Petite légende dorée de la Haute-Bretagne. Paul Sébillot
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Название: Petite légende dorée de la Haute-Bretagne

Автор: Paul Sébillot

Издательство: Bookwire

Жанр: Языкознание

Серия:

isbn: 4064066083694

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СКАЧАТЬ jour saint Clément, portant son ancre au cou, voulut traverser la grève entre Saint-Servan et Saint-Malo; mais la grande marée le surprit, et comme le poids de son ancre l'empêchait de se sauver, il se noya.

      Un an après, la mer se retira plus que d'habitude, et une femme, qui pêchait au bas de l'eau, vit le corps de saint Clément étendu auprès d'un rocher, et aussi frais que s'il venait de se noyer. Elle reconnut qu'il était saint, et posant son enfant, qu'elle avait amené avec elle, elle s'agenouilla auprès du cadavre et pria jusqu'à ce que la mer vint mouiller ses pieds. Elle n'eut que le temps de s'enfuir en toute hâte, oubliant son enfant près du corps du saint.

      L'année suivante la mer se retira encore, et la femme vint au bas de l'eau, à l'endroit où elle avait vu le corps de saint Clément. Lorsqu'elle y arriva, son fils dormait à la place où elle l'avait laissé un an auparavant; bientôt il se réveilla, se frotta les yeux et se mit à appeler sa mère.

      On assure aussi que lorsque saint Clément fut noyé il surgit une chapelle auprès de son corps.

      Ce récit, qui a été recueilli dans les environs de Saint-Malo, diffère, par les détails seulement, d'un épisode de la vie de saint Clément qu'on peut lire dans la Légende dorée (éd. Brunet, t. II, p. 205-6). Dans la version de Jacques de Voragine, le saint, au lieu de se noyer par accident, est jeté à la mer par un persécuteur. Le miracle de la mer qui se retire a disparu du récit populaire, qui l'a remplacé par le phénomène beaucoup plus naturel des marées d'équinoxe qui découvrent de si vastes espaces; l'épisode de l'enfant est, aux détails près, semblable à celui de la légende du littoral, qui pourrait bien avoir été empruntée à la vie de saint Clément, très populaire comme on le sait parmi les gens de la mer. Peut-être aussi a-t-il circulé un livret de colportage où la vie du saint, extraite de la Légende dorée, aura surtout reproduit les épisodes de la vie de saint Clément qui sont en relation avec la mer.

       Table des matières

      Saint Clément et les vents

      Il y avait une fois un capitaine de Saint-Cast qui sortit du port de Saint-Malo pour se rendre à Terre-Neuve. Comme il passait près du Légeon, il vit sur le rocher un homme qui appelait au secours. Il fit aussitôt mettre la chaloupe a l'eau et le naufragé fut amené à bord.

      En ce temps-là il n'y avait pas de vent sur la mer, et les navires étaient obligés d'aller dans le sens du courant, ou bien on les faisait marcher à force de rames. On avait jeté l'ancre pour recueillir le naufragé, et le capitaine dit à ses matelots d'aller se coucher en attendant que la marée permît de recommencer la route. Il se trouva alors seul avec l'homme qu'il venait de sauver, et celui-ci lui dit:

      —Où allez-vous, capitaine?

      —À Terre-Neuve.

      —À Terre-Neuve! je ne vous vois pas arrivé.

      —J'arriverai avec le temps, et j'espère faire une bonne année.

      —Je puis vous porter chance, dit le naufragé; mais il faut que pour cette fois, vous renonciez au voyage de Terre-Neuve.

      —Quelle idée avez-vous là! s'écria le capitaine, si je ne vais pas au banc, que deviendront ma femme et mes enfants?

      —Ils n'y perdront rien, bien au contraire; ramenez-moi à Saint-Malo et je vous enseignerai mon secret.

      Le capitaine fit lever l'ancre et revint à Saint-Malo. Le naufragé lui dit alors:

      —Vous avez entendu parler des vents, capitaine?

      —Oui, et j'ai même ouï dire que le roi donnerait son plus beau vaisseau au marin qui pourrait les amener sur l'Océan.

      —Hé bien! si vous voulez m'écouter, c'est vous qui aurez le beau vaisseau du roi. Vous allez partir pour le pays des vents, et ils vous suivront; mais auparavant, il faut que je vous dévoile mon secret. Lorsque j'étais sur le rocher, je me serais bien sauvé tout seul si j'avais voulu, car je suis un saint puissant et je m'appelle saint Clément; mais j'ai voulu voir si vous aviez bon cœur, et, puisque vous m'avez secouru, il est juste que je vous récompense. Approchez votre bouche de la mienne.

      Le capitaine obéit, le saint lui souffla dans la bouche et lui dit:

      —Depuis que les vents sont vents, c'est moi qui les gouverne et ils m'obéissent. Quand vous serez en leur présence, vous n'aurez qu'à siffler, et il vous obéiront comme à moi. Vous les ferez monter à votre bord, et quand ils seront sur l'Océan, vous aurez le beau navire du roi.

      Le capitaine remercia le saint, qui disparut aussitôt. Il partit pour le pays des vents, et il fut longtemps à aller, car les marées n'étaient pas toujours favorables et les matelots se lassaient de ramer sans cesse. Enfin on arriva au pays des vents. Le capitaine descendit à terre, et quand il fut en présence des vents, il dit à Nord, leur chef:

      —Capitaine, il y a longtemps que vous êtes dans ce pays, ainsi que vos matelots; j'ai reçu l'ordre de vous emmener ailleurs et je viens vous chercher.

      Nord, qui ne voulait pas suivre le capitaine, se mit en colère, et lui et tous ses matelots soufflèrent sur le pauvre capitaine, qu'ils faisaient tourbillonner en l'air comme une feuille morte. Il se rappela alors le pouvoir que lui avait donné saint Clément, et il siffla de toute sa force; aussitôt les vents s'apaisèrent, devinrent doux comme des moutons, et le suivirent à bord.

      Le navire ne mit pas grand temps à se rendre en France, car les vents soufflèrent constamment sur les voiles; on marchait aussi bien de flot que de jusant, et les matelots étaient joliment contents de n'avoir plus à tirer sur les avirons.

      Le capitaine débarqua les vents à terre; ils se dispersèrent sur l'Océan, où depuis ils ont toujours soufflé, et grâce à eux les matelots n'ont plus besoin de ramer pour faire avancer les navires.

      Le roi de France était bien content; il fit venir le capitaine et lui donna son plus beau vaisseau. Le capitaine cessa de naviguer peu de temps après, et il resta à vivre à Saint-Cast, avec sa femme et ses enfants. En reconnaissance du service que saint Clément lui avait rendu, il fit placer sa statue dans l'église paroissiale où elle est toujours restée depuis.

      (Paul Sébillot. Légendes de la Mer, t. II, p. 136).

      Lorsqu'il fait tout calme les matelots de la Haute-Bretagne invoquent souvent

      Saint Clément

       Qui gouverne la mer et le vent.

      et ils lui disent:

      Bien heureux saint Clément

       Donnez-nous du vent.

      Après avoir sifflé, ils lui font une petite prière; s'il ne se hâte pas de faire souffler la brise, ils se mettent à jurer, l'insultant et l'appelant Pierrot.

      Autrefois à Saint-Cast, lorsque les marins avaient fait bonne pêche, ou s'ils n'avaient pas été contrariés dans leur voyage, ils allaient porter de la raie à saint Clément. Cette coutume est tombée en désuétude.

      On racontait naguère СКАЧАТЬ