La main froide. Fortuné du Boisgobey
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Название: La main froide

Автор: Fortuné du Boisgobey

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ né? demanda Paul.

      – Il ne s’est assis près de moi qu’un instant et il a trouvé le temps de dire son nom… je crois même qu’il y a ajouté son adresse.

      – Et son nom vous était connu? demanda Paul, très étonné.

      – Oh! depuis bien des années. Sa famille est une des plus anciennes et une des plus illustres du Languedoc.

      Cormier pensa tristement que la sienne ne remontait pas si loin et que sa notoriété ne s’était jamais étendue au-delà du quartier des Halles, mais il ne laissa pas voir à la dame qu’elle venait de l’humilier, sans le vouloir.

      Il se contenta de répondre:

      – Jean eût été bien fier, s’il avait su que, pour vous, il n’était pas le premier venu. Pourquoi ne le lui avez-vous pas dit?

      – Je n’avais garde… pour plusieurs raisons… la première, c’est qu’il aurait fallu me nommer… Or, si j’ai entendu parler de lui, il n’a jamais entendu parler de moi… Mon nom ne lui aurait rien appris… et d’ailleurs, menant la vie qu’il mène, il doit se soucier fort peu de me connaître.

      – Il mène la même vie que tous les étudiants… la même que moi.

      – Permettez-moi, Monsieur, de n’en rien croire. Je vous regardais quand vous avez rencontré sur la terrasse les demoiselles qui l’ont emmené… et j’ai vu que vous avez refusé de les suivre.

      – J’ai refusé, parce que je ne pensais qu’à vous.

      – Vraiment?… alors, vous n’en avez que plus de mérite à ne pas vous être conduit avec moi comme l’a fait M. de Mirande… mais, quel plaisir peut-il prendre à s’entourer de ces créatures?

      L’une d’elles est sa maîtresse, n’est-ce pas?

      – Je devrais vous répondre que je n’en sais rien, mais je veux bien vous dire la vérité… Jean n’a rien de commun avec le lierre… il ne s’attache pas.

      – Il n’y a que demi-mal.

      – Alors, vous l’approuvez de n’aimer sérieusement aucune femme?

      – Je ne dis pas cela, répliqua vivement la dame; je l’approuve de ne pas aimer à tort et à travers, mais je ne désespère pas d’apprendre un jour qu’il a trouvé enfin une femme digne de lui… et qu’il l’aime.

      – C’est la grâce que je lui souhaite. Elle ne l’a pas encore touché et elle pourra se faire attendre.

      Maintenant, Madame, oserai-je vous demander en quoi sa conversion vous intéresse?

      Et comme elle ne paraissait pas disposée à répondre, Paul reprit:

      – Je me permets de vous poser cette question parce que vous ne m’avez encore parlé que de lui.

      – N’êtes-vous pas son meilleur ami?

      – Je le crois, mais avouez que je pousserais l’amitié jusqu’à l’abnégation la plus invraisemblable, si je ne vous disais pas que je serais heureux de vous plaire et que je m’étonne d’être appelé à l’honneur de vous fournir des renseignements sur Jean de Mirande.

      Vous auriez pu les lui demander à lui-même, au lieu de l’éconduire… et je pourrais ajouter: pour qui me prenez-vous?

      La dame rougit et ce fut d’un ton peiné qu’elle répondit:

      – Pardonnez-moi, Monsieur, si je vous ai offensé. J’avais cru, en m’adressant à vous, que je pourrais, sans vous blesser, vous interroger sur M. de Mirande… et je n’ai pas craint de tenter une démarche… que j’espère ne pas avoir à regretter.

      – Oh! protesta Paul Cormier, je n’abuserai pas de la situation.

      Elle n’a cependant rien de flatteur ni d’agréable pour moi, convenez-en. Me voilà réduit au rôle de confident… et encore!… jusqu’à présent vous ne m’avez pas confié grand’chose…

      J’espérais mieux et quand vous avez bien voulu m’inviter à monter dans cette voiture, si j’avais pu prévoir qu’il ne serait question que de Mirande et de sa famille…

      – Ne vous repentez pas d’avoir fait une bonne action, interrompit la blonde inconnue.

      – Une bonne action, dites-vous?… voilà un bien gros mot!… je n’aperçois pas encore quel service j’ai pu vous rendre.

      – Un grand service… vous le reconnaîtrez plus tard et… pourquoi ne l’avouerais-je pas?… je compte vous en demander d’autres…

      – Je vous reverrai donc!

      – Oui… si vous voulez me promettre de ne pas chercher à savoir qui je suis…

      – Voilà une condition un peu dure!

      – Et de ne rien dire à votre ami.

      – Il ne m’en coûtera guère d’être discret, mais… quelle sera ma récompense, si je me soumets à l’autre condition?

      – Fiez-vous-en à ma reconnaissance et comptez qu’un jour vous saurez tout.

      – Soit! j’accepte; mais comment vous reverrai-je? Vous ne m’avez pas dit votre nom… je suppose que vous ne voulez pas me le dire… et vous ne savez pas le mien.

      – Il ne tient qu’à vous de me l’apprendre. Je m’en souviendrai, je vous le jure.

      Ce fut dit avec un accent de sincérité chaleureuse qui toucha Paul

      Cormier, sans le convaincre tout à fait.

      Il se défiait encore un peu des intentions de la dame et le rôle effacé qu’elle semblait lui réserver ne le tentait guère. Mais elle était, comme a écrit La Bruyère, si jeune, si belle et si sérieuse, qu’il se laissait aller à la croire.

      Il allait peut-être s’ouvrir pour lui ce grand monde qu’il rêvait et

      Paul n’était pas homme à refuser d’y entrer, même par une porte secrète.

      L’inconnue en était certainement et elle lui offrait d’emblée une sorte de traité d’alliance.

      Après l’amitié, l’amour viendrait peut-être et cette chance valait bien qu’il acceptât le compromis qu’elle lui proposait.

      Et pourtant sa réponse se fit attendre. Il lui en coûtait de décliner

      son nom roturier à une femme qui connaissait à fond l’armorial du

      Languedoc où figurait si brillamment l’aristocratique famille de

      Mirande.

      Il s’y décida cependant.

      C’était le seul moyen de la revoir, puisqu’elle ne voulait pas lui dire le sien.

      – Je m’appelle Paul Cormier, dit-il brusquement, comme un homme qui prend tout à СКАЧАТЬ