Les mystères du peuple, Tome IV. Эжен Сю
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Название: Les mystères du peuple, Tome IV

Автор: Эжен Сю

Издательство: Public Domain

Жанр: История

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СКАЧАТЬ dit à l'évêque aussi en latin:

      –Ce que tu veux faire est une dérision sacrilége!

      –Ermite, tout n'est-il point permis à l'Église envers ces brutes franques?

      –La fourberie n'est jamais permise…

      Cautin haussa les épaules, et s'adressant au comte en langue germanique, car le prélat parlait l'idiôme frank comme un Barbare:

      –Es-tu chrétien et catholique? As-tu reçu le baptême?

      –L'évêque Macaire, il y a vingt ans, m'a dit de me mettre tout nu dans la grande auge de pierre de sa basilique, et puis il m'a jeté de l'eau sur la tête en marmottant des mots latins.

      –Enfin, tu es catholique, puisque tu as communié au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, trois personnes en une seule, qui est Dieu, puisqu'il est seul, et que pourtant il est trois. En raison de quoi tu dois me respecter et m'obéir comme à ton père en Christ!

      –Patron, tu veux m'embrouiller par tes paroles. Écoute à ton tour: notre grand roi Clovis, à la tête de ses braves leudes, a conquis et asservi la Gaule. Mon père, Gonthram Neroweg, était l'un de ces guerriers, et…

      –Ton grand roi?.. S'il a conquis la Gaule, n'est-ce pas aux évêques qu'il la doit, cette conquête? N'ont-ils pas facilité sa victoire en ordonnant aux peuples de se soumettre? Ton grand roi Clovis! il n'eût jamais été qu'un chef de brigands, s'il n'eût embrassé la foi catholique! Qu'est-ce qu'a fait saint Rémi lorsqu'il l'a oint du saint chrême dans la basilique de Reims et l'a baptisé fils soumis de la sainte Église? Il l'a fait agenouiller, ton grand roi Clovis, lui disant: Courbe la tête, fier Sicambre! Brûle ce que tu as adoréAdore ce que tu as brûlé!… Ce qui signifiait: tu as pillé… tu as violé… tu as saccagé… tu as massacré… mais surtout, là est le péché, tu as pillé les saints lieux; donc, à cette heure, humilie-toi! courbe la tête devant le clergé… obéis-lui, enrichis l'Église, et les évêques te feront reconnaître souverain de la Gaule; Clovis a suivi ce conseil; il a donné d'immenses richesses à l'Église; aussi est-il allé tout droit jouir des délices et des parfums du paradis.

      –Patron, tu ne me laisses jamais parler…

      –Va, je t'écoute.

      –Le grand roi Clovis a conquis la Gaule…

      –Voilà qui est nouveau. Ensuite?

      –Quand vivait Théodorik, celui des fils du grand roi Clovis qui a eu l'Auvergne parmi ses royaumes, il m'a donné ici de grands domaines, terres, gens, bétail et maisons, et m'a envoyé pour le représenter dans cette contrée.

      –Oui, il t'a fait en ce pays ce que vous appelez graff, et nous autres comte. Tu présides avec moi, chef évêque de la cité, les curiales de la ville de ClermontJ, beau président, sur ma parole! tu arrives à demi ivre les jours de tribunal, et tu ronfles comme un sourd lorsque nous avons à juger des causes…

      –Que veux-tu que je fasse, moi! je n'entends pas un mot de votre langue latine; je m'endors, et, quand je m'éveille, je juge comme tu me dis…

      –C'est ce que tu peux faire de mieux; mais, encore une fois, où veux-tu en venir avec tes divagations? Tu as eu la sacrilége audace de me menacer de violences, moi, ton évêque, ton père en Christ! si je ne t'absolvais de tes crimes. Je t'ai à mon tour menacé d'un châtiment céleste… à quoi tu me réponds en me parlant de Clovis et de ta charge de comte. Qu'a de commun ceci avec la menace que je t'ai faite au nom du Seigneur et qui s'accomplira peut-être plus tôt que tu ne le crois; entends-tu, comte Neroweg?

      –Je veux dire d'abord que le grand roi Clovis a commis un bien plus grand nombre de crimes que moi, et qu'il jouit du paradis.

      –Il en jouit, certes; mais à quel prix? Ignores-tu que saint Rémi qui l'a baptisé a été si richement doué par ce pieux roi, qu'il a pu acheter un domaine en Champagne au prix de cinq mille livres pesant d'argent? Si tu ignores ceci, moi je te l'apprends.

      –Je voulais dire ensuite que si tu es évêque, moi je suis comte ici, en pays conquis par mon épée. Oui, je suis comte ici, au nom du roi que je représente, et comme ton comte, je peux te forcer de m'absoudre; apprends ceci à ton tour.

      –Ah! tu blasphèmes de nouveau, – et l'évêque frappa du pied sous la table, – ah! tu oses encore braver le courroux du Seigneur! toi… souillé de crimes exécrables!

      –Qu'est-ce que j'ai donc fait? J'ai tué… mon frère Ursio!

      –Vraiment? et le meurtre de ta concubine Isanie? et le meurtre de ta quatrième femme Wisigarde que tu avais épousée, de même que tu as épousé ta cinquième femme Godègisèle… bien que ta première et ta seconde épouse soient encore vivantes? dis, comte, sont-ce là des peccadilles?

      –Ne m'as-tu pas absous de ces choses-là? Par l'aigle terrible, mon glorieux aïeul! il m'en a coûté les cinq cents meilleurs arpents de ma forêt, trente-huit sous d'or, vingt esclaves, et cette superbe pelisse de fourrures de martre du Nord, dans laquelle tu te prélassais cet hiver, et que le grand Clovis avait donnée à mon père!

      –De ces premiers crimes, tu es absous… c'est vrai; aussi tu serais blanc comme l'agneau pascal sans ton abominable fratricide.

      –Je n'ai pas tué Ursio par haine, moi; je l'ai tué pour avoir sa part d'héritage.

      –Et pourquoi aurais-tu tué ton frère, bestial? Pour le manger?

      –Je te dis, moi, que le grand Clovis a tué aussi tous ses parents pour avoir leur héritage, et qu'il jouit du paradis… J'y veux aller aussi, moi qui ai moins tué que lui, et si tu ne me promets pas sur l'heure le paradis sans me faire payer davantage, je te fais tirer à quatre chevaux ou hacher par mes leudes!

      –Et moi je te dis que si tu n'expies pas ton fratricide par un don à mon église, tu iras en enfer, toi, qui, comme Caïn, as tué ton frère.

      –Oui, oui, patron, tu dis toujours cela pour mes cent arpents de prairie, mes vingt sous d'or et ma petite esclave blonde.

      –Je dis cela pour le salut de ton âme, malheureux! Je dis cela pour t'épargner les tortures de l'enfer dont la seule pensée me fait frissonner pour toi.

      –Tu parles toujours de l'enfer… Où est-il?

      –Où il est?

      Et l'évêque Cautin frappa encore du pied sur le sol.

      –Tu demandes où il est, l'enfer?

      –Il n'y en a pas…

      –Il n'y a pas d'enfer! Seigneur, Seigneur! ayez pitié de ce barbare. Ouvrez-lui les yeux par un miracle… Comte, sens-tu cette odeur de soufre?

      –Je sens… une odeur très-puante.

      –Vois-tu cette fumée qui sort à travers ces dalles?

      –D'où vient cette fumée? – s'écria Neroweg effrayé, en se levant de table et se reculant de l'endroit du sol d'où sortait une vapeur noire et épaisse; – évêque, quelle est cette magie?

      –Seigneur, mon Dieu! vous avez entendu la voix de votre serviteur indigne, – dit Cautin en joignant les mains СКАЧАТЬ