En famille. Hector Malot
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Название: En famille

Автор: Hector Malot

Издательство: Bookwire

Жанр: Языкознание

Серия:

isbn: 4064066088835

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СКАЧАТЬ est là…. Mais j'ai espoir, … tu te feras aimer;… il est impossible qu'on ne t'aime pas…. Alors tes malheurs seront finis.»

      Elle joignit les mains et son regard prit une expression d'extase:

      «Je te vois, … oui je te vois heureuse…. Ah! que je meure avec cette pensée, et l'espérance de vivre à jamais dans ton coeur.»

      Cela fut dit avec l'exaltation d'une prière qu'elle jetait vers le ciel; puis aussitôt, comme si elle s'était épuisée dans cet effort, elle retomba sur son matelas, à bout, inerte, mais non syncopée cependant, ainsi que le prouvait sa respiration pantelante.

      Perrine attendit quelques instants, puis, voyant que sa mère restait dans cet état, elle sortit. À peine fut-elle dans l'enclos qu'elle éclata en sanglots et se laissa tomber sur l'herbe: le coeur, la tête, les jambes lui manquaient pour s'être trop longtemps contenue.

      Pendant quelques minutes elle resta là brisée, suffoquée, puis, comme malgré son anéantissement la conscience persistait en elle qu'elle ne devait pas laisser sa mère seule, elle se leva pour tâcher de se calmer un peu, au moins à la surface, en arrêtant ses larmes et ses spasmes de désespoir.

      Et par le clos qui s'emplissait d'ombres elle allait, sans savoir où, droit devant elle ou tournant sur elle-même, ne contenant ses sanglots que pour les laisser éclater plus violents.

      Comme elle passait ainsi devant le wagon pour la dixième fois peut-être, le marchand de sucre qui l'avait observée sortit de chez lui, deux bâtons de guimauve à la main et s'approchant d'elle:

      «Tu as du chagrin, ma fille, dit-il d'une voix apitoyée.

      — Oh! monsieur…

      — Eh bien, tiens, prends ça, — il tendit ses bâtons de sucre, les douceurs c'est bon pour la peine.»

       Table des matières

      L'aumônier des dernières prières venait de se retirer, et Perrine restait devant la fosse, quand la Marquise, qui ne l'avait pas quittée, passa son bras sous le sien:

      «Il faut venir, dit-elle.

      — Oh! Madame….

      — Allons, il faut venir», répéta-t-elle avec autorité.

      Et lui serrant le bras, elle l'entraîna.

      Elles marchèrent ainsi pendant quelques instants, sans que Perrine eût conscience de ce qui se passait autour d'elle et comprît où l'on pouvait la conduire: sa pensée, son esprit, son coeur, sa vie étaient restés avec sa mère.

      Enfin on s'arrêta dans une allée déserte et elle vit autour d'elle la Marquise qui l'avait lâchée, Grain de Sel, La Carpe et le marchand de sucre, mais ce fut vaguement qu'elle les reconnut: la Marquise avait des rubans noirs à son bonnet, Grain de Sel était habillé en monsieur et coiffé d'un chapeau à haute forme, La Carpe avait remplacé son éternel tablier de cuir par une redingote noisette qui lui descendait jusqu'aux pieds, et le marchand de sucre sa veste de coutil blanc par un veston de drap; car tous, en vrais Parisiens qui pratiquent le culte de la Mort, avaient tenu à se mettre en grande tenue pour honorer celle qu'ils venaient d'enterrer.

      «C'est pour te dire, petite, commença Grain de Sel, qui crut pouvoir prendre le premier la parole comme étant le personnage le plus important de la compagnie, c'est pour te dire que tu peux loger au Champ Guillot tant que tu voudras sans payer.

      — Si tu veux chanter avec moi, continua la Marquise, tu gagneras ta vie: c'est un joli métier.

      — Si tu aimes mieux la confiserie, dit le marchand de sucre de guimauve, je te prendrai: c'est aussi un joli métier, et un vrai.»

      La Carpe ne dit rien, mais avec un sourire de sa bouche close et un geste de sa main qui semblait présenter quelque chose, il exprima clairement l'offre qu'il faisait à son tour: à savoir que toutes les fois qu'elle aurait besoin d'une tasse de bouillon, elle en trouverait une chez lui, et du fameux.

      Ces propositions s'enchaînant ainsi emplirent de larmes les yeux de Perrine, et la douceur de celles-là lava l'âcreté de celles qui depuis deux jours la brûlaient.

      «Comme vous êtes bons pour moi! murmura-t-elle.

      — On fait ce qu'on peut, dit Grain de Sel.

      — On ne doit pas laisser une brave fille comme toi sur le pavé de

       Paris, répondit la Marquise.

      — Je ne dois pas rester à Paris, répondit Perrine, il faut que je parte tout de suite pour aller chez des parents.

      — T'as des parents? interrompit Grain de Sel en regardant les autres d'un air qui signifiait que ces parents-là ne valaient pas cher; où sont-ils tes parents?;

      — Au delà d'Amiens.

      — Et comment veux-tu aller à Amiens? Tu as de l'argent?

      — Pas assez pour prendre le chemin de fer; c'est pourquoi j'irai à pied.

      — Tu sais la route?

      — J'ai une carte dans ma poche.

      — Ta carte te donne-t-elle ton chemin dans Paris pour trouver la route d'Amiens?

      — Non; mais si vous voulez me l'indiquer…»

      Chacun s'empressa de lui donner cette indication, et ce fut une confusion d'explications contradictoires auxquelles Grain de Sel coupa court.

      «Si tu veux te perdre dans Paris, dit-il, tu n'as qu'à les écouter. V'là ce que tu dois faire: prendre le chemin de fer de ceinture jusqu'à la Chapelle-Nord; là tu trouveras la route d'Amiens, que tu n'auras plus qu'à suivre tout droit; ça te coûtera six sous. Quand veux-tu partir?

      — Tout de suite; j'ai promis à maman de partir tout de suite.

      — Il faut obéir à ta mère, dit la Marquise. Pars donc, mais pas avant que je t'embrasse; tu es une brave fille.»

      Les hommes lui donnèrent une poignée de main.

      Elle n'avait plus qu'à sortir du cimetière, cependant elle hésita et se retourna vers la fosse qu'elle venait de quitter; alors la Marquise, devinant sa pensée, intervint:

      «Puisqu'il faut que tu partes, pars tout de suite, c'est le mieux,

      — Oui pars», dit Grain de Sel.

      Elle leur adressa à tous un salut de la tête et des deux mains dans lequel elle mit toute sa reconnaissance, puis elle s'éloigna à pas pressés, le dos tendu comme si elle se sauvait.

      «J'offre un verre, dit Grain de Sel.

      — Ça ne fera pas de mal», répondit la Marquise.

      Pour la première fois La Carpe lâcha une parole et dit:

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