François de Bienville: Scènes de la Vie Canadienne au XVII siècle. Joseph Marmette
Чтение книги онлайн.

Читать онлайн книгу François de Bienville: Scènes de la Vie Canadienne au XVII siècle - Joseph Marmette страница 2

Название: François de Bienville: Scènes de la Vie Canadienne au XVII siècle

Автор: Joseph Marmette

Издательство: Bookwire

Жанр: Языкознание

Серия:

isbn: 4064066082611

isbn:

СКАЧАТЬ aussi aux encouragements donnés à l'agriculture et à l'industrie par l'intendant Talon, la Nouvelle-France était entrée dans une ère d'accroissement et de prospérité assurés. On put voir alors les forêts tomber sous la hache du bûcheron, des paroisses surgir sur les bords du Saint-Laurent, aux environs de Québec, des Trois-Rivières et de Montréal, et le pays se développer rapidement par une colonisation intelligente et active.

      Non contents de donner un vigoureux élan à l'agriculture et à l'industrie locales, M. Talon et, après lui, le gouverneur Frontenac lançaient, quelques années plus tard, Jolliet, Marquette et La Salle vers les immenses solitudes de l'Ouest, et ces expéditions allaient, par la découverte du Mississipi, agrandir considérablement le domaine de la France en ajoutant au Canada les riches contrées de la Louisiane.

      Ce développement rapide de la Nouvelle-France ne tarda pas à causer de l'ombrage aux colonies anglaises, ses voisines. Aussi les habitants de la Nouvelle-Angleterre commencèrent-ils à inciter, sourdement d'abord, les Iroquois à déclarer la guerre aux Français. En 1686, le colonel Dongan, gouverneur de la Nouvelle-York, convoquait à Albany les députés des cinq cantons iroquois, et leur persuadait que les Français avaient l'intention de faire une nouvelle incursion dans leur pays et qu'il fallait prévenir les Canadiens en les attaquant, eux et leurs alliés sauvages. Excités par ces assertions mensongères, les Iroquois reprirent le cours de leurs atrocités. Il fallait au plus tôt mater l'insolence de ces barbares, et M. de Denonville, alors gouverneur du Canada, envahit, en 1687, le territoire iroquois à la tête de huit cents soldats, de mille miliciens et de six cents sauvages. Après avoir culbuté huit cents Tsonnontouans, l'expédition battit le pays pendant dix jours, brûlant les moissons, les provisions de grain, ainsi que les bourgades principales, et s'en revint victorieuse à Québec, après avoir parcouru quatre cent soixante lieues, à travers forêts, fleuves et rivières, depuis le vingt-quatre mai jusqu'au dix août. Tel fut l'effet de cette vigoureuse mesure, que, par suite de la famine et de la terreur qui la forcèrent de se disperser, la nation des Tsonnontouans, qui comptait auparavant dix mille âmes et plus de huit cents guerriers, se trouva réduite de moitié.

      Cette sévère correction inspira d'abord une crainte salutaire aux Iroquois, qui demandèrent de nouveau la paix. Mais ceci ne faisait pas le compte du colonel Dongan qui, à force d'insinuations et d'instances, engagea derechef ces sauvages à se ruer en masse sur la colonie française.

      Pendant les années 1688 et 1689, les Iroquois firent les plus grands ravages dans le gouvernement de Montréal. Au mois d'août 1689, après une succession de massacres accomplis dans les environs de cette ville avec une cruauté inouïe, une de leurs bandes s'abattait sur Lachine, où elle égorgeait, avec des raffinements de cruauté, deux cents personnes et en emmenait cent vingt en captivité. La terreur que ces bandits inspiraient était si grande qu'ils restèrent maîtres de la campagne pendant deux mois.

      C'est à la suite de ces événements que les colons anglais se décidèrent à envahir le Canada à la fois par terre et par mer, afin d'en chasser les Français et de s'emparer du pays.

      Le récit de cette expédition fait le sujet principal de François de Bienville.

      Québec, 8 avril 1882.

       Table des matières

      Le récit qui va suivre n'est le fruit ni du caprice, ni du hasard, contrairement au grand nombre de ces œuvres légères dont notre temps est ahuri. Et, comme il n'est guère probable qu'on mette le motif qui me l'a fait écrire au compte de l'intérêt pécuniaire--il est bien établi que les lettres ne sauraient, au Canada, faire vivre, même médiocrement, le plus frugal comme le plus fécond des écrivains--je puis dire avec Montaigne, dès le début: "Cecy, lecteurs, est un livre de bonne foy."

      En voici la raison.

      Bercé, dans mon enfance, par les chants populaires et les légendes avec lesquelles on provoquait mon sommeil, déjà mon imagination s'éveillait au récit de ces histoires de loups-garous et de revenants qui font les délices des vieilles femmes et des enfants.

      Plus tard, bien que très jeune encore, je pus lire quelques romans de sir Walter Scott. Alors, quand le soir je regagnais mon lit, il me semblait entendre, dans le vent de la nuit, le son prolongé des trompettes des hérauts sonnant la fanfare d'un tournoi. Et, lorsque le sommeil venait mettre un terme à ces insomnies, je croyais quelquefois, dans un songe, ouïr les pas sonores des chevaux de hardis hommes d'armes ébranlant le pont-levis d'un antique donjon.

      Par la suite, on emprisonna mes douze ans et mes rêveries d'enfant dans les sombres murailles du collège. Passer, sans transition, d'une liberté presque absolue au sévère régime d'une captivité de dix mois, et de promenades forcées à travers les steppes arides de la syntaxe latine, en la maussade compagnie d'une caravane de pensums, c'était très dur. Mais, comme il n'est pas de désert sans oasis, je trouvai bientôt moyen d'avoir des heures charmantes en l'aimable compagnie des livres que j'aimais tant. Que de fois alors n'ai-je pas, à la barbe du maître d'étude, battu les prairies et les forêts avec Bas-de-Cuir, le héros favori de Cooper, tandis que mes compagnons de misère se piquaient aux chardons du "jardin des racines grecques!" Combien de fois, en classe, n'ai-je pas fait le coup de feu contre les sauvages du Mexique avec le Coureur des bois de Louis de Bellemare, alors que mon maître biffait un onzième solécisme dans mon dernier thème latin, et que mon voisin de droite s'endormait doucement à la cadence monotone d'une décade rétive aux freins de la mémoire!

      Vint un jour enfin, où, lassé par la lecture exclusive de ces fictions, je me mis à lire l'histoire de mon pays. Aux émouvants récits des luttes, des aventures et des souffrances de nos aïeux, tout l'enthousiasme de mes jeunes ans, toutes les facultés de mon imagination se concentrèrent sur ces faits aussi brillants que vrais; et, à mesure que j'avançais en la lecture de ces pages attachantes, une idée qui m'était venue tout d'abord, surgissait, croissait, grandissait en moi: c'était de rendre populaires, en les dramatisant, des actions nobles et glorieuses que tout Canadien devrait connaître.

      C'est dans le premier essor de cette pensée que j'écrivis, il y a cinq ans, ma Nouvelle Charles et Eva. J'avais alors vingt ans; à cet âge, on ne doute de rien, et l'on ne sait pas grand'chose. Aussi y a-t-il plus de bonne volonté que de mérite et de style dans cette malheureuse Nouvelle, qui n'en est pas une.

      Mais le lecteur fut assez bon pour ne se point fâcher, et donna même un bienveillant sourire à cette tentative dans un genre encore peu exploité dans notre pays.

      Enhardi СКАЧАТЬ