Les douze nouvelles nouvelles. Arsène Houssaye
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Название: Les douze nouvelles nouvelles

Автор: Arsène Houssaye

Издательство: Bookwire

Жанр: Языкознание

Серия:

isbn: 4064066074029

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СКАЧАТЬ des pages folles que je cache bien vite dans ce chiffonnier. Mais je n'ai peur de rien, j'ai pleuré toutes mes larmes et je me vengerai....

      —Voyons, voyons, ma Janina.... Un million de dot! une figure d'ange! Et ton mari te trompe; mais n'es-tu pas vengée en pensant qu'il te trompe avec une drôlesse sans orthographe, celle qu'on appelle la Faramineuse.

      —Hélas! à quoi me sert-il de savoir la grammaire, si ce n'est à conjuguer le verbe je souffre à tous les temps.

      —Ne te désole pas, nous arrangerons cela.

      Un silence.

      —Que veux-tu que je fasse? J'ai tout tenté pour reconquérir Fernand. Il est affolé par cette fille. Ah! quel est donc son secret pour l'enchaîner ainsi?

      —L'amour n'a pas de secret; c'est l'amour, voilà tout.

      —Et quand on pense qu'on a supprimé les lettres de cachet! Ah! si j'étais roi, comme j'enverrais toutes ces coquines à Saint-Lazare.

      —Il est vrai qu'il n'y a plus de place!

      Encore un silence!

      Tout d'un coup, Mme Hamilton bondit sur son fauteuil comme la pythonisse sur son trépied.

      —Euréka! pour dire un mot grec en latin.

      —Tu as trouvé?

      —Oui. Dans les naufrages, il faut tout risquer. Puisque c'est ici le naufrage de ton bonheur, mets les chaloupes à la mer.

      —Pourquoi ces métaphores hors de propos?

      —C'est que je lis des romans. Écoute bien. Tu vas aller de ce pas à l'hôtel du Louvre, où il n'y a jamais de Parisiens, car ce n'est pas comme au Grand-Hôtel. Tu écriras à la Faramineuse,—on dit qu'elle s'appelle Caroline Berlin.—Tu la prieras de venir te trouver pour une affaire qui l'intéresse. N'oublie pas de signer ta lettre: princesse Pacinska, ou Pacinskoff.

      —Eh bien! quand j'aurai cette fille sous la main?

      —Je sais bien que tu auras envie de la mettre en pièces. Mais il faudra que tu aies le courage de lui sourire...

      A cet instant, le valet de chambre annonça la comtesse d'Oriac, une femme austère, qui ne riait plus, peut-être parce qu'elle avait trop ri. Sur quoi, Mme Hamilton salua et s'éloigna en toute hâte.

      —Pardonnez-moi, madame, dit Janina à la nouvelle venue, je cours après cette folle, car j'ai un mot à lui dire.

      La jeune mariée rejoignit Mme Hamilton, qui lui dit en quelques mots ce qu'elle devait faire à l'hôtel du Louvre.

      —Tu es toquée, dit Janina en éclatant de rire pour cacher ses larmes.

       Table des matières

      Ce qui n'empêcha pas Janina d'aller à l'hôtel du Louvre.

      C'est là que se passe la seconde scène, dans une de ces chambres bien numérotées qui font la joie d'une étrangère et qui feraient le désespoir d'une Parisienne.

      Elle avait écrit à la Faramineuse, par la main de Mme Hamilton.

      Il n'y avait pas une heure qu'elle attendait, quand Caroline Bertin, qui ce jour-là n'avait rien à faire, vint en personne pour répondre à la lettre d'appel, inquiétée d'ailleurs par ce singulier autographe.

      Dès que la jeune femme entendit frapper, elle noua un double voile. Elle ouvrit et se mit à contre-jour pour parler à Caroline Bertin.

      —Mademoiselle, j'arrive de Russie. Je sais que vous êtes à la mode et je ne m'en étonne point en vous voyant. Vous faites la pluie et le beau temps dans les régions de la galanterie. Voulez-vous que je vous donne dix mille francs pour...

      —Donnez toujours, princesse, nous verrons après. C'est que le mari de Janina n'était pas si généreux. Il fallait lui arracher les billets de cinq cents francs. La jeune mariée déploya dix billets de mille francs comme si elle eût déployé son éventail. La Faramineuse les saisit avec ivresse.

      —Tout ce qu'il vous plaira, madame.

      Caroline Bertin s'attendait à recevoir une déclaration à bout pourtant.

      —Mademoiselle, je sais votre vie intime. Vous avez pour amant le vicomte de***, qui a été le mien. Je veux le voir sans l'avertir. Faites-moi le sacrifice de m'ouvrir pour cette nuit votre chambre à coucher, où vous ne serez pas.

      —De tout mon coeur, princesse.

      —A quelle heure rentre votre amant?

      —Il vient toujours à minuit et demi.

      —Eh bien! je serai là avant minuit.

      Disposez tout pour que la comédie soit bien jouée; je donnerai cinq cents francs à votre femme de chambre. Naturellement, il n'y aura pas une bougie allumée; il n'y aura pas même une bougie dans la chambre à coucher, car je ne veux pas être reconnue.

      Caroline Bertin était silencieuse. Elle ne voulait pas rendre les dix mille francs, mais elle ne voulait pas perdre le vicomte. Enfin, une idée folle lui passant pas l'esprit, elle parut se résigner.

      —Soyez tranquille, princesse. J'ai une petite gueuse de femme de chambre qui est trop futée pour faire une bêtise... Donnez-moi toujours les cinq cents francs... Ça lui donnera du coeur à l'ouvrage.

      Naturellement, elle trouvait que ce serait de la folie de donner plus de cinq louis à une femme de chambre.

      Janina, qui déjà n'avait pas une haute estime pour la Faramineuse, lui donne cinq cents francs sous un regard de pitié.

      —Donc, à minuit, dit-elle.

      Caroline Bertin tendit la main à Janina, qui ne daigna pas comprendre; la jeune femme voulait bien qu'on lui tendît la main pour recevoir de l'argent, mais non pour serrer la sienne.

      En descendant le grand escalier de l'hôtel du Louvre, la courtisane rencontra le prince Rio.

      —D'où viens-tu, Caroline?

      La Faramineuse prit un air mystérieux pour conter l'histoire au prince.

      —Voilà un mari heureux! s'écria-t-il en riant.

      —Prince, vous avez votre coupé, mettez-moi à ma porte pour causer un peu.

      Que se dirent-ils?

      Cependant la pseudo-princesse éclatait en sanglots.

      Est-il possible que je vais jouer cette comédie? Oh! non, je ne la jouerai pas.

      Elle s'offensa de toute sa dignité.

      —Et СКАЧАТЬ