Les douze nouvelles nouvelles. Arsène Houssaye
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Название: Les douze nouvelles nouvelles

Автор: Arsène Houssaye

Издательство: Bookwire

Жанр: Языкознание

Серия:

isbn: 4064066074029

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СКАЧАТЬ poussa un cri, car elle reconnut dans son fiancé Arthur Dupont.

      C'était lui, toujours lui. Elle se détourna et laissa tomber l'anneau nuptial qu'il lui avait mis au doigt.—Vision! dit-elle en dominant son émotion.

      En effet, la figure du mort avait disparu sous celle du vivant.

      Laure eut une demi-heure de calme; mais, dans la sacristie, quand, tout le monde vint la féliciter, elle vit passer dans le premier groupe de ses amis Arthur Dupont, plus enjoué que jamais.—Ah! dit-elle, c'est une obsession!

      Après la messe, un lunch, avant que les époux prissent le train de Venise.

      Comment se fit-il qu'au milieu des violettes et des rosés-thé, sur un surtout sculpté et ciselé par un maître anonyme, elle vit la tête d'Arthur Dupont?

      Elle détourna les yeux; une seconde fois elle vit ce visage exsangue, les yeux ouverts. Il semblait qu'il la regardât avec une désolation railleuse.

      Elle ne put s'empêcher de dire à son mari:

      —Voyez donc!

      Mais elle ne vit plus que des rosés-thé et des violettes.

      Le soir, on coucha à Fontainebleau, où déjà les attendaient le valet de chambre et la femme de chambre.

      On avait fait un grand feu dans une chambre à coucher, qui portait le nom de chambre nuptiale, parce qu'elle a abrité je ne sais combien de jeunes épousées. Ah! les horribles chambres nuptiales que ces salles d'auberge que choisissent aujourd'hui les mariés de haut parage, ceux-là qui ont des hôtels et des châteaux!

      Mlle de Montaignac se résigna à la mode, tout en regrettant son adorable cabinet de toilette, qui eût empêché Eve d'écouter le serpent. Elle se déshabilla lentement, comme une jeune fille qui fait tomber à ses pieds, une à une, deux par deux, toutes ses illusions.

      Laure avait oublié les visions funèbres quand, tout à coup, elle entendit marcher derrière elle. La chambre était dans le demi-jour; elle se retourna.

      —Ah! s'écria-t-elle avec terreur.

      C'était Arthur, toujours Arthur; il venait, souriant, une fleur d'oranger à sa boutonnière.

      Laure s'était jetée de côté, plus morte que vive; mais le mort souriait toujours.

      Il remua les lèvres, mais il ne parla point.

      La mariée, dans l'épouvante, avait mis ses mains sur ses yeux. Quand elle les rouvrit, elle reconnut que ce n'était plus Arthur. Son mari lui prit doucement la main et l'appuya sur son coeur. «Ah! j'ai peur, j'ai peur, dit-elle.»

      Les bougies s'éteignirent. La femme de chambre, l'oreille à la porte, entendit, par intermittences, ces paroles de terreur passionnée: «O mon ami, aimez-moi toujours, reprenez-moi dans vos bras!»

      Mlle de Montaignac ne voulut pas s'appeler Mme Dupont, mais celle de ses amies qui m'a conté l'histoire m'a dit en riant: «Arthur lui apparaît si souvent la nuit que son premier enfant sera un Dupont!»

       Table des matières

       Table des matières

       Table des matières

       Table des matières

      La scène se passe au beau milieu du tout-Paris, boulevard Malesherbes, dans un somptueux appartement.

      Madame s'ennuie dans sa chambre à coucher et s'impatiente en voyant la pendule, qui lui semble marcher à rebours. Elle caresse son beau lévrier et regarde par la fenêtre. Mais il ne vient pas!

      Heureusement elle entend résonner le timbre. «Oh! qui que tu sois, j'attends!»

      Et, pour commencer, qu'est-ce que Madame? C'est une jolie jeune femme qui soupire sur trois années de mariage. Son mari est charmant, quand il est là,—mais il n'est jamais là!—Pourquoi? puisque sa femme est charmante. Une douce pâleur, légèrement bistrée sous les yeux; des lèvres rouges qui ne sont pas peintes et qui ont faim; la passion les agite, comme les ailes du nez, qui est d'un millimètre trop court, mais qui est bien dessiné. Les lèvres, qui ne se touchent pas tout à fait, permettent de voir, comme dans un écrin, des dents qui voudraient mordre. Le menton s'accuse un peu trop; mais quelle adorable volupté dans les ondulations du cou, sous les vagues rebelles des cheveux noirs!

      Si nous étions au bal, nous en verrions bien d'autres; je pourrais peindre tout à loisir—puisque je le verrais—le sein provocant de Janina, c'est le nom de la jeune mariée;—je pourrais peindre les épaules et les bras dans toute la volupté de leur frémissement, brûlés par les flammes vives de la valse. Mais, Janina étant chez elle et non chez les autres, je ne veux pas être indiscret.

      Cependant, le valet de chambre annonce Mme Hamilton, une Américaine francisée qui court le monde parisien à toute vapeur.

      Elle n'a pas une seconde à elle, tant elle est à ses bonnes oeuvres. Elle se jetterait au feu pour faire le bien, si elle avait le temps. Ses bonnes oeuvres sont de plus d'une sorte. Curieuse comme Ève, elle veut être de tout; prenant sa part des chagrins comme sa part des joies, elle brouille les amoureux, sauf à les raccommoder. Elle ne permet pas qu'on fasse rien sans elle. Celle-là n'est pas jolie; voilà pourquoi sa vie est si occupée—pour les autres.

      Elle entre chez Janina comme une petite bourrasque.

      —Ah! ma chère amie, tu ne sais pas ce qui m'arrive?... Mais que vois-je?... tu as pleuré!... Es-tu folle de ne pas prendre gaiement la vie, dans une si jolie chambre à coucher!

      Cette chambre à coucher était tendue de peluche bleue, piquée de broderies Louis XIII. L'ameublement contrastait, puisque c'était du pur Louis XVI, en bois laqué blanc, filets rose tendre ou bleu de ciel, dans le ton du plafond légèrement azuré et semé de nuages touchés par l'aurore.

      Mme Hamilton embrassa Janina.

      —Comment, mamour, tu t'ennuies ici? Ah! si j'avais comme toi ce beau lit estrade à baldaquin, cette armoire à trois battants où tu peux te voir trois fois dans ses glaces biseautées. Et ce secrétaire pour écrire de ton style à la Sévigné. Et ce chiffonnier pour cacher tes lettres. Heureuse femme!

      Janina soupira.

      —Ah! СКАЧАТЬ