Mémoires d'un cambrioleur retiré des affaires. Galopin Arnould
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Название: Mémoires d'un cambrioleur retiré des affaires

Автор: Galopin Arnould

Издательство: Bookwire

Жанр: Языкознание

Серия:

isbn: 4064066083403

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СКАЧАТЬ situation s'aggrave lorsqu'on y doit rester des heures comme c'était mon cas.

      La nuit vint; j'entendis fermer les portes... Les minutes s'écoulaient, lentes, lentes! et j'avais l'impression, à la longue, de revivre les millénaires qui nous séparent de la première dynastie.

      J'étais fort indécis en somme... Comment sortirais-je de là? Je n'avais encore rien trouvé lorsque, vers minuit, j'entendis les gardiens pénétrer dans la salle. Ils s'arrêtèrent, se mirent à causer et, n'ayant rien de mieux à faire, j'écoutai.

      On sait quels étaient leurs propos. La contemplation prolongée de la reine Tia, les considérations funèbres qui s'ensuivirent, la nuit, la solitude et le naturel superstitieux de l'un d'eux les mettaient dans un état d'infériorité certaine.

      Ce me fut une inspiration. Plutôt que de compter sur le hasard qui pourrait bien ne point se manifester, je résolus de mettre à profit l'énervement de mes deux gêneurs et de frapper un grand coup.

      C'est alors que je commençai à remuer doucement dans mon sarcophage.

      L'effet fut prompt et rassurant... Les gardiens avaient peur... Ils n'étaient plus à craindre. Je graduai mes effets de terreur en souriant de leur épouvante... Alors, bien sûr de moi, je poussai l'audace jusqu'à m'évader de mon coffre, je ne dirai pas à leur nez, car ils fuyaient déjà à toutes jambes. J'étais libre de mes mouvements et seul dans cette salle tout à l'heure trop bien surveillée.

      N'avais-je pas raison de proclamer plus haut ma foi dans l'influence que peut avoir le Merveilleux?

      Cependant je n'étais pas au bout de mes peines. Il me fallait gagner la galerie d'Apollon, où je savais qu'était exposé le Régent, mais que je savais aussi spécialement gardée par un veilleur de nuit.

      Je me lançai provisoirement sur les traces de mes deux nigauds, de ce pas subreptice et silencieux qui convient au fantôme d'un Pharaon.

      Je vis bien, en traversant une salle, que mon apparition faisait quelque impression sur un gardien probablement dérangé dans son sommeil... L'alarme allait être donnée; je ne pouvais songer d'ailleurs à me risquer à l'aveuglette dans la galerie d'Apollon, et comme je venais d'arriver en haut de l'escalier de la Victoire, je m'aperçus que l'on avait là, fort à propos, reconstitué certain portique orné de deux cariatides provenant, je crois, des ruines de Delphes.

      Ce détail a peu d'importance; ce qui en avait plus pour moi, c'est qu'on avait, au fond de ce portique, tendu un rideau à la grecque dans le dos des deux cariatides.

      Je me cachai derrière ce rideau et attendis.

      J'assistai dans cet incognito qui me sied au conciliabule d'un homme à grosse voix et de mes deux gardiens de la salle des Antiquités Egyptiennes, puis je compris que le veilleur des diamants était appelé et convié à se joindre à la ronde.

      Alors je sortis doucement de ma cachette et revins à pas de loup vers la Rotonde.

      Tout le monde était occupé à discuter dans la salle des momies.

      Moi, le plus doucement possible, je gagnai la galerie d'Apollon... Elle était vide, comme je m'en doutais.

      Vite, ma petite lampe de poche, mon diamant de vitrier! Les feux du Régent guident ma main à travers la vitrine... Zzz!... Zzz!... Zzz!... Zzz!... quatre coups de diamant en rectangle... Je colle un paquet de mastic sur la partie délimitée... Je tire à moi, la vitrine est ouverte!... Je recueille le Régent, le mets dans mon gousset, puis j'ouvre sans bruit une fenêtre à laquelle j'attache la cordelette de soie qui ne me quitte jamais, et je me lance dans le vide.

      Il était temps; des pas se rapprochaient.

      Que l'on se figure, si l'on peut, la joie d'un heureux cambrioleur arrivant sans accroc, au pied du mur du Louvre, avec le Régent dans sa poche!...

       Table des matières

      OU IL EST PROUVÉ UNE FOIS DE PLUS QUE L'HOMME N'EST QU'UN JOUET ENTRE LES MAINS DU DESTIN

      Je vois d'ici le lecteur sourire et je devine la pensée qui lui est venue à l'esprit.

      Il se dit évidemment: «Quel être naïf que ce cambrioleur qui se figure pouvoir convertir en espèces un diamant connu de tous... Mais le premier marchand auquel il l'offrira le fera tout de suite arrêter, c'est certain.»

      Non, ce n'est pas si certain que cela. Voyons, vous supposez bien qu'un homme de mon acabit, un professionnel du cambriolage ne se serait pas risqué à tenter un coup comme celui-là, s'il n'avait su d'avance où placer le «produit de son travail». Je ne suis plus un novice et la discrétion que j'observe en toutes choses m'a valu la confiance, je dirai plus, l'amitié de certain négociant d'Amsterdam qui s'entend, comme pas un, à tailler le diamant.

      C'est à lui que je m'adresserai. Il partagera le Régent en plusieurs morceaux et le vendra ainsi au détail, en prélevant, comme il est juste, pour sa part, une sérieuse commission. Tout compte fait, il me reviendra de cette vente quelques petits millions que je saurai employer, je vous prie de le croire.

      Edith, d'ailleurs, m'aidera de son mieux, car pour gaspiller l'argent, elle n'a pas sa pareille.

      Puisque je viens de prononcer le nom d'Edith, je crois que je ne dois plus tarder à vous la présenter. Edith est ma maîtresse, une maîtresse ravissante, exquise, jolie, comme le sont les Anglaises quand elles se mettent à être jolies. Je l'ai connue à Ramsgate où j'étais allé me reposer un peu des fatigues du métier, il y a de cela un an, et j'avoue que, depuis notre première rencontre, elle a toujours fait preuve d'une fidélité vraiment exemplaire. De plus, et cela est aussi très appréciable, aucun nuage n'est venu ternir notre lune de miel.

      Bien entendu, je n'ai jamais révélé ma profession à Edith, car les femmes, si parfaites qu'elles soient, ont toujours une tendance à trop bavarder et, bien que je m'honore de pratiquer le cambriolage, j'ai craint qu'elle n'éprouvât quelque répugnance pour cette sorte d'art que réprouve une morale trop étroite. Elle me croit, sinon riche, du moins fort à l'aise et ignore, la pauvre chatte, que les deux billets de mille francs qui se trouvent dans mon secrétaire constituent pour l'instant toute ma fortune.

      C'est, vous le devinez, à Edith que je songeais en regagnant pédestrement mon domicile, là-haut, sur la butte Montmartre.

      La période de morte-saison que je venais de traverser ne m'avait pas permis de m'installer, comme je le souhaitais, dans un quartier aristocratique, mais bientôt ce désir se trouverait exaucé, grâce au Régent, et George-Edgar Pipe, au lieu d'habiter un petit logement meublé de deux cents francs par mois, aurait son hôtel à lui, ses domestiques, son auto.

      Alors, les gens qui aujourd'hui le regardaient avec mépris, ambitionneraient l'honneur de lui être présentés, car à Paris, comme à Londres, cela est un fait constant, on ne s'inquiète guère de savoir comment les gens se sont enrichis. Les moyens employés pour parvenir importent peu, c'est le résultat qui est tout.

      Or, le «résultat», je l'avais là, dans la poche de mon gilet, sous la forme d'un petit polyèdre que je palpais amoureusement, de temps à autre, entre le pouce et l'index.

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