La fiancée du rebelle: Épisode de la Guerre des Bostonnais, 1775. Joseph Marmette
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Название: La fiancée du rebelle: Épisode de la Guerre des Bostonnais, 1775

Автор: Joseph Marmette

Издательство: Bookwire

Жанр: Языкознание

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isbn: 4064066085148

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СКАЧАТЬ il passa les deux pouces dans les boutonnières de son habit, et s'éloigna de Marc ahuri.

      Les éclats de voix de Cognard, l'air humilié de Marc avaient attiré l'attention de l'assistance qui, tout en feignant de danser ou de causer, n'avait cependant pas perdu un seul geste de cette pantomime significative. Aussi cette scène désagréable et déplacée jeta-t-elle du froid sur les invités qui, ne pouvant plus ramener la gaîté dans le bal, commencèrent bientôt à se retirer. Peut-être aussi avait-on grand'hâte de causer tout à l'aise de cet évènement imprévu et encore plein de mystère.

      Marc avait d'abord éprouvé un fou désir de bondir le premier hors de cette maison inhospitalière. Il contint pourtant, mais par des efforts surhumains, les flots de colère qui bouillonnaient en lui. Il voulait presser une dernière fois la main d'Alice que sa belle-mère et deux ou trois autres femmes entouraient déjà de leurs consolations indiscrètes, bien qu'elles ne sussent encore trop la cause du différend qui venait d'avoir lieu entre M. Cognard et le jeune homme.

      Après avoir erré pendant dix minutes, la mort dans l'âme, parmi les hommes qui étaient groupés dans une partie de la chambre, et répondu tranquillement aux questions insignifiantes qu'on lui posait pour ne point paraître avoir remarqué sa mésaventure, profita de la sortie de trois ou quatre couples afin de se retirer.

      Mais avant de quitter la place, il traversa la chambre et rompant le cercle des femmes qui entouraient Alice de leurs attentions hypocrites, il lui tendit la main en lui disant d'une voix dans laquelle tremblait un sanglot:

      —Au revoir, Mademoiselle.

      —Adieu! Monsieur, s'empressa de répondre la grincheuse madame Cognard que son mari venait de mettre au courant de la situation, et qui planait dans une atmosphère de bonheur. Pour la digne marâtre, voir sa belle-fille humiliée, malheureuse, était une jouissance paradisiaque.

      Marc ne daigna seulement pas regarder cette vipère qui sifflait en essayant de le mordre, mais il jeta un coup d'oeil plein de mépris sur le capitaine Evil qui lui jetait un regard vainqueur.

      Après avoir fait quelques pas en revenant dans la rue Sainte-Anne, Marc s'arrêta, s'adossa contre la muraille d'une maison voisine et, fiévreux, tremblant de rage, attendit.

      Au bout de quelques minutes, la porte de la demeure de M. Cognard s'ouvrit de nouveau pour laisser couler le dernier flot des invités.

      Marc put voir sortir et reconnut, grâce à la gerbe de lumière qui s'épandait du vestibule au dehors, celui-là même qu'il attendait. Il laissa se reformer la porte et marcha à l'encontre des personnes qui venaient vers lui, et qui, surprises de voir arriver au milieu d'elles un homme que l'obscurité subite où elles se trouvaient plongées les empêchait de reconnaître immédiatement, s'écartèrent un peu de leur chemin pour laisser passer l'intrus.

      Marc Evrard alla droit à Evil qui ne l'avait pas d'abord plus reconnu que les autres, et d'une voix vibrante:

      —Je vous prends tous à témoins, s'écria-t-il, que le capitaine James

       Evil que voici, est un calomniateur et un lâche! En foi de quoi, moi,

       Marc Evrard, je lui donne le soufflet que voici.

      Un bruit sec, suivi d'un sonore juron anglais, prouvèrent aussitôt que le jeune homme avait ainsi fait qu'il venait de le dire.

      L'officier, un instant frappé de stupeur, dégaina et bondit en avant. Mais les témoins de cette scène se jetèrent entre les deux adversaires afin de les séparer.

      Marc n'avait qu'une canne légère. Il attendait résolument l'officier qui, l'épée au poing, voulait, criait-il, ouvrir le ventre l'insolent.

      —Pour l'amour de Dieu, Evrard, allez-vous-en! dit l'un de ceux qui ne contenaient Evil qu'avec effort. Et vous, capitaine, n'allez pas égorger un homme désarmé et aveuglé par la colère.

      —Je ne tiens plus à rester ici, puisque j'y ai fait ce que j'avais décidé, repartit Marc Evrard. Avant de m'éloigner je dirai cependant au capitaine Evil que je serai toujours à ses ordres pour appuyer mon dire et mon soufflet d'un bon coup d'épée.

      Evrard tourna le dos et s'éloigna tranquillement tandis que les autres s'évertuaient à faire entendre raison à Evil éperdu de rage.

      Quand les pas d'Evrard se furent un peu perdus dans l'éloignement, le capitaine, laissé plus libre, put avancer avec ceux qui l'accompagnaient en le retenant encore.

      On arrivait au coin de la rue du Trésor. James Evil parut se calmer. Les assistants, qui demeuraient tous à la haute ville, s'engagèrent dans la ruelle en souhaitant le bonsoir à l'officier qui poursuivit son chemin dans la direction du château, après avoir grommelé un adieu plus ou moins courtois.

      A peine les autres l'avaient-ils quitté que le capitaine hâta le pas. Il

       avait aperçu trois ombres qui remontaient de la rue du Fort au château

       Saint-Louis. Il fit quelques pas en courant et jeta un cri de joie.

       C'étaient trois officiers de son régiment.

      —Êtes-vous de service? leur demanda-t-il.

      —Nous venons de terminer notre ronde, répondirent les autres.

      —Bien! Dans ce cas venez avec moi. Un maraud de Canadian vient de m'insulter. Il faut lui en faire demander pardon à grands coups de plat d'épée. Allons vite! Il ne peut être loin et je sais où il demeure.

      —Allons! dirent les autres enchantés d'une pareille affaire. Et tous prirent le chemin de la basse ville.

      Marc Evrard laissait la côte de Lamontagne et s'engageait, dans la descente rapide où l'on a construit depuis l'escalier qui descend dans la rue Champlain. Il allait, ballotté entre la crainte de voir son amour à jamais compromis et le plaisir d'une vengeance plus qu'à moitié satisfaite, lorsqu'un bruit de pas précipités qui se rapprochaient de lui, le tira de sa rêverie.

      Il n'en fit pas immédiatement grand cas et s'engagea dans la rue

       Sous-le-Fort.

      Ceux qui le poursuivaient l'avaient aperçu au tournant de la rue. Ils roulèrent plutôt qu'ils ne descendirent jusqu'à la rue Sous-le-Fort.

      Au tapage que faisaient les quatre hommes, Marc se retourna; il était en face de sa maison.

      Mais eût-il voulu s'y réfugier qu'il n'en aurait pas eu le temps; les quatre assaillants s'interposaient entre la porte et lui.

      Marc vit que la retraite était interceptée. Il recula jusqu'à la maison d'en face contre laquelle il s'adossa pour n'être pas entouré tout à fait. D'un mouvement rapide, il avait en même temps dégrafé son manteau et l'avait enroulé autour de son bras gauche. Avec ce manchon et sa canne pour toutes armes défensives et offensives, il attendit l'attaque des assaillants, qui tombèrent sur Evrard avec furie en voyant qu'il songeait à se défendre.

      Tout en parant les premiers coups avec l'habileté d'un homme a qui les ressources de l'escrime ne sont pas inconnues, Marc leva les yeux. Les fenêtres du premier étage de sa demeure, au-dessus du magasin, étaient éclairées.

      —Célestin! cria Marc Evrard, de toute la force de СКАЧАТЬ