Noémie Hollemechette. Magdeleine du Genestoux
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Название: Noémie Hollemechette

Автор: Magdeleine du Genestoux

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ c’est que vous ne savez pas, on vient de découvrir des espions et on va les fusiller.

      – Comment? dit maman, quelle bêtise!»

      Avant le dîner, nous sommes allées, Madeleine et ma petite sœur, chez Mme Melken, pour prendre des nouvelles du fils du professeur Melken qui s’était battu à Liége.

      Donnant la main à Madeleine, nous avons suivi la rue de Namur pour passer devant l’église de Saint-Quentin, près de laquelle demeurent le professeur Melken et sa femme.

      Il y avait plein de monde dans les rues, et l’on causait avec des gens que l’on ne connaissait pas du tout. Je l’ai bien remarqué.

      Il y avait une grosse femme qui sortait de l’église et qui dit à Madeleine:

      «Est-il possible que des enfants jolis comme cela puissent être pris par les Allemands?

      – Comment! pris par les Allemands, plutôt tués par eux!» a crié quelqu’un.

      Alors Madeleine s’est mise à marcher très vite en nous disant: «Ces deux femmes sont complètement folles! La guerre les rend malades.»

      Je n’osai pas questionner ma sœur, mais je pensais que les Allemands devaient être méchants puisqu’ils avaient forcé nos soldats à emmener nos chiens, et je songeais au pauvre Phœbus dont nous n’avions pas de nouvelles.

      Mme Melken s’écria en nous voyant: «Oh! chères petites Hollemechette, que vous êtes gentilles de venir prendre des nouvelles de Jean. Je viens de recevoir une carte de lui, il va bien, mais il est au fort de Loncin avec le général Léman. Je suis sûre que vous prendrez avec plaisir une tartine de ma nouvelle compote de cerises?»

      Barbe était très contente, moi aussi du reste, mais je voyais que Madeleine était triste et cela m’ennuyait. Tandis qu’elle nous servait de la confiture, avec une cuillère qui était tellement brillante qu’on la croyait neuve, je pensais à ce que maman disait de la maison de Mme Melken, que c’était une véritable boîte de poupée.

      Pendant que nous mangions, elle dit à Madeleine de venir voir quelque chose dans sa chambre et, étant seule avec Barbe, j’eus beaucoup de peine à l’empêcher de finir toute la confiture.

      Quand elle revint, Madeleine était toute pâle, et elle nous dit vivement:

      «Venez, il faut rentrer maintenant.»

      A la maison papa donna à Madeleine une carte du jeune artilleur qui avait emmené Phœbus; je la copie sur mon cahier.

Loncin, le 11 août.

      «Je vous écris ces quelques mots pour vous donner des nouvelles de votre chien Phœbus qui s’est très bien comporté dans les combats de mitrailleuses auxquels il a pris part. Je vous dirai même qu’il s’est distingué dans une lutte curieuse dont voici le récit. Nous étions en position pour faire avancer nos mitrailleuses sur un ordre que nous attendions. Nous avions beaucoup de peine à maîtriser nos chiens, car ceux-ci étaient fort excités par les cris des hommes qui se préparaient à faire une charge à la baïonnette et par les coups de mitrailleuses.

      «Tout à coup, nos chiens qui étaient dételés, bondirent en avant, nous ne pûmes les arrêter, et voilà nos toutous qui fondent sur les Allemands et veulent mordre leurs mollets! Ce fut une bagarre indescriptible et des cris effrayants poussés par les chiens, les Allemands et notre infanterie qui était ravie d’avoir d’aussi vaillants aides. Une bonne soupe et un morceau de sucre ont récompensé cet acte de courage.

      «Au revoir, Mademoiselle; à bientôt d’autres nouvelles de Phœbus.

«Louis Gersen.»

      Comme je finissais de copier cette lettre, maman est remontée dans sa chambre: elle pleurait, et Madeleine m’a dit que l’on avait de très mauvaises nouvelles de Liége et que les Allemands étaient à Tirlemont.

Louvain, dimanche 16 août.

      Oh! je ne sais comment raconter tous les événements qui se passent à Louvain depuis une semaine! J’ai enfin appris les mauvaises nouvelles qu’on ne voulait pas me dire: les Allemands ont fait sauter la ligne du chemin de fer entre Liége et Louvain.

      L’autre soir, papa, M. van Tieren et M. Velthem ont causé longuement, et ils étaient tellement absorbés qu’ils n’ont pas vu que j’étais là, assise dans le coin de la cheminée.

      «Oui, disait papa, les forts de Liége n’ont pas tenu suffisamment.

      – Pourquoi les Français ne sont-ils pas arrivés plus vite, répliqua M. Velthem.

      – Comment voulez-vous qu’ils aient atteint Liége en si peu de temps: la mobilisation des Allemands était faite bien avant celle des Français.»

      Qu’est-ce que la mobilisation? Aussitôt que j’ai pu, je l’ai demandé à Madeleine. C’est la marche de toute l’armée vers la frontière de son pays, lorsqu’il est attaqué. J’ai compris alors pourquoi papa traitait les Allemands de «sans paroles», puisqu’ils ont commencé avant les Français à se rendre vers leur frontière, et que pour arriver plus vite, ils voulaient traverser la Belgique; c’est tricher cela, et quand nous jouons aux barres avec nos petites amies, lorsqu’il y en a une qui part avant le signal, on la traite de tricheuse et on ne veut plus s’amuser avec elle.

      Mme Boot est venue ce matin, annonçant à maman qu’elle ne resterait pas à Louvain, qu’elle avait trop peur des Allemands; alors, maman lui a dit: «Mais, ma pauvre femme, ils ne viendront pas ici, et quand bien même, ils ne nous mangeront pas!

      – Pour ça non,» a-t-elle répliqué.

      Puis elle a dit un si vilain mot que maman n’était pas contente et qu’elle nous a renvoyées dans nos chambres. Nous avons été chez Madeleine qui aidait notre servante Hélène et qui tâchait de la consoler, parce qu’elle ne cessait de pleurer.

      «Il ne faut pas avoir peur ainsi; quand tout le monde est réuni, et qu’on ne s’abandonne pas les uns les autres, il n’y a aucun danger.

      De quel danger voulait-elle parler?

      Naturellement, le déjeuner n’était pas prêt à l’heure habituelle; papa n’était pas content, car il aime l’exactitude; alors, quand maman lui a dit: «Que veux-tu, mon pauvre ami, dans ce moment-ci, il faut excuser un retard», il a répondu:

      «Oui, oui, je comprends, mais il faut justement dans les moments difficiles que chacun fasse son devoir et même mieux que jamais, comme nos garçons le font, comme notre Roi le fait.»

      Moi, je savais que c’était maman qui avait fait le déjeuner et Madeleine nos chambres, parce qu’Hélène avait pleuré toute la matinée et qu’elle n’avait aucun courage.

      Ce jour-là, la femme Greefs, qui fait le ménage de Tantine, est venue prévenir maman que Tantine nous attendait comme à l’ordinaire, le lendemain, pour le déjeuner.

      Papa, qui l’a entendue parler, est sorti du magasin et s’est écrié: «Bien entendu, pourquoi pas?» Sa voix était très ferme, elle s’est adoucie subitement, tandis qu’il lui demandait:

      «Comment vont vos petits, madame Greefs?»

      Cette femme a huit enfants, nous les voyons très souvent; maman et Madeleine font toujours un tas d’affaires pour eux. Elle est très malheureuse, parce que son mari СКАЧАТЬ