Noémie Hollemechette. Magdeleine du Genestoux
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Название: Noémie Hollemechette

Автор: Magdeleine du Genestoux

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ serons de nouveau tous réunis!

      Mais c’est le départ qui a été dur!

      Papa est venu avec Tantine et Madeleine à la gare. Tantine n’a pas versé une larme, elle nous tenait toutes les deux, Barbe et moi; Madeleine était avec maman. La gare était pleine de gens qui couraient affolés. Tout le monde voulait monter dans le train à la fois.

      M. Van Tieren, M. Velthem et M. Boonen, qui étaient là, aidaient les employés à faire le service, mais c’était très difficile.

      Tout à coup, j’entendis une voix derrière moi qui m’appelait: Mademoiselle Noémie, mademoiselle Noémie!

      Je me retournai et je vis Poppen, le concierge de l’Université.

      Il voulait dire adieu à maman et «aux petites demoiselles».

      Il veillerait bien sur M. Hollemechette, assura-t-il à maman, et sur Mlle Madeleine, et les prendrait dans l’Université si les Allemands venaient à Louvain.

      Maman lui serra la main, et il demanda la permission de m’embrasser.

      Papa nous fit monter dans un compartiment avec la femme Greefs et ses enfants. Nous avons donné des baisers à papa, à Madeleine et à Tantine: nous pleurions tous, sauf papa.

      Quand le train est parti, j’ai pris maman par le cou en la serrant très fort; je crois que je n’ai jamais eu tant de chagrin.

      Parmi les ruines

Malines, 23 août.

      JE suis bien fatiguée aujourd’hui, mais je veux tout de même écrire mon «journal» afin de n’oublier aucun des événements de notre existence depuis notre départ de Louvain.

      Pauvre Louvain! je ne peux pas m’empêcher de pleurer lorsque j’y pense, et j’ai bien du chagrin d’être séparée de papa et de Madeleine. Où sont-ils maintenant? Maman, je le vois bien, est dans une grande inquiétude; on raconte tant d’histoires sur les Allemands et sur les villes qu’ils pillent, paraît-il!

      Oh! j’ai quelquefois le cœur si serré, mais il faut que j’aie du courage pour ma petite sœur! Maman me l’a bien recommandé.

      Notre voyage entre Louvain et Bruxelles a été long et fatigant. Le train allait très lentement et il faisait très chaud. Nous avons un peu dormi, Barbe et moi. Je me suis réveillée en entendant une discussion entre la femme Greefs et une autre voyageuse qui était montée pendant mon sommeil.

      «Non, madame, disait la femme Greefs, les Allemands ne sont ni à Namur, ni à Dinant.

      – Oh! Comment? mais vous ne savez donc rien dans Louvain? Mais les Belges ont repoussé 5000 Allemands.

      – Où donc ce beau succès?

      – Mais à Diest et à Haelen.

      – Alors pourquoi qu’ILS arrivent?

      – Eh bien, parce qu’ils sont revenus encore plus nombreux. Ces Allemands, c’est comme les mouches: on les tue, on les chasse, ils reviennent toujours, et quand ils reviennent ils sont encore plus méchants qu’auparavant et ils font des atrocités! Oui, je vous le dis, des atrocités! J’en ai entendu, allez.»

      La femme Greefs a regardé maman et a vu qu’elle pâlissait et semblait très agitée; alors elle a dit d’un ton plus conciliant:

      «Oui, oui, on raconte beaucoup de choses… si on les croyait toutes…»

      Alors, cette femme s’est fâchée en disant qu’elle savait bien ce qu’elle disait, et qu’elle avait eu sa maison pillée, ses affaires volées; et plus elle parlait, plus elle s’excitait; les enfants commencèrent à pleurer.

      La maman Greefs alors essaya de calmer la femme en lui disant que maman aussi était très malheureuse puisqu’elle avait laissé sa fille aînée à Louvain, et qu’il ne fallait pas parler comme cela si fort. La pauvre femme s’attendrit, demanda pardon à maman de la peine qu’elle lui avait faite et voulut aider à faire manger les enfants.

      On ouvrit les paquets et nous commencions à manger quand le train s’arrêta et un employé cria que tout le monde devait descendre, car il n’allait pas plus loin. Nous étions à Tervueren.

      Maman ne dit pas un mot. Elle prit nos paquets et descendit avec nous deux. Puis elle aida la femme Greefs et ses enfants; elle était pâle, mais calme, comme si tout cela était naturel. Moi, je tremblais, mais je fis comme maman en voyant pleurer Barbe.

      Un officier belge nous dit que les Allemands avaient passé la Meuse entre Liége et Namur et qu’ils avaient atteint Dinant. Toutes les populations se réfugiaient à Bruxelles, et c’était pour cette raison que les trains étaient encombrés.

      Enfin, on nous a mises dans un autre train et, au bout de deux heures, nous sommes entrées à Bruxelles.

      A l’arrivée, un officier, un capitaine d’infanterie, interrogeait tous les voyageurs. C’était un grand encombrement autour de lui; il y avait des femmes, des enfants, des paquets et même des animaux, car j’ai vu une femme qui tenait un chat dans ses bras.

      Tout le monde parlait à la fois.

      Je voyais bien que maman, elle, ne se pressait pas; elle me dit qu’elle voulait avoir des nouvelles de Louvain. Quand elle put enfin parler, l’officier lui demanda, en nous regardant, si elle avait laissé du monde à Louvain et, sur sa réponse affirmative, il dit:

      «Non, madame, nous n’avons rien appris de grave, mais je sais qu’on se bat à Tirlemont.»

      Il conseilla ensuite à maman de ne pas s’arrêter à Bruxelles, mais de continuer son voyage, s’il y avait un train, jusqu’à Malines ou même Anvers.

      Nous nous sommes donc assises sur un banc et nous avons mangé du pain et du chocolat qui étaient dans nos paquets.

      Barbe naturellement voulut donner à goûter à sa fille Francine; un des garçons de Mme Greefs, qui est très taquin, a commencé à se moquer de Barbe en assurant qu’une poupée ne pouvait pas manger, et qu’il n’y avait qu’un moyen de s’en amuser, c’était de lui ouvrir le ventre.

      Alors Barbe lui a donné un coup de pied, le garçon a commencé par rire; mais, voyant que la dispute allait devenir sérieuse, je pris la main de Barbe en la suppliant d’être sage et tranquille. Comme il continuait à rire et à se moquer de nous, je lui dis qu’il n’avait pas de cœur, qu’il ne ressemblait à aucun petit garçon belge et qu’il fallait laisser ces manières aux enfants allemands.

      «Oh! vous êtes toutes les deux des petites bêtes qui ne comprenez rien, me répondit-il, je voulais rire et vous vous fâchez. Eh bien! je ne vous parlerai plus et vous pouvez donner à manger tant que vous voudrez à votre poupée de porcelaine.»

      J’ai bien vu qu’il était vexé; aussi après un petit moment je lui ai offert un morceau de chocolat qu’il a mangé avec plaisir après m’avoir dit simplement merci.

      Après deux heures d’attente on nous a poussées précipitamment dans un train, nous, les paquets et la femme Greefs; Barbe tenait toujours sa poupée, qu’elle n’avait pas lâchée une minute.

      Enfin nous sommes arrivées à Malines; il était très tard, Barbe dormait et commençait СКАЧАТЬ