La main froide. Fortuné du Boisgobey
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Название: La main froide

Автор: Fortuné du Boisgobey

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ voilà renseignée, Madame. Je ne vous demande pas de me rendre la pareille.

      – Je vous ai promis que plus tard vous sauriez tout. Je vous le promets encore. En attendant que je puisse tenir ma promesse, vous vous contenterez de me voir.

      – Pas chez vous, je suppose?

      – Ni chez vous, Monsieur, dit en souriant la mystérieuse blonde.

      Je vous écrirai pour vous faire savoir où nous pourrons nous rencontrer.

      Et vous ne croyez pas, je l’espère, que j’attends de vous d’autres services que ceux qu’un galant homme peut, sans déchoir, rendre à une honnête femme qui a recours à son obligeance, sinon à sa protection.

      Ce langage ferme et net fit sur Paul une impression profonde.

      Son consentement ne tenait plus qu’à un fil et s’il hésitait encore, c’est qu’un point à éclaircir lui tenait au cœur.

      – Eh! bien? demanda la dame; est-ce convenu?

      – Oui… si…

      – Quoi! il y a un: si!

      – Ne vous fâchez pas de ce que je vais vous dire…

      – C’est donc bien terrible?

      – Non… c’est enfantin… Donnez-moi votre parole d’honneur que vous n’aimez pas Jean de Mirande… que vous ne l’aimez pas… d’amour.

      – Je vous la donne. Je n’ai pas d’amour pour lui et je n’en aurai jamais.

      – Jamais, c’est beaucoup dire.

      – Je ne puis pas l’aimer. Un jour je vous apprendrai pourquoi.

      – C’est bien… je vous crois, dit gravement Paul Cormier. Je ferai tout ce que vous voudrez.

      – Merci, Monsieur!… à dater de cet instant vous pouvez compter sur moi comme je compte sur vous… et avant de nous séparer…

      – Déjà!…

      – Il le faut. Nous approchons du rond-point et je vous prierai de descendre un peu avant d’y arriver.

      – Vous craignez qu’on ne nous voie ensemble?

      – Probablement.

      – Votre mari, n’est-ce pas?

      – Prenez garde!… voilà que vous manquez à nos conventions!

      – C’est juste. Je retire ma question… et je ne recommencerai plus. Mais j’ai une grâce à vous demander… Je vais vous quitter et je ne sais quand je vous reverrai, mais vous ne me défendez pas de penser à vous.

      – Non certes.

      – Eh! bien, quand j’y penserai, ne serez-vous jamais pour moi que Madame X…? ne pourrai-je jamais rattacher ma pensée à un petit nom… celui que vous choisirez, si vous tenez à me cacher le véritable?

      – C’est enfantin, comme vous disiez tout à l’heure, répondit en riant la belle inconnue; mais je ne veux pas vous refuser cette satisfaction. Quand vous penserez à moi… eh! bien… pensez à Jacqueline.

      – Jacqueline! murmura Paul qui trouvait ce nom charmant.

      Je répéterai souvent: Jacqueline!… cela m’aidera à prendre patience jusqu’au jour où vous voudrez bien vous souvenir de moi.

      – Ne craignez pas que j’oublie, reprit vivement la dame. Mais le moment est venu de nous quitter. Il ne me reste qu’à vous dire…

      – Adieu?

      – Non. Au revoir! faites arrêter le cocher, je vous prie.

      Paul tourna le bouton d’avertissement et demanda:

      – Vous gardez la voiture, Madame?

      – Oui… je la quitterai un peu plus loin.

      Paul comprit qu’elle attendait qu’il partît pour donner l’adresse de la maison où elle allait.

      Il ouvrit la portière et il descendit.

      Il espérait que Jacqueline allait lui tendre la main, et il l’aurait baisée avec enthousiasme cette main, gantée de Suède.

      Il n’eut même pas le plaisir de la serrer, car dès qu’il fit le geste de la prendre, elle se retira vivement.

      Cette première déception n’était pas pour le mettre de bonne humeur.

      Il s’était laissé enguirlander par les douces paroles de la dame et il venait d’accepter les conditions bizarres qu’elle lui imposait.

      Il n’eut pas plutôt pris pied sur la chaussée de la grande avenue des

      Champs-Elysées qu’il changea de sentiment sur la soi-disant Jacqueline.

      Ce fut un revirement complet.

      Dans la voiture, il la trouvait adorable; il croyait à ses serments et aux histoires pleines de réticences qu’elle lui racontait.

      Depuis qu’il avait touché terre, elle lui faisait l’effet d’une intrigante et il ne se pardonnait pas de s’être laissé prendre à ses mensonges.

      – Non, disait-il entre ses dents, je ne me corrigerai jamais… les yeux d’une jolie fille m’empêcheront toujours d’y voir clair. En voilà une qui s’en va m’attendre à la sortie du Luxembourg et qui me force à monter en fiacre avec elle. Maria, l’apprentie accoucheuse, n’oserait pas en faire autant. Je me laisse emmener et au lieu de profiter de l’occasion, je la prends pour une femme du monde et j’écoute pieusement les balivernes qu’elle me débite sur mon ami Jean… Ah! ce qu’il me blaguerait, s’il me voyait lâché sur l’asphalte, pendant qu’elle se fait conduire chez un amant qui l’attend du côté du rond-point! Elle m’a joué là un bon tour, mais je la repincerai…

      Tout en s’objurguant ainsi lui-même, Paul suivait des yeux la voiture.

      Il en était descendu à la hauteur du Cirque d’Eté et il s’était avancé jusqu’au coin de l’avenue Matignon. Il la vit s’arrêter un peu plus loin, du côté de la rue Montaigne.

      La dame en sortit, paya le cocher et s’engagea, sans se retourner, mais sans trop se presser, dans l’avenue d’Antin.

      – Parbleu! je saurai où elle va, grommela Paul Cormier.

      Elle m’a fait jurer de ne pas l’interroger, mais elle ne m’a pas défendu de la suivre. Si elle s’en aperçoit, je la rattraperai et nous aurons une petite explication où je ne me gênerai pas pour lui dire son fait. Si elle ne me voit pas, je ne la lâcherai qu’à la porte de la maison où elle entrera.

      Et encore! non… je me sens très capable d’y entrer avec elle… il en arrivera ce qu’il pourra.

      Paul passait d’un excès à l’autre. Après avoir été trop timide, il devenait trop hardi.

      Il СКАЧАТЬ