aussi étonné en apparence que possible.

      – Comment pouvez-vous savoir, prononça-t-il, comment pouvez-vous jurer ? Vous étiez dans votre chambre quand la querelle a commencé.

      Grave et immobile sur sa chaise, Lecoq jubilait intérieurement. Il trouvait que c’était un joli résultat, et qui promettait, d’avoir, en huit questions, amené cette vieille rouée à se démentir. Il se disait aussi que la preuve de la connivence éclatait. Sans un intérêt secret, la vieille cabaretière n’eût pas pris si imprudemment la défense du prévenu.

      – Après cela, reprit le juge, vous parlez peut-être d’après ce que vous savez du caractère du meurtrier, vous le connaissez vraisemblablement.

      – Je ne l’avais jamais vu avant cette soirée-là.

      – Mais il était cependant déjà venu dans votre établissement ?

      – Jamais de sa vie.

      – Oh ! Oh !… comment expliquez-vous alors que, entrant dans la salle du bas, pendant que vous étiez dans votre chambre, cet inconnu, cet étranger se soit mis à crier : « Hé !… la vieille ! » Il devinait donc que l’établissement était tenu par une femme, et que cette femme n’était plus jeune ?

      – Il n’a pas crié cela.

      – Rappelez vos souvenirs ; c’est vous-même qui venez de me le dire.

      – Je n’ai pas dit cela, mon bon monsieur.

      – Si … et on va vous le prouver, en vous relisant votre interrogatoire … Goguet, lisez, s’il vous plaît.

      Le souriant greffier eut promptement trouvé le passage, et de sa meilleure voix il lut la phrase textuelle de la Chupin :

      « … J’étais en haut depuis une demi-heure, quand d’en bas on se met à m’appeler : « Hé !… la vieille ! Je descends, etc., etc. »

      – Vous voyez bien ! insista M. Segmuller.

      L’assurance de la vieille récidiviste fut sensiblement diminuée par cet échec. Mais loin d’insister, le juge glissa sur cet incident, comme s’il n’y eût pas attaché grande importance.

      – Et les autres buveurs, reprit-il, ceux qui ont été tués, les connaissiez-vous ?…

      – Non, monsieur, ni d’Ève ni d’Adam.

      – Et vous n’avez pas été surprise de voir ainsi arriver chez vous trois inconnus, accompagnés de deux femmes ?

      – Quelquefois le hasard….

      – Allons !… vous ne pensez pas ce que vous dites. Ce n’est pas le hasard qui peut amener des clients la nuit, par un temps épouvantable, dans un cabaret mal famé comme le vôtre, et situé surtout assez loin de toute voie fréquentée, au milieu des terrains vagues….

      – Je ne suis pas sorcière ; ce que je pense, je le dis.

      – Donc, vous ne connaissez même pas le plus jeune de ces malheureux, celui qui était vêtu en soldat, Gustave, enfin ?

      – Aucunement.

      M. Segmuller nota l’intonation de cette réponse, et plus lentement il ajouta :

      – Du moins, vous avez bien ouï parler d’un ami de ce Gustave, un certain Lacheneur ?

      À ce nom, le trouble de l’hôtesse de la Poivrière fut visible, et c’est d’une voix profondément altérée, qu’elle balbutia :

      – Lacheneur ?… Lacheneur ?… Jamais je n’ai entendu prononcer ce nom.

      Elle niait, mais l’effet produit restait, et à part soi, Lecoq jurait qu’il retrouverait ce Lacheneur, ou qu’il périrait à la tâche. N’y avait-il pas, parmi les pièces de conviction, une lettre de lui, écrite, on le savait, dans un café du boulevard Beaumarchais ?

      Avec un pareil indice et de la patience…

      – Maintenant, continua M. Segmuller, nous arrivons aux femmes qui accompagnaient ces malheureux. Quel genre de femmes était-ce ?…

      – Oh !… des filles de rien du tout.

      – Étaient-elles richement habillées ?…

      – Très misérablement, au contraire.

      – Bien !… donnez-moi leur signalement.

      – C’est que… mon bon juge, je les ai à peine vues … Enfin, c’étaient deux grandes et puissantes gaillardes, si mal bâties que, sur le premier moment, comme c’était le dimanche gras, je les ai prises pour des hommes déguisés en femmes. Elles avaient des mains comme des épaules de mouton, la voix cassée, et des cheveux très noirs. Elles étaient brunes comme des mulâtresses, voilà surtout ce qui m’a frappé….

      – Assez !… interrompit le juge ; j’ai désormais la preuve de votre insigne mauvaise foi. Ces femmes étaient petites, et l’une d’elles était remarquablement blonde.

      – Je vous jure, mon bon monsieur….

      – Ne СКАЧАТЬ