Conscience. Hector Malot
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Название: Conscience

Автор: Hector Malot

Издательство: Bookwire

Жанр: Языкознание

Серия:

isbn: 4064066089078

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СКАЧАТЬ qu'il était chez lui. Si secret qu'il soit, un homme d'affaires ne peut pas se cacher de son clerc: ce n'est pas seulement de coquineries que Caffié est coupable, c'est aussi de vrais crimes; je t'assure qu'il a mérité dix fois la mort. Pour gagner cent francs il est capable de tout: il faut qu'il gagne, qu'il amasse, rien que pour le plaisir d'amasser, puisqu'il n'a ni enfant ni parent, ni héritier.

      —Eh bien, je te promets de me tenir sur mes gardes, comme tu me le conseilles; mais, si coquin que puisse être Caffié, je crois que je dois accepter le concours qu'il m'a offert. Qui sait ce qui peut se produire pendant le temps qu'il me fera gagner? Car je n'ai pas à te dire, n'est-ce pas, que je connais d'avance sa réponse pour le prêt que je lui ai demandé: il n'aura trouvé personne.

      —Je viendrai quand même demain soir pour connaître cette réponse.

       Table des matières

      Bien que Saniel ne se fit pas d'illusion sur la réponse de Caffié, il alla le lendemain, à la même heure que la veille, sonner à la porte de l'homme d'affaires.

      Comme la veille, il eut à attendre assez longtemps avant que la porte s'ouvrît; à la fin il entendit un pas traînant sur le carreau.

      —Qui est là? demanda la voix de Caffié.

      Aussitôt que Saniel eut répondu, le pène fut tiré.

      —Comme je n'aime pas être dérangé le soir par des importuns, dit Caffié, je n'ouvre pas toujours; mais j'ai pour mes clients un signal qui me permet de les reconnaître: après avoir sonné, vous frappez du doigt trois coups également espacés contre le bois de la porte.

      Pendant cette explication, Saniel était entré dans le cabinet de l'homme d'affaires.

      —Vous êtes-vous occupé de ma demande? dit-il après un moment d'attente, car Caffié paraissait décidé à ne pas engager l'entretien le premier.

      —Oui, mon cher monsieur, j'ai couru toute la matinée pour vous; je ne néglige jamais mes clients, leur affaire est la mienne.

      Il fit une pause.

      —Alors? demanda Saniel.

      Caffié donna à sa physionomie une expression désolée.

      —Que vous avais-je dit, mon cher monsieur, rappelez-vous-le, je vous prie? Une expérience comme la mienne ne parle pas à la légère, faites-moi l'honneur de le croire. Eh bien, ce que j'avais prévu s'est réalisé: partout la même réponse: l'aléa est trop grand; personne n'en veut courir la chance.

      —Même pour un gros intérêt?

      —Même pour un gros intérêt: il y a tant de concurrence dans votre profession? Moi, je crois à votre avenir et je vous l'ai prouvé par ma proposition; mais, moi, je ne suis que l'intermédiaire et non le bailleur de fonds, malheureusement.

      Caffié avait insisté sur le mot «ma proposition» et du regard il l'avait encore soulignée; mais Saniel ne parut pas avoir compris.

      —Et l'assignation du tapissier? demanda-t-il.

      —Soyez tranquille de ce côté, j'ai agi aussi; votre propriétaire, à qui il est dû un terme, va intervenir, et il faudra que votre créancier le désintéresse avant d'aller plus loin. S'y résignera-t-il? C'est à voir. Si oui, nous nous défendrons sur un autre terrain. Je ne dis pas victorieusement, mais enfin de façon à gagner du temps.

      —Combien de temps?

      —Ça, mon cher monsieur, je ne peux pas le savoir: la chose dépend de notre adversaire et de ses conseils. D'ailleurs, qu'entendez-vous par «combien de temps»: l'éternité?

      —J'entends jusqu'au mois d'avril.

      —Alors c'est bien l'éternité. Croyez-vous donc être en mesure de vous libérer au mois d'avril? Si vous avez cette espérance—reposant sur des garanties—il faut le dire, mon cher monsieur.

      Cette question fut posée d'un ton tout à fait bienveillant auquel Saniel se laissa prendre.

      —Je n'ai pas ces garanties, dit-il; mais, par contre, il serait pour moi d'une importance capitale que l'affaire traînât jusque-là. Comme je vous l'ai expliqué, je suis à la veille de passer deux concours; ils durent trois mois; et en mars, au plus tard en avril, je puis être médecin des hôpitaux et agrégé de la Faculté. Si cela est, j'offrirai alors une surface aux prêteurs qui vous permettra sans doute de me trouver la somme nécessaire pour payer Jardine et les frais qui auront été faits, y compris vos honoraires.

      A mesure qu'il parlait, Saniel comprenait qu'il avait tort de se livrer ainsi; cependant il alla jusqu'au bout.

      —Je serais indigne de votre confiance, mon cher monsieur, répondit Caffié, si je vous entretenais dans l'idée que nous pourrons gagner cette époque. Quoi qu'il m'en coûte,—et il m'en coûte beaucoup, je vous assure,—je dois vous dire que c'est impossible, radicalement impossible: quelques jours, oui, peut-être quelques semaines, mais c'est tout.

      —Eh bien, obtenez-moi ces quelques semaines, dit Saniel en se levant, ce sera toujours quelque chose.

      —Et après?

      —D'ici là, nous verrons.

      —Mon cher monsieur, ne partez pas; vous ne sauriez croire combien vivement votre position me touche; je ne pense qu'à vous. Quand j'ai vu que décidément je ne pouvais pas vous trouver la somme dont vous avez besoin, j'ai été faire une petite visite amicale à ma jeune cliente, celle dont je vous ai parlé...

      —Qui a reçu une éducation supérieure dans un couvent à la mode?

      —Précisément; et je lui ai demandé ce qu'elle penserait d'un jeune médecin plein d'avenir, futur professeur à la Faculté, actuellement considéré déjà comme un savant de premier ordre, beau garçon—car vous êtes beau garçon, mon cher monsieur, ce n'est point de la flatterie de le constater,—de bonne santé, paysan de naissance, qui se présenterait comme mari. Elle a paru flattée, je vous le déclare franchement. Mais tout de suite elle m'a dit: «Et le petit?» A quoi j'ai répondu que je vous savais trop grand, trop noble, trop généreux pour n'avoir point cette indulgence des hommes supérieurs qui leur fait accepter avec sérénité une faute involontaire. Ai-je été trop loin?

      Il n'attendit pas la réponse:

      —Non, n'est-ce pas? Justement, le petit était là, car la mère veille sur lui avec une sollicitude toute pleine de promesse pour l'avenir, et j'ai pu l'examiner à mon aise. Bien fragile, mon cher monsieur; il tient de son père, le pauvre bébé, et je doute que malgré tout votre savoir de médecin vous puissiez le faire vivre: si par malheur sa mort arrive, comme ce n'est que trop à craindre assurément, elle ne nuira pas à votre réputation: vous donnez les soins, n'est-ce pas, non la vie!

      —A propos de soins, interrompit Saniel, qui ne voulait pas répondre, avez-vous fait ce que je vous ai conseillé?

      —Pas encore. Les pharmaciens de ce quartier sont des égorgeurs patentés; mais j'irai ce СКАЧАТЬ