Les liaisons dangereuses. Choderlos de Laclos
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Название: Les liaisons dangereuses

Автор: Choderlos de Laclos

Издательство: Bookwire

Жанр: Языкознание

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isbn: 4064066073763

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СКАЧАТЬ du moins l’honneur de l’avoir entrepris.

      Vous saurez donc que le président est en Bourgogne, à la suite d’un grand procès (j’espère lui en faire perdre un plus important). Son inconsolable moitié doit passer ici tout le temps de cet affligeant veuvage. Une messe chaque jour, quelques visites aux pauvres du canton, des prières du matin et du soir, des promenades solitaires, de pieux entretiens avec ma vieille tante et quelquefois un triste wisk devaient être ses seules distractions. Je lui en prépare de plus efficaces. Mon bon ange m’a conduit ici pour son bonheur et pour le mien. Insensé! je regrettais vingt-quatre heures que je sacrifiais à des égards d’usage. Combien on me punirait en me forçant de retourner à Paris! Heureusement il faut être quatre pour jouer au wisk, et comme il n’y a ici que le curé du lieu, mon éternelle tante m’a beaucoup pressé de lui sacrifier quelques jours. Vous devinez que j’ai consenti. Vous n’imaginez pas combien elle me cajole depuis ce moment, combien surtout elle est édifiée de me voir régulièrement à ses prières et à sa messe. Elle ne se doute pas de la divinité que j’y adore.

      Me voilà donc, depuis quatre jours, livré à une passion forte. Vous savez si je désire vivement, si je dévore les obstacles; mais ce que vous ignorez c’est combien la solitude ajoute à l’ardeur du désir. Je n’ai plus qu’une idée; j’y pense le jour et j’y rêve la nuit. J’ai bien besoin d’avoir cette femme pour me sauver du ridicule d’en être amoureux, car où ne mène pas un désir contrarié? O délicieuse jouissance, je t’implore pour mon bonheur et surtout pour mon repos. Que nous sommes heureux que les femmes se défendent si mal! Nous ne serions auprès d’elles que de timides esclaves. J’ai dans ce moment un sentiment de reconnaissance pour les femmes faciles qui m’amène naturellement à vos pieds. Je m’y prosterne pour obtenir mon pardon et j’y finis cette trop longue lettre. Adieu, ma très belle amie, sans rancune.

      Du château de..., 5 août 17**.

       Table des matières

      La Marquise de MERTEUIL au Vicomte de VALMONT.

      Savez-vous, vicomte, que votre lettre est d’une insolence rare, et qu’il ne tiendrait qu’à moi de m’en fâcher? Mais elle m’a prouvé clairement que vous aviez perdu la tête, et cela seul vous a sauvé de mon indignation. Amie généreuse et sensible, j’oublie mon injure pour ne m’occuper que de votre danger; et quelque ennuyeux qu’il soit de raisonner, je cède au besoin que vous en avez dans ce moment.

      Vous, avoir la présidente Tourvel! mais quel ridicule caprice! Je reconnais bien là votre mauvaise tête qui ne fait désirer que ce qu’elle croit ne pas pouvoir obtenir. Qu’est-ce donc que cette femme? Des traits réguliers si vous voulez, mais nulle expression; passablement faite, mais sans grâces; toujours mise à faire rire avec ses paquets de fichus sur la gorge et son corps qui remonte au menton! Je vous le dis en amie, il ne vous faudrait pas deux femmes comme celle-là pour vous faire perdre toute votre considération. Rappelez-vous donc ce jour où elle quêtait à Saint-Roch et où vous me remerciâtes tant de vous avoir procuré ce spectacle. Je crois la voir encore, donnant la main à ce grand échalas en cheveux longs, prête à tomber à chaque pas, ayant toujours son panier de quatre aunes sur la tête de quelqu’un et rougissant à chaque révérence. Qui vous eût dit alors que vous désireriez cette femme? Allons, vicomte, rougissez vous-même et revenez à vous. Je vous promets le secret.

      Et puis, voyez donc les désagréments qui vous attendent! Quel rival vous avez à combattre? Un mari! Ne vous sentez-vous pas humilié à ce seul mot? Quelle honte si vous échouez! et même combien peu de gloire dans le succès! Je dis plus: n’en espérez aucun plaisir. En est-il avec les prudes? j’entends celles de bonne foi: réservées au sein même du plaisir, elles ne vous offrent que des demi-jouissances. Cet entier abandon de soi-même, ce délire de la volupté où le plaisir s’épure par son excès, ces biens de l’amour ne sont pas connus d’elles. Je vous le prédis: dans la plus heureuse supposition, votre présidente croira avoir tout fait pour vous en vous traitant comme son mari, et dans le tête-à-tête conjugal le plus tendre on reste toujours deux. Ici c’est bien pis encore; votre prude est dévote et de cette dévotion de bonne femme qui condamne à une éternelle enfance. Peut-être surmonterez-vous cet obstacle, mais ne vous flattez pas de le détruire: vainqueur de l’amour de Dieu, vous ne le serez pas de la peur du Diable; et quand, tenant votre maîtresse dans vos bras, vous sentirez palpiter son cœur, ce sera de crainte et non d’amour. Peut-être, si vous eussiez connu cette femme plus tôt en eussiez-vous pu faire quelque chose; mais cela a vingt-deux ans et il y en a près de deux qu’elle est mariée. Croyez-moi, vicomte, quand une femme s’est encroûtée à ce point, il faut l’abandonner à son sort: ce ne sera jamais qu’une espèce.

      C’est pourtant pour ce bel objet que vous refusez de m’obéir, que vous vous enterrez dans le tombeau de votre tante et que vous renoncez à l’aventure la plus délicieuse et la plus faite pour vous faire honneur. Par quelle fatalité faut-il donc que Gercourt garde toujours quelque avantage sur vous? Tenez, je vous en parle sans humeur: mais, dans ce moment, je suis tentée de croire que vous ne méritez pas votre réputation; je suis tentée surtout de vous retirer ma confiance. Je ne m’accoutumerai jamais à dire mes secrets à l’amant de Mme de Tourvel.

      Sachez pourtant que la petite Volanges a déjà fait tourner une tête. Le jeune Danceny en raffole. Il a chanté avec elle; et, en effet, elle chante mieux qu’à une pensionnaire n’appartient. Ils doivent répéter beaucoup de duos, et je crois qu’elle se mettrait volontiers à l’unisson: mais ce Danceny est un enfant qui perdra son temps à faire l’amour et ne finira rien. La petite personne, de son côté, est assez farouche, et, à tout événement, cela sera toujours beaucoup moins plaisant que vous n’auriez pu le rendre; aussi j’ai de l’humeur et sûrement je querellerai le chevalier à son arrivée. Je lui conseille d’être doux, car, dans ce moment, il ne m’en coûterait rien de rompre avec lui. Je suis sûre que si j’avais le bon esprit de le quitter à présent, il en serait au désespoir, et rien ne m’amuse comme un désespoir amoureux. Il m’appellerait perfide, et ce mot de perfide m’a toujours fait plaisir; c’est, après celui de cruelle, le plus doux à l’oreille d’une femme, et il est moins pénible à mériter. Sérieusement, je vais m’occuper de cette rupture. Voilà pourtant de quoi vous êtes cause! aussi je le mets sur votre conscience. Adieu. Recommandez-moi aux prières de votre présidente.

      Paris, ce 7 août 17**.

       Table des matières

      Le Vicomte de VALMONT à la Marquise de MERTEUIL.

      Il n’est donc point de femme qui n’abuse de l’empire qu’elle a su prendre! Et vous-même, vous que je nommai si souvent mon indulgente amie, vous cessez enfin de l’être, et vous ne craignez pas de m’attaquer dans l’objet de mes affections! De quels traits vous osez peindre Mme de Tourvel!... Quel homme n’eût point payé de sa vie cette insolente audace? A quelle autre femme qu’à vous n’eût-elle pas valu au moins une noirceur? De grâce, ne me mettez plus à d’aussi rudes épreuves, je ne répondrais pas de les soutenir. Au nom de l’amitié, attendez que j’aie eu cette femme si vous voulez en médire. Ne savez-vous СКАЧАТЬ