Jim l'indien. Gustave Aimard
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Название: Jim l'indien

Автор: Gustave Aimard

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ mon éloquence avec vous. Maggie ! ne pourriez-vous pas prendre un peu mon parti ?

      La jeune fille rougit à cette interpellation inattendue, et répondit avec une petite voix douce.

      – Je serais bien ravie, mon cousin, d’être votre alliée. Jadis, j’aurais eu un peu les mêmes idées que vous, mais une courte résidence ici a sufi pour les dissiper. Je crois, en vérité, que notre existence occidentale ne renferme aucun élément romantique.

      – Eh bien ! je ne vous parlerai plus raison puisque vous êtes tous contre moi ! Oncle John, quel gibier y a-t-il dans le Minnesota ?

      – De toute espèce. Depuis l’ours gris jusqu’à la fourmi.

      – Vous n’avez pas la prétention de me faire croire que, dans vos parages, on trouve des monstres pareils ?

      Quoi ? des fourmis ?

      – Non ; des ours grizzly.

      – On ne les voit guères hors des montagnes ; mais on rencontre assez souvent les autres espèces dans les prairies. Il n’y a pas une semaine que Maggie, en cueillant des fraises, se trouva, sans s’en douter, nez à nez avec un de ces gros messieurs bruns.

      – Vous voulez plaisanter ! s’écria Halleck dans la consternation : et, comment cela s’est-il passé ?

      – On ne pourrait dire lequel fut plus effrayé, de la fille ou de l’ours. Chacun s’est sauvé à toutes jambes ; l’ours, peut-être, court encore. En en parlant, Adolphe, voudriez-vous manger une tranche d’ours braisé ?

      – Oh ! ne me parlez pas de ça ! j’aimerais mieux manger du mulet ou du cheval !

      – Peuh ! je ne dis pas…. ces animaux ont un autre goût…. un autre fumet…

      – Je vous crois, et ne désire pas faire la comparaison. Peut-on bien supporter pareille mangeaille ! Allez donc proposer à un habitué de la ménagerie de New York des beefsteaks de Sampson l’ours qui a mangé le vieil Adam Grizzly !

      – Enfin, mon cher neveu, tu ferais comme les Indiens, après tout : et tu y prendrais goût, peut-être.

      Halleck fit une grimace négative et tendit son assiette à mistress Brainerd en disant :

      – Chère tante, veuillez me donner une petite tranche de votre excellent roastbeef ; je me sens un appétit féroce, ce soir.

      – Vous ne pouvez vous imaginer… Si c’était bien cuit, bien tendre, bien servi devant vous… observa le jeune Will avec un tranquille sourire ; vous en digéreriez très bien une portion.

      – Impossible, impossible ! je vous le répète. Il y a des choses auxquelles on ne peut se faire. Je ne suis pas difficile à contenter, cependant je sens que jamais je ne pourrai supporter pareille nourriture.

      – Mais les Indiens ?…

      – Ah ! si j’en étais un, le cas serait différent ; mais je suis dans une peau blanche, et je tiens à mes goûts.

      – Enfin ! poursuivit l’oncle John qui semblait prendre un plaisir tout particulier à insister sur ce point ; tu pourrais bien en goûter un morceau exigu, pas plus gros que le petit doigt.

      – Mon oncle ! inutile ! De l’ipécacuanha, du ricin, de l’eau-forte, tout ce que vous voudrez, excepté cet horrible régal.

      – En tout cas, vous reviendrez une seconde fois à ceci, observa mistress Brainerd en prenant l’assiette de l’artiste, avec son sourire doux et calme ; il ne faut pas que vous sortiez de table, affamé.

      – Volontiers, ma tante, bien volontiers : je suis tout honteux ce soir, d’avoir un appétit aussi immodéré, ou d’être aussi gourmand, car ce roastbeef est délicieux.

      – Ah ! mon garçon ! quelqu’un sans appétit, dans ce pays-ci, serait un phénomène ; va ! mange toujours ! reprit l’oncle John facétieusement ; je n’ai qu’un regret, c’est de ne pouvoir te convertir à l’ursophagie.

      – Voyons ! ne me parlez plus de ça ! je n’en toucherais pas une miette, pour un million de dollars.

      – Finalement, vous êtes content de votre souper ?

      – Quelle question ! c’est un festin digne de Lucullus.

      – Mon mignon ! tu n’as pas mangé autre chose que des tranches d’ours noir !

      – Ah-oo-ah ! rugit l’artiste en se levant avec furie, et prenant la fuite au milieu de l’hilarité générale.

      CHAPITRE III. UNE VISITE

      La nuit – une belle nuit du mois d’août – était splendide, calme, sereine, illuminée par une lune éclatante et pure ; l’atmosphère était transparente et d’une douceur veloutée ; il faisait bon vivre !

      Après le souper, Maggie s’était mise au piano et avait joué quelques morceaux, sur l’instante requête de l’artiste ; chacun s’était assis au hasard sous l’immense portique dont l’ampleur occupait la moitié de la maison.

      Halleck et le jeune Will fumaient leurs havanes avec béatitude ; l’oncle John avait préféré une énorme pipe en racine d’érable, dont la noirceur et le culottage étaient parfaits.

      Halleck était à une des extrémités du portail ; après lui étaient Maria et Maggie ; plus loin se trouvait Will ; venaient ensuite M. et mistress Brainerd.

      La nuit était si calme et silencieuse que, sans élever la voix, on pouvait causer d’une extrémité à l’autre de l’immense salle. La conversation devint générale et s’anima, surtout entre Maria et l’oncle John. Halleck s’adressait particulièrement à Maggie, sa plus proche voisine.

      – Maria m’a parlé d’un Indien, un Sioux, je crois, qui est grand ami de votre famille ? lui demanda-t-il.

      – Christian Jim, vous voulez dire ?…

      – C’est précisément son nom. Savez-vous où il habite ?

      – Je ne pourrais vous dire – je crois bien que sa demeure est aux environs de la Lower Agency ; en tout cas il vient souvent chez nous. Il a été converti il y a quelques années, dans une occasion périlleuse, papa lui a sauvé la vie ; depuis lors Jim lui garde une reconnaissance à toute épreuve : il nous aime peut-être encore plus que les missionnaires.

      – Un vrai Indien n’oublie jamais un service ; ni une injure, observa Halleck sentencieusement ; quelle espèce d’individu est cet Indien ?

      – Il personnifie votre idéal de l’Homme-Rouge, au moral, du moins ; sinon au physique. C’est tout ce qu’on peut rêver de noble, de bon ; mais il est grossier comme tous ceux de sa race.

      Maggie s’étonnait de soutenir si bien la conversation, contrairement à ses habitudes de silence. Elle subissait, sans s’en apercevoir, l’influence d’Halleck, dont la délicate urbanité savait mettre à l’aise tout ce qui l’entourait ; le jeune artiste avait, en outre, le don de placer la conversation sur un terrain favorable pour la personne avec laquelle il s’entretenait.

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