François Gomar était un Théologien Protestant; il soutint contre Arminius, son Collegue, que Dieu a destiné, de toute éternité, la plus grande partie des hommes à être brûlés éternellement: ce dogme infernal fut soutenu comme il devait l'être par la persécution. Le grand Pensionnaire Barneweldt, qui était du parti contraire à Gomar, eut la tête tranchée à l'âge de 72 ans, le 13 Mai 1619, pour avoir contristé au possible l'Eglise de Dieu.
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Un Déclamateur, dans l'Apologie de la Révocation de l'Edit de Nantes, dit, en parlant de l'Angleterre: une fausse Religion devait produire nécessairement de tels fruits; il en restait un seul à mûrir, ces Insulaires le recueillent, c'est le mépris des Nations. Il faut avouer que l'Auteur prend mal son temps pour dire que les Anglais sont méprisables & méprisés de toute la terre. Ce n'est pas, ce me semble, lorsqu'une Nation signale sa bravoure & sa générosité, lorsqu'elle est victorieuse dans les quatre parties du Monde, qu'on est bien reçu à dire qu'elle est méprisable & méprisée. C'est dans un Chapitre sur l'Intolérance, qu'on trouve ce singulier passage. Ceux qui prêchent l'Intolérance, méritent d'écrire ainsi. Cet abominable Livre, qui semble fait par le fou de Verberies, est d'un homme sans mission: car quel Pasteur écrirait ainsi? La fureur est poussée dans ce Livre jusqu'à justifier la St. Barthelemi. On croirait qu'un tel Ouvrage, rempli de si affreux paradoxes, devrait être entre les mains de tout le monde, au moins par sa singularité; cependant à peine est-il connu.
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Voyez Ricaut.
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Voyez Kempfer, & toutes les Relations du Japon.
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Mr. de la Bourdonnaie, Intendant de Rouen, dit que la Manufacture de chapeaux est tombée à Caudebec & à Neufchâtel par la fuite des Réfugiés. Mr. Foucaut, Intendant de Caen, dit que le Commerce est tombé de moitié dans la Généralité. Mr. De Maupeou, Intendant de Poitiers, dit que la Manufacture de droguet est anéantie. Mr. de Bezons, Intendant de Bordeaux, se plaint que le Commerce de Clérac & de Nérac ne subsiste presque plus. Mr. de Miroménil, Intendant de Touraine, dit que le Commerce de Tours est diminué de dix millions par année; & tout cela par la persécution. Voyez les Mémoires des Intendants, en 1698. Comptez sur-tout le nombre des Officiers de terre & de mer, & de Matelots, qui ont été obligés d'aller servir contre la France, & souvent avec un funeste avantage: & voyez si l'Intolérance n'a pas causé quelque mal à l'Etat.
On n'a pas ici la témérité de proposer des vues à des Ministres dont on connaît le génie & les grands sentiments, & dont le cœur est aussi noble que la naissance: ils verront assez que le rétablissement de la Marine demande quelque indulgence pour les Habitants de nos Côtes.
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Quoique les Juifs n'eussent pas le droit du glaive depuis qu'Archelaüs avait été relégué chez les Allobroges, & que la Judée était gouvernée en Province de l'Empire; cependant les Romains fermaient souvent les yeux quand les Juifs exerçaient le jugement du zele, c'est-à-dire, quand, dans une émeute subite, ils lapidaient par zele celui qu'ils croyaient avoir blasphémé.
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Ulpianus l… tit. II. Eis qui Judaïcam superstitionem sequuntur honores adipisci permiserunt, &c.
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Tacite dit: Quos per flagitia invisos vulgus Christianos appellabat.
Il est bien difficile que le nom de Chrétien fût déja connu à Rome; Tacite écrivait sous Vespasien & sous Domitien; il parlait des Chrétiens comme on en parlait de son temps. J'oserais dire que ces mots, odio humani generis convicti, pourraient bien signifier, dans le style de Tacite, convaincus d'être haïs du Genre-humain, autant que convaincus de haïr le Genre-humain.
En effet que faisoient à Rome ces premiers Missionnaires? Ils tâchaient de gagner quelques ames; ils leur enseignaient la morale la plus pure; ils ne s'élevaient contre aucune puissance; l'humilité de leur cœur était extrême, comme celle de leur état & de leur situation; à peine étaient-ils connus, à peine étaient-ils séparés des autres Juifs: comment le Genre-humain, qui les ignorait, pouvait-il les haïr? & comment pouvaient-ils être convaincus de détester le Genre-humain?
Lorsque Londres brûla, on en accusa les Catholiques; mais c'était après des guerres de Religion, c'était après la conspiration des poudres, dont plusieurs Catholiques, indignes de l'être, avaient été convaincus.
Les premiers Chrétiens du temps de Néron ne se trouvaient pas assurément dans les mêmes termes. Il est très-difficile de percer dans les ténebres de l'Histoire; Tacite n'apporte aucune raison du soupçon qu'on eut que Néron lui-même eût voulu mettre Rome en cendres; on aurait été bien mieux fondé de soupçonner Charles II d'avoir brûlé Londres: le sang du Roi son Pere, exécuté sur un échafaud aux yeux du Peuple qui demandait sa mort, pouvait au moins servir d'excuse à Charles II. Mais Néron n'avait ni excuse, ni prétexte, ni intérêt. Ces rumeurs insensées peuvent être en tout Pays le partage du Peuple; nous en avons entendu de nos jours d'aussi folles & d'aussi injustes.
Tacite, qui connaît si bien le naturel des Princes, devait connaître aussi celui du Peuple, toujours vain, toujours outré dans ses opinions violentes & passageres, incapable de rien voir, & capable de tout dire, de tout croire, & de tout oublier.
Philon dit que Séjan les persécuta sous Tibere; mais qu'après la mort de Séjan, l'Empereur les rétablit dans tous leurs droits. Ils avaient celui des Citoyens Romains, tout méprisés qu'ils étaient des Citoyens Romains; ils avaient part aux distributions de bled, & même, lorsque la distribution se faisait un jour de Sabath, on remettait la leur à un autre jour: c'était probablement en considération des sommes d'argent qu'ils avaient données à l'Etat; car en tout Pays ils ont acheté la Tolérance, & se sont dédommagés bien vîte de ce qu'elle avait coûté.
Ce passage de Philon explique parfaitement celui de Tacite, qui dit qu'on envoya quatre mille Juifs ou Egyptiens en Sardaigne, & que si l'intempérie du climat les eût fait périr, c'eût été une perte légere, vile damnum.
J'ajouterai à cette remarque, que Philon regarde Tibere comme un Prince sage & juste. Je crois bien qu'il n'était juste qu'autant que cette justice s'accordait avec ses intérêts; mais le bien que Philon en dit, me fait un peu douter des horreurs que Tacite & Suétone lui reprochent. Il ne me paraît point vraisemblable qu'un Vieillard infirme de soixante & dix ans, se soit retiré dans l'Isle de Caprée pour s'y livrer à des débauches recherchées qui sont à peine dans la nature, & qui étaient même inconnues à la jeunesse de Rome la plus effrénée: ni Tacite, ni Suétone n'avaient connu cet Empereur; ils recueillaient avec plaisir des bruits populaires; Octave, Tibere, & leurs Successeurs avaient été odieux, parce qu'ils régnaient sur un Peuple qui devait être libre: les Historiens se plaisaient à les diffamer, & on croyait ces Historiens sur leur parole, parce qu'alors on manquait de Mémoires, de Journaux du temps, de Documents: aussi les Historiens ne citent personne; on ne pouvait les contredire; ils diffamaient qui ils voulaient, & décidaient à leur gré du jugement de la postérité. C'est au Lecteur sage de voir jusqu'à quel point on doit se défier de la véracité des Historiens, quelle créance on doit avoir pour les faits publics attestés par des Auteurs graves, nés dans une Nation éclairée; & quelles bornes on doit mettre à sa crédulité sur des Anecdotes que ces mêmes Auteurs rapportent sans aucune preuve.