Jim l'indien. Gustave Aimard
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Название: Jim l'indien

Автор: Gustave Aimard

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ visage calme et souriant de son excellente femme. Un contraste harmonieux de la force un peu rude et de la bonté la plus douce. Au centre, éclairée par les plus vifs rayons de la lune, Maria, rieuse, épanouie, alerte, toujours en mouvement ; on aurait dit un lutin faisant fête à la nuit. Plus loin, Adolphe, son feutre pointu sur l’oreille, les jambes croisées, nonchalamment renversé dans son fauteuil, envoyant dans l’air, par bouffées régulières, les blanches spirales de son cigare ; Maggie, naïve et gracieuse, ses grands yeux noirs et expansifs fixés sur son cousin avec une attention curieuse, toute empreinte de grâce innocente et juvénile, ressemblant à la fée charmante de quelque rêve oriental.

      Vraiment, c’était un délicieux intérieur qui aurait séduit l’artiste le plus difficile.

      Effectivement Adolphe était ravi, surtout quand ses yeux rencontraient les regards de sa gentille cousine.

      – J’aimerais beaucoup voir ce Jim, observa-t-il après un long silence admiratif, je suppose que le surnom de Christian lui a été donné au sujet de sa conversion.

      – C’est plutôt, je crois, parce que sa conduite exemplaire lui a, mérité ce titre. Lorsque mon père l’a rencontré pour la première fois, il était très méchant, ivrogne, brutal, querelleur, et il avait tué, disait-on, plus d’un blanc. Il rodait de préférence dans les hautes régions du Minnesota, où les caravanes du commerce ont toujours couru de si grands dangers.

      – Mais, depuis, il est complètement changé ?

      – Si complètement qu’on peut dire, à la lettre, que c’est un autre homme. Il est allé jusqu’à prendre un nom anglais, comme vous voyez. Il y a quelques années, sa passion invincible était l’abus des boissons ; pour un flacon de whisky il aurait vendu jusqu’au dernier haillon qu’il avait sur le corps. Depuis sa conversion, en aucune circonstance il ne s’est laissé tenter ; il est resté sobre comme il se l’était promis.

      – C’est là un type remarquable. Par conséquent, miss Maggie, continua Adolphe en se retournant vers la jeune fille, vous admettrez que je ne me suis pas entièrement trompé dans mon appréciation du caractère indien.

      – Mais précisément l’Indien a disparu, le chrétien seul est resté.

      Cette remarque incisive était la réfutation la plus complète qui eût été opposée au système d’Halleck ; venant d’une aussi jolie bouche, elle avait pour lui autant d’autorité que si elle eut émané d’un philosophe ou d’un général d’armée.

      Il resta pendant quelques instants silencieux, en admiration devant le bon sens ingénu de la jeune fille.

      – Mais enfin, vous ne pourrez nier qu’il y ait eu des Sauvages, même non chrétiens, dont le caractère et la conduite aient été chevaleresques et nobles, de façon à mériter des éloges ?

      – Cela est fort possible, mais, sur une grande quantité d’Indiens que j’ai vus, il ne s’en est pas rencontré un seul réalisant ces belles qualités, – Ah ! mais, voici Jim en personne, qui arrive.

      La porte, en effet, venait de s’ouvrir sans bruit, l’artiste aperçut, s’avançant sous le portique, une haute forme brune enveloppée des pieds à la tète par une grande couverture blanche.

      Du premier regard, l’artiste reconnut un Indien ; la démarche assurée et confiante du nouveau venu faisait voir qu’il se sentait dans une maison amie.

      En arrivant, sa voix basse et gutturale mais agréable, fit entendre ce seul mot :

      – Bonsoir.

      Chacun lui répondit par une salutation semblable, et, sans autre discours, il s’assit sur une marche d’escalier, entre l’oncle John et Maria.

      Il accepta volontiers l’offre d’une pipe, et sembla absorbé par le plaisir d’en faire usage ; ensuite, la conversation recommença comme si aucune interruption ne fut survenue.

      Adolphe Halleck ne pouvait dissimuler l’intérêt curieux que lui inspirait ce héros du désert. Sa préoccupation à cet égard devint si apparente que chacun s’en aperçut et s’en amusa beaucoup. Il cessa de causer avec Maggie, et se mit à contempler Jim attentivement.

      Ce dernier lui tournait le dos à moitié, de façon à n’être vu que de profil, et du côté gauche. Insoucieux de la chaleur comme du froid, il était étroitement enroulé dans sa couverture ; dans une attitude raide et fière, il exposait à la clarté de la lune son visage impassible, mais dont les traits bronzés reflétaient les rayons argentés comme l’aurait fait le métal luisant d’une statue. Par intervalles ; les incandescences intermittentes de sa pipe l’éclairaient de lueurs bizarres qui accentuaient étrangement sa physionomie caractéristique.

      Cet enfant des bois avait un profil mélangé des beautés de la statuaire antique et des trivialités de la race sauvage. Lèvres fines et arquées ; nez romain, droit, d’un galbe pur autant que noble ; yeux noirs, fendus en amande, pleins de flammes voilées ; et à côté de cela, sourcils épais ; visage carré, anguleux ; front bas et étroit, fuyant en arrière. La partie la plus extraordinaire de sa personne était une chevelure exubérante, noire comme l’aile du corbeau, longue à recouvrir entièrement ses épaules comme une vraie crinière.

      Tout ce qui avait été dit précédemment sur son compte avait fortement prédisposé Halleck en sa faveur ; aussi, le jeune homme, toujours absorbé par ses romanesques illusions sur les Indiens, tomba, pour ainsi dire, en extase devant cet objet de tous ses rêves. Il s’oublia ainsi, renversé dans son fauteuil, les yeux attentifs, dilatés par la curiosité, tellement que, pendant dix minute, il oublia son cigare au point de le laisser éteindre.

      Il fallut une interpellation de Maria, plus vive que de coutume, pour le rappeler à lui ; alors il tira une allumette de sa poche, ralluma, son cigare et se penchant vers Maggie :

      – Il arrive de la chasse, n’est-ce pas ? Demanda-t-il

      – Le mois d’août n’est pas une bonne saison pour cela.

      – Comment vous êtes-vous procuré cette chair d’ours que nous avons mangée ce soir ?…

      – Par un hasard tout à fait fortuit ; et nous l’avons conservée, spécialement à votre intention aussi longtemps que le permettait la chaleur de la saison. Jim parlez-nous !

      – Hooh ! répondit le Sioux en tournant sur ses talons, de manière à faire face à la jeune fille.

      – Coucherez-vous ici cette nuit ?

      – Je ne sais pas, peut-être, répondit-il laconiquement en mauvais anglais ; puis il pivota de nouveau sur lui-même avec une précision mécanique, et se remit à fumer vigoureusement.

      – Il a quelque chose dans l’esprit, observa Maria ; car ordinairement il est plus causeur que cela, pendant le premier quart d’heure de sa visite.

      – Peut-être est-il gêné par notre présence inaccoutumée ?

      – Non ; il lui suffît de vous voir ici pour savoir que vous êtes des amis.

      – On ne peut connaître tous les caprices d’un Indien ; je suppose qu’à l’instar de ses congénères il a aussi des fantaisies et des excentricités.

      La soirée était fort avancée, M. Brainerd insinua tout doucement qu’il était СКАЧАТЬ