Les mystères du peuple, Tome IV. Эжен Сю
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Название: Les mystères du peuple, Tome IV

Автор: Эжен Сю

Издательство: Public Domain

Жанр: История

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СКАЧАТЬ laissa béante une large ouverture d'où s'échappèrent de grands tourbillons de feu répandant une forte odeur de soufre.

      –La terre s'entr'ouvre, – s'écria le Frank livide de terreur, – du feu! du feu! sous mes pieds.

      –C'est le feu éternel, – dit l'évêque en se redressant menaçant, tandis que le comte tombait à genoux cachant sa figure entre ses mains, – ah! tu demandes où est l'enfer, impie, blasphémateur!

      –Patron, mon bon patron, aie pitié de moi!

      –Entends-tu ces cris souterrains? Ce sont les démons; ils viennent te chercher. Entends-tu comme ils crient: Neroweg, Neroweg! le fratricide! Viens à nous! Caïn, tu es à nous!

      –Ces cris sont affreux… Mon bon père en Christ, prie le Seigneur de me pardonner!

      –Ah! te voilà à genoux, pâle, éperdu, les mains jointes, les yeux fermés par l'épouvante… Demanderas-tu encore où est l'enfer?

      –Non, non, évêque, saint évêque Cautin; absous-moi de la mort de mon frère, tu auras ma prairie, mes vingt sous d'or…

      –Et l'esclave?

      –Et ma petite esclave blonde.

      –J'ai là une charte de donation préparée… Tu vas faire venir un de tes leudes comme témoin. Mon témoin à moi sera cet ermite, afin que la donation soit en règle et selon l'usage.

      –Oui, oui, mais aie pitié de moi… Si ces dénions allaient m'emporter… Comme ils m'appellent! Renvoie-les! renvoie-les donc, mon bon patron, qu'ils ne m'entraînent pas en enfer, moi ton fils en Christ!

      –Ils t'emporteraient si tu manquais à ta promesse.

      –Je la tiendrai… Oh! je la tiendrai…

      –Puisque tu ne doutes plus de la puissance du Seigneur, – reprit l'évêque en frappant de nouveau du pied sur le plancher, – relève-toi, comte, ouvre les yeux, le gouffre de l'enfer est refermé (la dalle en remontant avait repris sa place). Ermite, apporte ce parchemin et ce qu'il faut pour écrire. Tu seras mon témoin.

      –Je ne serai pas témoin de cette fourberie sacrilége, – répondit en latin l'ermite laboureur. – Je t'exposerais à la fureur de ce barbare en lui dévoilant cette pillerie, il te tuerait, et je ne veux pas voir ton sang couler… mais, prends garde, prends garde… tu domines par la ruse et la terreur les seigneurs stupides et féroces; moi je domine, par l'amour que je leur porte, les opprimés et ceux qui souffrent. Prends garde; ceux-là sont nombreux.

      –Voudrais-tu exciter une rébellion contre moi? Serais-tu capable d'abuser du grand empire que tu possèdes sur le populaire? toi que j'ai accueilli ici comme un hôte bien venu? sans savoir pourtant si ton évêque t'avait permis de sortir de son diocèseK.

      –Demain, avant de continuer ma route, je te dirai ce que j'attends de toi…

      Cautin, à qui l'ermite laboureur imposait, frappa sur un timbre pendant que le comte, toujours agenouillé, tremblant de tous ses membres, essuyait la sueur glacée qui coulait de son front. À l'appel de l'évêque, le chambrier parut; le saint homme lui dit tout bas en latin:

      –L'enfer a été très-satisfaisant… Qu'on éteigne le feu!

      Et il ajouta tout haut:

      –Commande à l'un des leudes du comte de venir ici… Tu l'accompagneras.

      Le chambrier sorti, l'évêque s'adressant au Frank toujours agenouillé:

      –Tu as cru, et tu te repens… Relève-toi! Mais prends garde de manquer à ta parole…

      –Mon bon patron, je ne me relèverai pas que tu ne m'aies promis une chose…

      –Quoi donc?

      –J'ai peur de retourner cette nuit à mon burg; les démons viendraient peut-être me prendre sur la route… Je suis épouvanté… garde-moi cette nuit à ta villa.

      –Tu seras mon hôte jusqu'à demain; mais ta petite esclave, tu devais me l'envoyer dès ton arrivée… chez toi?

      –Tu la veux cette nuit?.. la petite esclave?

      –Je l'ai promise à mon évêchesse, autrefois ma femme selon la chair, aujourd'hui ma soeur en Dieu. Elle a besoin d'une toute jeune fille pour son service; je lui ai promis celle-ci… et plus tôt elle l'aura, plus tôt elle sera contente.

      –Ainsi, patron, – dit le comte en se grattant l'oreille, – tu la veux absolument ce soir, la petite esclave?

      –Oserais-tu maintenant te dédire?.. Te crois-tu déjà si loin de l'enfer?

      –Non, oh! non, patron… ne te fâche pas; un de mes leudes va monter à cheval; il ira chercher la petite esclave et la ramènera ici en croupe…

      La charte de donation, validée selon l'usage par l'inscription du témoignage du chambrier de l'évêque et du leude, portait que Neroweg, comte du roi d'Auvergne en la ville de Clermont, donnait en rémission de ses péchés à l'église, représentée par Cautin, évêque de cette ville, cent arpents de prairie, vingt sous d'or, et une esclave filandière, âgée de quinze ans, nommée Odille. Après quoi l'évêque, au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, donna au comte frank l'absolution de son fratricide et trois grands coups à boire pour le réconforter.

      –Sigefrid, – dit le comte au leude en étouffant un dernier soupir de regret, – sois bon compagnon; va au burg; tu prendras en croupe la petite Odille la filandière, et tu la rapporteras ici.

      Les Vagres sont arrivés non loin de la villa épiscopale.

      –Ronan, les portes sont solides, les fenêtres élevées, les murailles épaisses… Comment entrer chez l'évêque? – dit le Veneur.

      –Tu nous a promis de nous conduire au coeur de la maison… moi, j'irai droit au coeur de l'évêchesse.

      –Frères, voyez-vous à quelques pas, au pied de la montagne, ce petit bâtiment entouré de colonnes?

      –Nous le voyons… la nuit est claire.

      –Ce bâtiment était autrefois une salle de bains d'eaux thermales, dont la source chaude venait de ces montagnes… De la villa où nous allons, on se rendait à ces thermes par un long souterrain. L'évêque a fait détourner la source, et le bâtiment il l'a changé en une chapelle consacrée au grand Saint-Loup… Or, mes bons Vagres, par le souterrain nous entrerons au coeur de la villa épiscopale sans trouer de murailles, sans briser portes ou fenêtres… Si j'ai promis, ai-je tenu?

      –Comme toujours, Ronan… tu as promis, tu as tenu.

      On entre dans les anciens thermes changés en chapelle; il y fait noir, très-noir… Une voix sort de l'ombre:

      –C'est toi, Ronan?

      –Moi et les miens… Marche, Simon, bon serviteur de la villa épiscopale… marche, Simon, nous te suivons…

      –Il faut attendre.

      –Pourquoi?

      –Le comte Neroweg СКАЧАТЬ