L’inconnu Tsarévitch Alexis. Souvenirs de la famille de Filatov au Tsesarevitch Alexis. Oleg Vasiljevitch Filatov
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СКАЧАТЬ encore, on cerne mal la personnalite des fferes Strekotine. Tout un travail d’investigation reste à faire a leur sujet. On peut toutefois remarquer que leurs souvenirs, rediges sereinement et sans prejuges, temoignent d’tm interet evident pour leurs charges. En soi, cela les distingue nettement des autres gardes et soldats qui furent en contact avec les Romanov durant cette periode et dont on possede les temoignages ecrits.

      Du 4 au 9 juillet, les Tcheques blancs et l’armee de Koltchak mettaient au point leur plan d’attaque contre Iekaterinbourg et sa region. Toute communication directe fut interrompue entre Iekaterinbourg et Moscou. Le 6, des emeutes orchestrees par les socialistes- revolutionnaires de gauche eclaterent dans la capitale, et Moscou avait d’autres urgences que organisation d’un proces contre Nicolas II. Filipp Golochtchekine, secretaire du comite executif du parti des travailleurs socio-democrates de l’Oural (bolchevique) [PRDRS (b)], membre du presidium du soviet de l’Oural et commissaire militaire du district de l’Oural, donna au soviet ouralien une consigne emanant du Comite executif central panrusse visant a organiser un proces sur place. Mais le temps manquait. Les troupes de choc du general Gaida progressaient entre la gare de Kouzino et Iekaterinbourg, et les jours de la ville etaient com tes. Le 14 juillet, lors d’une seance du presidium du comite executif du soviet de 1’Oural, Golochtchekine suggera de “liquider l’ancien tsar et sa famille, ainsi que leurs domestiques”. Une resolution fut votee et Iourovski fut charge de l’ execution – le 18 juillet au plus tard.

      Le 16 juillet, a onze heures et demi du soir, Golochtchekine arriva à la maison Ipatiev et remit à Iourovski l’ordre d’execution. Apres minuit, un camion – un Fiat d’une tonne et demie – s’arreta devant l’ entree, du cote du chemin de l’Ascension. Au volant se trouvait le chauffeur Lioukhanov, et dans la cabine, designes pour preter main-forte à Iourovski, Ermakov et Mikhail Medvedev, membres de la Tcheka. Iourovski, Ermakov et Medvedev appuyerent sur la sonnette electrique, du cote du boulevard, convoquerent le docteur Botkine qui dormait dans l’antichambre et le prierent de reveiller les prisonniers et de les reunir en bas.

      Au milieu de la nuit, onze personnes se rassemblerent dans la petite piece a demi voutee: Nicolas, Alexandra, Olga, Tatiana, Marie, Anastasia et Alexis, le docteur Botkine, le cuisinier Kharitonov, le domestique Trupp et la dame d’honneur, Demidova. Les douze meurtriers s’alignerent devant eux: des tchekistes hongrois (ex-prisonniers de guerre austro-hongrois), issus de l’” equipe speciale” formee sur l’ordre de Iourovski – Khorvat, Fisher, Edelstein, Fekete, Nagy, Grinfeld et Vergazi -, ainsi que Vaganov, Pavel Medvedev, Nikouline, Iourovski et Ermakov. Ni mèdecin ni ecclesiastique n’etaient presents. Iourovski lut l’ordre d’execution et les salves commencerent.

      Mais les choses ne se deroulerent pas exactement comme Golochtchekine, Iourovski et Ermakov l’avaient prevu. Apres les premiers tirs de revolvers et de pistolets, la piece, confiпёе, sans ventilation, se remplit de vapeurs de poudre. La fumee empechait les meurtriers de voir non seulement leurs cibles, mais aussi les armes qu’ils tenaient a la main. Ils tiraient des balles chargees avec deux poudres a canon distinctes, la combinaison des deux produisant un gaz extremement acre. Pleurant, toussant, vomissant, les tireurs durent sortir precipitamment de la maison apres avoir utilise moins de la moitie de leurs munitions et sans avoir pris le temps de verifier si leurs victimes etaient mortes ou encore vivantes. Ils s’acharnerent seulement sur ceux qui s’asseyaient ou restaient debout (au moins trois). Puis ils transporterent rapidement les corps dans le camion dont le moteur tournait pour noyer le bruit de la fusillade. Le commissaire militaire Golochtchekine etait reste a l’ecart afin de s’assurer que l’on n’entendait rien de dehors. Dans la confusion, il ne fait aucun doute que certains survivants se melaient aux morts sur la plate-forme du camion.

      Pendant le transfert des victimes de la maison au vehicule, il у eut un bref repit de cinq ou dix minutes. Quand Iourovski s’apenpit que certains hommes s’etaient eclipses avec les bijoux des Romanov, il rassembla les chapardeurs dans le bureau du haut et les obligea a restituer leurs butins. Durant ce court intermede, Nikouline ordonna à Andrei Strekotine, un tireur de la garde exterieure, de continuer a fouiller les cadavres des executes. Strekotine dut alors decouvrir des signes de vie chez le jeune Alexis, inconscient.

      Une fois qu’il eut regie le probleme avec les marauds, Iourovski sortit, monta dans la cabine du camion avec Ermakov, Vaganov et le chauffeur, Lioukhanov, puis le vehicule se mit en route a travers la ville, en plein coeur de la nuit.

      Ou alla-t-il?

      Le trajet via l’usine de la Haute Isetskjusqu’a la route de Koptiaki a ete decrit de nombreuses fois dans differents comptes rendus – en particulier le mauvais etat de la chaussee qui bloqua plus d’une fois le camion avant de l’immobiliser complement. Le moteur poussif – moins de 50 chevaux – du Fiat d’une tonne et demie surchauffait et manquait de reprise. Il fallut done decharger le camion. Dans son livre intitule “Le Dernier Tsar: la vie et la mort de Nicolas II”, Edvard Radzinski situe une de ces haltes forcees au passage a niveau n° 184. C’est la qu’Alexis aurait pu fausser compagnie aux meurtriers.

      Selon les souvenirs des enfants de Filatov, ce fut durant ce dechargement qu’Alexis se cacha sous un pont proche de la voie de chemin de fer, et progressa le long des rails, une fois le camion reparti, pour atteindre la gare de Chartach a l’aube.

      Cette coincidence entre le recit de Vassili Filatov et le texte d’Edvard Radzinski laissa longtemps les auteurs perplexes.

      La carte montre clairement qu’une distance d’au moins 15 kilometres separe le passage a niveau n° 184 et la gare de Chartach. Un adolescent malade et sans doute blesse aurait difflcilement pu parcourir un pared trajet en quelques heures au milieu de la nuit.

      Le probleme semblait insoluble, jusqu’a ce que Гоп soit en mesure de denicher un plan detaille de Iekaterinbourg durant ces annees-la. On s’aperipit alors qu’il у avait plusieurs ponts pres du passage a niveau n° 184 ou le camion aurait pu s’enliser dans la boue et necessiter tm dechargement.

      Depuis la maison d’lpatiev, deux itineraires menaient a la route de Koptiaki en passant par l’usine de la Haute Isetsk. Le premier enjambait le barrage a la retenue de la vide, un site garde ou un camion en mission secrete ne se serait pas engage. Mais quelques centaines de metres plus en aval de l’lset, reduit a un ruisseau juste apres le barrage, se trouve un petit pont, et a cote, l’embranchement de voie conduisant a l’usine de Regevski. Quatre kilometres environ separent cet endroit de la gare de Chartach. Alexis aurait pu couvrir cette distance en deux heures dans l’obscurite, sans que la patrouille puisse le trouver puisqu’elle n’alla pas dans cette direction.

      L’autre itineraire conduisait de la maison Ipatiev, par bailee de l’Ascension, vers la rue du Nord, puis a gauche apres un pont enjambant un autre ruisseau, au-dela de la nouvelle gare et de l’ancienne, vers l’usine de la Haute Isetsk, pour rejoindre ensuite la route de Koptiaki. Le vehicule aurait aussi pu s’enliser pres de ce pont. La encore, il se trouvait a proximite de la voie de chemin de fer qui menait a la gare de Chartach, cinq kilometres plus loin. Alexis aurait pu couvrir cette distance-la en deux heures egalement.

      En 1918, il n’y avait pas de troisieme route.

      Selon les souvenirs des enfants de Vassili Filatov, le matin du 17 juillet, les « ondes” Strekotine trouverent Alexis a la gare de Chartach et le conduisirent a Chadrinsk, a deux cent vingt-cinq kilometres de la. La route menant a Chadrinsk – le terminus de ce qui etait a l’epoque une voie sans issue de la ligne Iekaterinbourg-Sinarskaya-Chadrinsk – etait encore ouverte. Les troupes de choc de Voitsekhovski et Gai’da progressaient vers Iekaterinbourg depuis Tcheliabinsk dans le sud et la gare de Kouzino a l’ouest. Vers Test – dans la direction de Tioumen et Chadrinsk – la voie etait encore libre durant la semaine du 17 au 24 juillet. Alexis aurait pu atteindre Chadrinsk avec une escorte au cours de cette semaine-la.

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