Mathilde. Эжен Сю
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Название: Mathilde

Автор: Эжен Сю

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ plaît; ce serait par trop ridicule… Mais vous aurez de belles robes de moire et de soie, pendant que cette pauvre Ursule n'aura que des robes de laine… ce qui la fera bien enrager.

      – Je voudrais n'être jamais mise autrement que ma cousine, ma tante.

      – Comment! c'en est déjà à ce point-là? s'écria mademoiselle de Maran en attachant sur moi ses yeux perçants. – Mais c'est encore bien mieux que je ne le pensais. Allons… allons… rassurez-vous, une fois le deuil fini, vous serez toujours mises comme les deux sœurs; vous êtes assez riche pour faire de temps en temps cadeau d'une belle robe a votre cousine, qui n'a pas le sou.

      – Ma tante, vous ne me comprenez pas – m'écriai-je avec impatience; – puisque Ursule est pauvre, je voudrais être mise comme elle et non pas qu'elle fût mise comme moi.

      Mademoiselle de Maran me regarda encore attentivement, et dit de son air sardonique:

      – Ah çà! mais à qui en a donc aujourd'hui cette petite avec ses superlatives délicatesses? Comme c'est touchant… ça tient de famille. Puis elle ajouta en se parlant à elle-même: Au fait, tant mieux. – Et s'adressant à moi: Bien… très-bien… petite, vous ne sauriez trop traiter Ursule en sœur. Je vois avec joie se manifester en vous les symptômes d'une grande délicatesse… d'une grande sensibilité. Tant mieux, je n'y complais pas, vous dépassez mes plus chères espérances.

      Je sortis de chez mademoiselle de Maran, toute fière, tout heureuse.

      J'allai vite trouver ma gouvernante pour lui apprendre le résultat de mon entretien avec ma tante.

      Blondeau m'embrassa cette fois en pleurant de joie, et me dit: – Voilà votre bon cœur revenu. Il me semble entendre parler votre pauvre mère.

      On pourrait croire qu'il y eut alors un temps d'arrêt dans les méchantes menées de mademoiselle de Maran contre moi; il n'en est rien.

      Jamais, au contraire, elle ne se crut plus certaine de me nuire et dans le présent et dans l'avenir. Mais alors j'ignorais ce que j'ai su depuis, et je me livrais avec bonheur à mes sentiments d'amitié exaltée pour ma cousine. Elle y répondit avec l'expansion la plus affectueuse, la plus reconnaissante.

      Quelques jours après l'arrivée d'Ursule à l'hôtel de Maran, je n'avais plus de secret pour elle. Je lui avais raconté toute mon enfance, excepté le sinistre dessein de ma gouvernante; et encore ce secret m'avait-il bien coûté et me coûtait encore beaucoup à garder.

      Quoique Ursule fût d'un an plus âgée que moi, j'étais à peu près aussi avancée qu'elle dans mes études; nos professeurs ne manquaient jamais de préférer mes devoirs aux siens, soit qu'ils le méritassent réellement, soit qu'en agissant ainsi, nos maîtres crussent flatter ma tante. Sans le savoir, ils se rendaient ainsi complices de ses secrets desseins.

      Craignant de blesser l'amour-propre d'Ursule par mes succès, je faisais tout au monde pour m'excuser de ma supériorité. Je trouvais mille raisons d'expliquer mes petits triomphes à mon désavantage: tantôt en me donnant la première place, nos professeurs voulaient plaire à mademoiselle de Maran; tantôt Ursule elle-même m'aimait assez pour faire exprès des fautes et me laisser ainsi l'avantage.

      Je ne sais si notre affection naissante contraria les projets de mademoiselle de Maran; mais elle trouva le moyen de me tourmenter de nouveau, et plus cruellement que jamais.

      Sous le prétexte de nous habituer peu à peu à voir le monde, elle nous fit venir quelquefois, le matin, dans son salon. Elle recevait tous les soirs, mais plusieurs personnes intimes venaient la voir entre quatre et six heures.

      Qu'on juge de mon chagrin la première fois que j'entendis ma tante dire à des étrangers en nous montrant, moi et Ursule:

      «Croiriez-vous que ma nièce, qui a une année de moins que mademoiselle d'Orbeval, et qui a commencé son éducation beaucoup plus tard, s'est tellement appliquée, a fait des progrès si étonnants, qu'en toute chose elle prime sa compagne? C'est étonnant, n'est-ce pas? Ordinairement, ce sont les pauvres filles sans fortune qui travaillent le plus assidûment. Ici, c'est tout le contraire. Mathilde ne se contente pas d'être au-dessus de sa cousine par la richesse et par la beauté, elle veut encore lui être supérieure par l'éducation. Pauvre chère petite, c'est un vrai trésor que cette enfant: c'est tout le portrait de sa mère.»

      Et mademoiselle de Maran me comblait de caresses hypocrites.

      Mon cœur se brisait. Je regardais Ursule d'un air suppliant; à peine étions-nous seules que je me jetais en pleurant dans ses bras, lui demandant pardon des louanges exagérées, ridicules, dont ma tante m'accablait.

      Ma cousine, émue comme moi, calmait mes craintes, en plaisantait même, et me prouvait par sa tendresse toujours croissante qu'elle n'était nullement jalouse de mes avantages, ou blessée des reproches de mademoiselle de Maran.

      Je fis alors tout mon possible pour laisser à Ursule la première place; mais en vain j'accumulais fautes sur fautes, je ne parvenais pas à voir les travaux d'Ursule préférés aux miens. Un jour j'imaginai de ne plus rien faire, de ne pas apprendre mes leçons; il fallut bien alors donner la première place à ma compagne.

      Mademoiselle de Maran nous fit descendre toutes deux dans le salon, où se trouvaient encore plusieurs personnes.

      Après quelques mots d'une conversation insignifiante, ma tante me fit venir près d'elle.

      Puis s'adressant à une de ses amies:

      – Vous allez me dire que je répète toujours la même chose; mais il faut pardonner aux vieilles femmes d'être radoteuses quand elles ont à parler de ce qu'elles chérissent! Je vous vois rire; vous devinez qu'il s'agit encore de ma petite Mathilde? C'est vrai, j'en suis affolée, assotée, si vous voulez. Eh bien! oui, c'est comme ça; je ne puis pas m'en empêcher, – dit ma tante en prenant son ton de bonne femme, ce qui arrivait toujours lorsqu'elle disait quelques méchancetés. Elle reprit: Enfin, tenez, comparez Mathilde et Ursule… par exemple… et il faut, à propos, que je lui donne une leçon, à mamzelle d'Orbeval. – Puis, se retournant vers ma cousine, ma tante continua d'un air sévère: – Mademoiselle, vous êtes pauvre; vous profitez de tous les maîtres de votre cousine, et vous êtes assez paresseuse pour souffrir que Mathilde, cet ange de bonté, manque, comme aujourd'hui, exprès à ses devoirs pour vous laisser la première place, que vous n'avez pas le courage de gagner par votre application.

      – Mais, ma tante, – m'écriai-je, – Ursule n'en savait rien.

      – Voyez-vous le bon cœur de cette chère petite! Quelle générosité! Elle la défend encore! – Et ma tante m'embrassa.

      Puis, continuant de s'adresser d'un ton sévère à ma cousine, qui, rouge de honte, fondait en larmes, elle lui dit durement:

      – Comment n'avez-vous pas honte de supporter, d'exiger peut-être de pareils sacrifices de la part de cette enfant?

      – Mais, madame, – s'écria la pauvre Ursule, – je vous assure que j'ignorais…

      – C'est bon!.. c'est bon! – dit mademoiselle de Maran, – je sais que penser. Et elle nous renvoya, après m'avoir encore tendrement embrassée.

      Ses caresses me révoltaient. Je recommençais à la haïr plus que jamais. Je pressentais que son infernale méchanceté voulait m'aliéner mon amie.

      Après cette scène je me jetai aux genoux d'Ursule en sanglotant. La pauvre enfant me rendit СКАЧАТЬ