Petite légende dorée de la Haute-Bretagne. Paul Sébillot
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Название: Petite légende dorée de la Haute-Bretagne

Автор: Paul Sébillot

Издательство: Bookwire

Жанр: Языкознание

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isbn: 4064066083694

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СКАЧАТЬ que la sainte eut mis le pied en Angleterre, elle disparut si subitement qu'on ne sut ce qu'elle était devenue. Elle traversa pourtant la mer, et de Saint-Cast on la vit marcher sur l'eau. Quand elle aborda, elle n'avait point les pieds mouillés, et elle alla d'elle-même se replacer dans sa niche, qui était alors dans une vieille maison. Celle-ci s'écroula, mais la statue n'eut d'autre mal qu'une égratignure au doigt. Depuis le lieu de la côte anglaise d'où elle partit jusqu'à Saint-Cast, il y a sur la mer une trace blanche qu'on appelle le chemin de Sainte-Blanche.

      La Vie des saints de Bretagne fait mention d'une sainte Blanche, épouse de saint Fracan, qui vivait à Ploufragan au Ve siècle, et qui est fêtée le 30 octobre; aucun des épisodes de notre légende n'y figure.

      On raconte que jadis un habitant de Saint-Cast, étant tombé dangereusement malade, fit un vœu à sainte Blanche, et lui promit de faire repeindre sa statue que la fumée avait toute noircie. Dès qu'il fut guéri, il porta la statue chez un peintre auquel il raconta sa maladie et son vœu. Le peintre lui dit que ce n'était pas difficile, et il assura à son client que dans huit jours la statue serait aussi fraîche que lorsqu'elle était neuve. Le lendemain il se mit à l'ouvrage, et ayant voulu placer un peu de peinture rose sur les joues de la sainte, il lui fut impossible de la faire tenir; après avoir essayé à plusieurs reprises, il vit bien que la sainte voulait garder son nom et qu'elle ne voulait souffrir ni rose ni rouge sur sa figure.

      La statuette de sainte Blanche est encore à l'Isle de Saint-Cast; elle se trouve dans une maison située auprès de l'endroit où était sa chapelle. Elle a soixante centimètres environ de hauteur, et elle tient à la main une petite baguette. On voit souvent à côté, de petits bonnets que les mères offrent pour que leurs enfants soient préservés des croûtes à la tête.

      Sainte Blanche est invoquée à Saint-Cast pour la guérison du mal blanc, qui se nomme aussi le mal Sainte-Blanche; il consiste en une infinité de petits boutons qui couvrent entièrement le corps. On vient tremper les chemises des malades à une fontaine dite de sainte Blanche, au bas de la falaise. Une chapelle et une fontaine, qui sont dédiées à cette sainte, se trouvent près de l'abbaye en ruine de Lantenac, dans la forêt de Loudéac. Elle a tous les jours de nombreux visiteurs. On y vient de fort loin, tellement l'eau est réputée favorable à la guérison de cette maladie. Il faut boire un peu de cette eau et porter une chemise qui ait été trempée dans la fontaine, et toujours séchée à l'ombre: il ne faut pas oublier une prière et l'offrande à la bienheureuse. Il est recommandé aussi de ne pas négliger le culte de saint Froumi et de saint Pontin dont les images se trouvent aux côtés de sainte Blanche. (Revue des Traditions populaires, t. IV, p. 164).

       Table des matières

      Les taches de la mer et les saints

      Les légendes qui attribuent à des épisodes de la vie des saints les taches qui se voient sur la mer sont assez nombreuses en Haute-Bretagne. Aux environs de Saint-Malo on appelle «Sentes de la Vierge», des espèces de sentiers d'une couleur plus blanche, dont la teinte laiteuse tranche sur le bleu de la mer; quand on les voit distinctement, les pêcheurs se réjouissent, parce que l'on croit que c'est la trace du passage de la bonne Vierge, qui descend sur les flots agités, et passe rapidement un peu partout pour les calmer.

      M. E. Herpin a inséré dans son livre la Côte d'Emeraude, une légende qui se rattache au fait historique de la bataille de 1758. Bien que j'aie longtemps séjourné à Saint-Cast, je ne l'y ai jamais entendue, ce qui ne veut pas dire qu'elle y soit inconnue.

      Au moment de la bataille, une belle dame blanche s'éleva dans l'air, sortant du vieux puits de Saint-Cast; c'était la sainte Vierge qui jusqu'alors avait vécu sous la forme d'une petite statue dans la niche étroite creusée dans la pierre du vieux puits. Elle s'envolait vers la mer, si vite, si vite, allant et venant au bord du rivage, qu'on eût dit un long voile de mousseline qui se déroulait sans fin, une étrange traînée de brouillard planant au ras du flot, mystérieuse, indécise, impalpable. Et à distance, ce long voile de mousseline, cette étrange traînée de brouillard semblait être la crête des dunes. Voilà pourquoi tous les canons anglais tirèrent trop haut, durant la bataille.

      Les longues traînées blanches qui se croisent, s'entrelacent et se déroulent sont, dit la légende, l'ineffaçable sillage qu'a laissé sur l'azur du flot la robe miraculeuse de la Vierge lorsqu'elle glissait comme une céleste apparition, au long des vaisseaux anglais, pour leur voiler nos gars embusqués dans les dunes.

      Dans la baie de Fresnaye (Côtes-du-Nord), quand le temps est calme et la mer haute, on voit une marque blanche qu'on appelle le «Sillon de saint Germain». Voici son origine: au temps jadis la statue de ce saint, auquel est dédiée, à l'extrémité de la commune de Matignon, une chapelle, débris d'une ancienne église paroissiale et but d'un pèlerinage annuel, se trouvait à Plévenon, le jour où devait avoir lieu le pèlerinage; il faisait si mauvais temps qu'aucun bateau ne pouvait se risquer sur la mer. Pour ne pas contrarier les fidèles qui étaient venus à sa chapelle, la statue du saint se mit en mouvement, et traversa la mer toute seule. Le sillon blanc est la trace de ses pas. Dans la même baie une autre raie se nomme «Chemin de saint Jean».

      À Frégéac, vers l'embouchure de la Vilaine, est la petite chapelle de saint Jacques: quelquefois, lorsque le vent souffle vers l'amont de la rivière de Vilaine, il pousse devant lui un rouleau d'écumes que les habitants du pays appellent le «Chemin de saint Jacques»: c'est la route que suivit le saint lorsque remontant la Vilaine en marchant sur les eaux, il voulut s'arrêter à Rieux.

      (Paul Sébillot. Légendes de la mer, t. I, p. 184).

      On trouvera un peu plus loin une version de cette légende plus détaillée.

       Table des matières

      Saint Riowen marchant sur les eaux

      Saint Riowen, moine du monastère de Redon, vers l'an 837, est devenu depuis une époque très reculée, patron de la frairie de la Haye, en Avessac, où son souvenir est encore conservé dans la dénomination du village de Rozrion (tertre de Rion ou Riowen) et dans celle du Domaine de saint Riowen (matrice cadastrale, section B, nº 1593).

      Saint Riowen, dit la tradition locale, aimait tout particulièrement Avessac et surtout les bords de la Vilaine, qu'il remontait souvent pour venir soulager ou soigner les malheureux.

      Un jour que les eaux, grossies par la marée et la tempête, avaient emporté sa petite barque pendant qu'il était à soigner un pauvre, on le vit, après une courte prière, marcher sur les eaux à pied sec, et, s'avançant sur les flots, gagner ainsi sans crainte son monastère de Redon. Aussi, est-il souvent invoqué, dans les mauvais temps, par les bateliers du Don et de la Vilaine et les pêcheurs d'anguilles de Murain.

      (Traditions locales recueillies par le marquis de l'Estourbeillon).

      La Vie des saints de Bretagne relate plusieurs miracles de personnages marchant sur l'eau, et parmi eux celui de Riowen, moine de la suite de saint Convoyon qui, n'ayant pas trouvé de bateau, traverse ainsi la Vilaine; saint Guénolé frappe la mer avec son bourdon et elle devient solide comme un chemin.

       Table СКАЧАТЬ