Gutenberg. Figuier Louis
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Название: Gutenberg

Автор: Figuier Louis

Издательство: Public Domain

Жанр: Драматургия

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СКАЧАТЬ type="note">13. Je demande à tous les bourgeois de la ville (Montrant les feuillets.) si ce n'est pas là une œuvre magique et diabolique.

      SCÈNE XIII

      Les Mêmes, FRIÉLO, DRITZEN, CONRAD HUMMER, Bourgeois, Peuple, puis FUST et GUTENBERG

      Pendant les dernières paroles de Zum, des bourgeois, des passants sont entrés, et se sont peu à peu rassemblés devant la boutique de Grimmel.

LE PETIT ZUM

      Mon doux Jésus! Que restera-t-il aux honnêtes copistes pour vivre, si les mécréants se mettent à faire leur besogne? En écrivant du matin au soir, et du soir au matin, la vie d'un homme ne suffirait pas à copier les manuscrits que Jean Gensfleich a livrés ce matin à ce marchand d'estampes.

FRIÉLO, à Gutenberg14

      Hélas! maître, à quoi cela vous servira-t-il, sinon à vous faire brûler comme sorcier, de pouvoir écrire plus vite que personne? Le monde en ira-t-il mieux? Je crains qu'il n'aille, au contraire, plus mal, en commençant par nous. Renoncez à vos projets, il en est temps encore. Acceptez la protection du seigneur Fust, ou nous sommes perdus!

GUTENBERG, à Friélo

      Si tu m'aimes, tais-toi, si tu as peur, va-t'en. (Au peuple.) Qu'y a-t-il? que me voulez-vous? Amis, répondez. De quoi m'accuse-t-on?

ZUM

      On t'accuse de sorcellerie; car il n'y a que le démon qui ait pu, sans l'aide d'une main humaine, tracer des caractères semblables. Tes feuillets sentent le roussi: ce sont des œuvres d'enfer!

LE PETIT ZUM

      Hésiterez-vous à condamner comme sorcier, celui qui écrit à l'aide de maléfices?

LE PEUPLE

      Mort au renégat! mort à Gensfleisch!… mort à Gutenberg! À mort! à mort!

FUST, s'avançant vers Gutenberg

      Eh bien! jeune homme, tu le vois, toi et ton œuvre allez périr ensemble. Un mot, et je te sauve: un mot, et ce peuple menaçant se prosterne devant toi. Une dernière fois, je t'offre mon appui. Veux-tu me confier ton secret?

GUTENBERG

      Jamais!

      Fust fait un geste d'encouragement aux deux Zum, et sort, par la droite.

LES DEUX ZUM et LE PEUPLE

      Mort à l'hérétique!… À mort! à mort!

      Annette et Hébèle sortent de la boutique d'orfèvre; Friélo leur montre le peuple en courroux; Conrad et Dritzen les rassurent.

      SCÈNE XIV

      Les Mêmes, DIETHER D'YSSEMBOURG

      Diether est précédé de soldats, qui font reculer le peuple à droite et à gauche, et restent au fond.15

DIETHER D'YSSEMBOURG

      Quel est ce tumulte? Pourquoi ces cris?… Silence, bourgeois et manants! C'est moi, votre chef, votre souverain, votre père, qui ai seul ici le droit d'accuser, de punir ou d'absoudre. Si Gutenberg est coupable, il sera condamné; s'il est innocent, pourquoi ces menaces? Justice sera faite. Retirez-vous un moment (Le peuple se retire au fond du théâtre. Friélo s'approche de Zum, et revient près de Conrad et Dritzen, qui le rassurent. Il baise le bas de la robe de Diether. Sur un mouvement menaçant de Zum, il s'écarte.—À Gutenberg.) Je sais, jeune homme, que tu es un bon et loyal ouvrier. Je sais, que tu n'as jamais fait aucune œuvre de sorcellerie, et qu'en te livrant à des essais nouveaux, tu obéis à une noble ambition. Il m'a été facile de te préserver tout à l'heure de l'émeute populaire; mais la bourgeoisie de Mayence, jalouse du rang qu'a su jadis conquérir ton père et de ton mérite personnel, ne te pardonnera pas de sitôt une découverte appelée à illustrer ton nom… Je ne te dirai pas de renoncer à une idée, que je tiens, moi, pour excellente; mais comme mon devoir est de faire régner l'ordre et la bonne harmonie dans la ville, je t'ordonne de partir, de quitter Mayence, sur l'heure. Ton absence peut seule calmer la surexcitation du peuple. (Mouvement de Gutenberg.) Pars pour la Hollande. Tu trouveras à Harlem l'imagier Laurent Coster; ses lumières et ses conseils te seront utiles. C'est l'homme le plus propre à comprendre et à encourager tes travaux. Présente-toi à lui de ma part. Sois toujours laborieux et honnête, et lorsque tu reviendras, la ville, apaisée, te fera bon accueil, je te le promets.

GUTENBERG

      Mon intention était de partir, pour aller perfectionner mon invention loin de Mayence, loin des ennemis et des jaloux. Je l'ai annoncé ce matin à ma sœur, à mes amis; mais je n'avais pas encore de résidence déterminée. Vous me donnez, monseigneur, un excellent avis en m'engageant à me rendre chez Laurent Coster. Je travaillerai sous ses yeux, et je reviendrai un jour, pour rendre à mon pays l'art merveilleux dont j'emporte le germe.

DIETHER D'YSSEMBOURG

      Compte toujours sur ma protection et mon appui.

      Conrad va remercier Diether; Diether remonte près de Conrad.

GUTENBERG, à Diether

      Merci, mille fois, monseigneur. (À Hébèle.) Ne pleure pas, Hébèle. La prière et le travail sont deux amis qui se retrouvent toujours: nous nous reverrons. (À Annette.) Ne veux-tu pas me serrer la main, Annette?

ANNETTE

      Ah! Jean! ce n'est plus avec les larmes que je te dis adieu… c'est avec orgueil!

HÉBÈLE

      Cher frère!

GUTENBERG, à Conrad Hummer et à André Dritzen, et saluant Diether

      Adieu! Conrad. Adieu, André. Pensez un peu à l'ami absent, qui ne vous oubliera jamais.

      Fausse sortie.

FRIÉLO, courant après Gutenberg, d'une voix piteuse

      Vous oubliez quelqu'un, maître!

GUTENBERG, revenant

      C'est vrai: je ne t'ai rien dit, mon pauvre Friélo. (Il lui tend la main.) Que la providence veille sur toi!

FRIÉLO

      Ce n'est pas ça, mon cher maître; vos adieux ne me feront pas le cœur plus content. Ce que je désire, c'est aller avec vous chez Laurent Coster, l'imagier de Harlem. Comment avez-vous pu songer à partir seul? Croyez-vous que je me soucie de rester sans vous à Mayence!

GUTENBERG

      Toi, Friélo, si casanier, si poltron et si amoureux des belles filles de ton pays, tu consentirais à aller jusqu'en Hollande?

FRIÉLO

      Oui, car au-dessus de mes aises, de ma poltronnerie et de mes amourettes, il y a mon frère de lait, il y a mon maître. Me conduiriez-vous en enfer? (À part.) je sais bien qu'il n'ira jamais de ce vilain côté. (Haut.) je vous suivrais partout!

GUTENBERG

      Eh bien, mon garçon, tu me suivras, puisque tu le veux.

LE PETIT ZUM, sortant de la foule restée au fond, à Diether

      Monseigneur, les amis m'envoient vous demander ce que vous avez décidé contre ce mécréant.

DIETHER D'YSSEMBOURG

      Je lui ai ordonné de partir, de quitter Mayence.

ZUM, s'avançant

      Et de n'y jamais rentrer, nous l'espérons! (La foule vient se ranger autour de Gutenberg, de Diether et des autres personnes, avec un air menaçant.) Qu'il parte à l'instant, s'il ne veut pas tomber sous nos coups.

LE PEUPLE

      À mort! à mort!

GUTENBERG

      Malheur СКАЧАТЬ



<p>14</p>

Friélo, Gutenberg, Conrad Dritzen, Petit Zum, Zum, Fust, peuple et bourgeois au fond.

<p>15</p>

Annette, Hébèle, Dritzen, Conrad, Friélo, Gutenberg, Diether, Petit Zum, Zum, Soldats, Peuple, Bourgeois, au fond.