Jim l'indien. Gustave Aimard
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Название: Jim l'indien

Автор: Gustave Aimard

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ chacun aborda courageusement son rôle de joyeux convive.

      L’oncle John était d’humeur joviale, grand parleur, grand hâbleur, possédant la rare faculté de débiter sans rire les histoires les plus hétéroclites. Sa femme, douce et gracieuse, un peu solennelle, méticuleuse sur les convenances, grondait de temps en temps lorsque quelqu’un de la famille enfreignait l’étiquette dont elle donnait le plus parfait exemple : mais ses reproches faisaient fort minime impression sur mistress Brainerd.

      Le jeune Will, modeste et réservé pour son âge, quoiqu’il eût des dispositions naturelles à une gaîté communicative, était loin d’atteindre le niveau paternel. Maggie était extrêmement timide, parlait peu, se contentant de répondre lorsqu’on l’interrogeait, ou lorsque l’imperturbable Adolphe la prenait malicieusement à partie.

      Quant à, Maria, c’était la folle du logis ; rien ne pouvait suspendre son charmant babil ; son intarissable conversation était un feu d’artifice ; elle tenait tout le monde en joie.

      Quoiqu’on fût à la fin du mois d’août, la soirée était tiède, admirable, parfumée comme une nuit d’été.

      – Oui ! l’atmosphère est pure dans nos belles prairies de l’Ouest, dit M. Brainerd en réponse à une observation d’Halleck ; toute la belle saison est ainsi. Tu as bien fait de fuir les mortelles émanations des villes.

      – Hum ! je ne les ai pas entièrement esquivées cette année. En juin, j’étais à New York, en juillet, à Philadelphie ; il y avait de quoi rôtir !

      – Eh bien ! puisque te voilà avec nous, tu peux passer l’hiver ici. Tu auras une idée du froid le plus accompli que tu aies rencontré de l’autre côté du Mississipi.

      – Je m’aperçois que vous êtes disposés à proclamer la supériorité de cette région, en tous points ; mais si vous me prophétisez un hiver encore plus rigoureux que ceux de l’Est, je serai fort empressé de vous quitter avant cette lamentable saison.

      – Froid !… un hiver froid… Pour voir ça, il aurait fallu être ici l’année dernière. Polly ? vous souvenez-vous ? Comment trouvez-vous ceci, mon neveu ? Les yeux d’un homme gelaient instantanément, son nez se transformait en une pyramide de glace, s’il se hasardait à aspirer une bouffée d’air extérieur, en ouvrant la porte !

      – Si jamais chose pareille m’arrive, je considérerai cela comme une remarquable occurrence.

      – Oh ma femme ne l’oubliera jamais ! Un jour, le plus gros de nos porcs s’avise de sortir de l’écurie. Je le suivais par derrière, et je remarquais sa démarche ; elle devenait successivement lente et embarrassée, comme si ses nerfs s’étaient raidis intérieurement. Tout-à-coup il s’arrêta avec un sourd grognement ; il me fut impossible de le faire bouger de place ; oui, j’eus beau le tirer en long et en large, rien ne fit. Alors, je m’aperçus que ses pieds étaient gelés dans leurs empreintes, ils y étaient fixés, fermes comme rocs ; plus moyen de remuer ! Heureusement le dégel arriva au mois de février ; alors le pauvre animal put rentrer à l’écurie.

      – Combien de temps était-il resté dans cette curieuse position ?

      – Eh ! une semaine, au moins ; n’est-ce pas, Polly ?

      – Oh ! John ! fit mistress Brainerd avec un accent de reproche.

      – Bien plus ! poursuivit impitoyablement oncle John ; Maggie, ayant entrepris de jouer la fameuse sonate, Étoile et Bannière, frappa inutilement les touches, pas un son ne sortit, puis, lorsqu’on fit du feu, l’atmosphère dégela, les notes alors s’envolèrent une à une et jouèrent un air bizarre. Le même Jour, l’argent vif du thermomètre descendit si bas qu’il sortit par-dessous l’instrument, depuis lors il n’a plus pu marcher. Oui, mon pauvre Adolphe, tous les hivers nous avons des froids pareils.

      – Eh bien, mon oncle, il n’y a pas de danger que je reste ici pour les affronter, vos hivers ! Comment les Indiens peuvent-ils les supporter ?

      – Ah ? je savais bien que notre cousin ne resterait pas longtemps sans aborder ce sujet, s’écria rieusement Maria ; je m’étonnais à chaque instant de ne pas l’avoir entendu faire une question là-dessus.

      Comment ils les supportent ?… Avez-vous jamais entendu dire qu’un Indien soit mort de froid ?… Dans l’hiver dont je te parle, Christian Jim vint ici, au retour de la chasse. Ce gaillard là avait tout juste assez de vêtements pour ne pas nous faire rougir : Eh bien ! lorsque sa femme lui demande s’il avait froid, il se mit à rire et retroussa ses manches.

      – J’aimerais voir cet Indien. De quelle tribu est-il ? demanda Halleck avec une animation extraordinaire.

      – Il est Sioux ; ces gens-là pullulent autour de nous.

      – Peuplade splendide ! race noble, chevaleresque, superbe ! n’est-ce pas ?

      Pour la première fois de la soirée, l’oncle John éclata d’un rire retentissant ; la bonne mistress Brainerd, elle-même, ne put se contenir. Quant à Maria, son hilarité n’avait pas de bornes.

      – Ah çà ! mais, qu’avez-vous donc tous ?… demanda l’artiste un peu décontenancé par l’accueil fait à son interjection.

      – Dans trois mois d’ici, tu riras plus fort que nous, mon cher enfant, se hâta de dire mistress Brainerd pour le consoler ; la poésie et le romantique de tes idées ne pourront tenir devant la vulgaire réalité.

      – Quel malheur ! Maria m’en a dit autant sur le paquebot. Je croyais avoir la chance de pénétrer assez loin dans l’Ouest, pour y voir la vraie race rouge, dans sa pureté originaire.

      – Oh ! tu en trouveras, mon bon, reprit l’oncle John ; tu verras des spécimens purs dans cette région ; à première vue tu en auras assez.

      – J’aimerais à en dessiner quelques-uns… les chefs les plus soignés ?… J’ai entendu parler d’un Petit-Corbeau, lorsque j’étais à Saint-Paul. Voilà un portrait que je voudrais faire, ah ! comme j’enlèverais çà !

      – Dans mon opinion, ce sera plutôt lui qui t’enlèvera, si l’occasion se présente. C’est un diable, un brigand incarné, un vrai Sauvage.

      – À quoi doit-il sa réputation ?

      – On ne sait pas trop ; répondit Will ; à peu de chose, assurément : c’est lui qui…

      Le jeune homme s’arrêta court ; il venait de rencontrer un regard furibond de son père, appuyé d’un « Ahem » vigoureux qui fit résonner les verres.

      Ce télégramme échangé entre le père et le fils, ne fût caché pour personne ; peut-être deux ou trois convives en devinèrent la vraie signification : tous demeurèrent pendant quelques instants muets et embarrassés. À la fin, Halleck, avec la présence d’esprit et la courtoisie qui le caractérisaient, s’empressa de détourner la conversation.

      – Vous ne pourrez nier, dit-il, que les Hommes rouges n’aient fourni quelques individus remarquables, dignes d’être comparés à nos plus grands généraux ; Philippe, Pontiac, Tecumseh, et quelques autres ; sans doute il n’y en n’a pas en abondance parmi eux, mais, je voue le répète, mes amis, ce qui caractérise le Sauvage, c’est la force, vis antica ! ajouta-t-il en promenant autour de lui un regard convaincu.

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