Private Letters of Edward Gibbon (1753-1794) Volume 2 (of 2). Edward Gibbon
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Читать онлайн книгу Private Letters of Edward Gibbon (1753-1794) Volume 2 (of 2) - Edward Gibbon страница 9

СКАЧАТЬ et malgré les assurances les plus fortes, j'ai trop de raison pour avoir de la foi. *Avec beaucoup d'esprit, et des qualités très respectables, notre homme* a la demarche lente et le cœur froid. Il *n'a plus ni le titre, ni le crédit de premier ministre; des collègues plus actifs lui enlèvent les morceaux les plus friands, qui sont aussitôt dévorés par la voracité de leurs créatures; nos malheurs et nos réformes ont diminué le nombre des graces; par orgueil ou par paresse, je solicite assez mal, et si je parviens enfin, ce sera peut-être à la veille d'une nouvelle révolution, qui me fera perdre dans un instant, ce qui m'aura coûté tant de soins et de recherches.

      Si je ne consultois que mon cœur et ma raison, je romprois sur le champ cette indigne chaine de la dépendance; je quitterois le Parlement, Londres, l'Angleterre; je chercherois sous un ciel plus doux, dans un pays plus tranquille, le repos, la liberté, l'aisance, et une société éclairée, et aimable. En attendant la mort de ma belle-mere et de ma tante je coulerois quelques années de ma vie sans espérance, et sans crainte, j'acheverais mon histoire, et je ne rentrerois dans ma patrie qu'en homme libre, riche, et respectable par sa position, aussi bien que par son caractère. Mes amis, et surtout Milord Sheffield, (M. Holroyd) ne veulent pas me permettre d'être heureux suivant mon goût et mes lumières. Leur prudence exige que je fasse tous mes efforts, pour obtenir un emploi très sûr à la vérité, qui me donneroit mille guinées de rente, mais qui m'enleveroit cinq jours par semaine. Je me prête à leur zèle, et je leur ai promis de ne partir qu'en automne, après avoir consacré l'été à cette dernière tentative. Le succès, cependant, est très incertain, et je ne sais si je le désire de bonne foi.

      Si je parviens à me voir exilé, mon choix ne sera pas douteux. Lausanne a eu mes prémices; elle me sera toujours chère par le doux souvenir de ma jeunesse. Au bout de trente ans, je me rappelle les polissons qui sont aujourd'hui juges, les petites filles de la société du Printems, qui sont devenues grand-mères. Votre pays est charmant, et, malgré le dégoût de Jean Jacques, les mœurs, et l'esprit de ses habitans, me paroissent très assortis aux bords du lac Léman. Mais un trésor que je ne trouverois qu'à Lausanne, c'est un ami qui me convient également par les sentimens et les idées, avec qui je n'ai jamais connu un instant d'ennui, de sécheresse, ou de réserve. Autrefois dans nos libres épanchemens, nous avons cent fois fait le projet de vivre ensemble, et cent fois nous avons épluché tous les détails du Roman, avec une chaleur qui nous étonnoit nous mêmes. A présent il demeure, ou plutôt vous demeurez, (car je me lasse de ce ton étudié,) dans une maison charmante et commode; je vois d'ici mon appartement, nos salles communes, notre table, et nos promenades; mais ce marriage ne vaut rien, s'il ne convient pas également aux deux époux, et je sens combien des circonstances locales, des goûts nouveaux, de nouvelles liaisons, peuvent s'opposer aux desseins, qui nous ont paru les plus agréables dans le lointain. Pour fixer mes idées, et pour nous épargner des regrets, il faut me dévoiler avec la franchise dont je vous ai donné l'exemple, le tableau extérieur et intérieur de George Deyverdun. Mon amour est trop délicat, pour supporter l'indifférence et les égards, et je rougirois d'un bonheur dont je serois redevable, non à l'inclination, mais à la fidélité de mon ami.

      PROPOSES TO SETTLE ABROAD.

      Pour m'armer contre les malheurs possibles, hélas! peut-être trop vraisemblables, j'ai essayé de me détacher de la pensée de ce projet favori, et de me représenter à Lausanne votre bon voisin, sans être précisément votre commensal. Si j'y étois réduit, je ne voudrois pas tenir maison, autant par raison d'économie, que pour éviter l'ennui de manger seul. D'un autre côté, une pension ouverte, fut-elle montée sur l'ancien pied de celle de Mesery, ne conviendroit plus à mon age, ni à mon caractère. Passerois-je ma vie au milieu d'une foule de jeunes Anglois échappés du collège, moi qui aimerois Lausanne cent fois davantage, si j'y pouvois être le seul de ma nation? Il me faudroit donc une maison commode et riante, un état au dessus de la bourgeoisie, un mari instruit, une femme qui ne ressembleroit pas à Madame Pavilliard, et l'assurance d'y être reçu comme le fils unique, ou plutôt comme le frère de la famille. Pour nous arranger sans gêne, je meublerai très volontiers un joli appartement sous le même toit, ou dans le voisinage, et puisque le ménage le plus foible laisse encore de l'étoffe pour une forte pension, je ne serois pas obligé de chicaner sur les conditions pécuniaires. Si je me vois déchu de cette dernière espérance, je renoncerois en soupirant à ma seconde patrie, pour chercher un nouvel asyle, non pas à Genève, triste séjour du travail et de la discorde, mais aux bords du lac de Neufchatel, parmi les bons Savoyards de Chamberry, ou sous le beau climat des Provinces Méridionales de la France. Je finis brusquement, parceque j'ai mille choses à vous dire. Je pense que nous nous ressemblons pour la correspondance. Pour le bavardage savant ou même amical, je suis de tous les hommes le plus paresseux, mais dès qu'il s'agit d'un objet réel, d'un service essentiel, le premier courier emporte toujours ma réponse. A la fin d'un mois, je commencerai à compter les semaines, les jours, les heures. Ne me les faites pas compter trop long tems. Vale.*

      461.

       M. Deyverdun à M. Gibbon

Strasbourg, le 10 Juin, 1783.

      *Je ne saurois vous exprimer, Monsieur et cher ami, la variété, et la vivacité, des sensations que m'a fait éprouver votre lettre. Tout cela a fini par un fond de plaisir et d'espérance qui resteront dans mon cœur, jusqu'à ce que vous les en chassiez.

      Un rapport singulier de circonstances contribue à me faire espérer que nous sommes destinés à vivre quelque tems agréablement ensemble. Je ne suis pas dégoûté d'une ambition que je ne connus jamais; mais par d'autres circonstances, je me trouve dans la même situation d'embarras et d'incertitude où vous êtes aussi à cette époque. Il y a un an que votre lettre, mon cher ami, m'auroit fait plaisir sans doute, mais en ce moment, elle m'en fait bien davantage; elle vient en quelque façon à mon secours.

      Depuis mon retour d'Italie, ne pouvant me déterminer à vendre ma maison, m'ennuyant d'y être seul (car je suis comme vous, Monsieur, et je déteste de manger sans compagnie) ne voulant pas louer à des étrangers, j'ai pris le parti de m'arranger assez joliment au premier étage, et de donner le second à une famille de mes amis, qui me nourrit, et que je loge. Cet arrangement a paru pendant longtems contribuer au bonheur des deux parties. Mais tout est transitoire sur cette terre. Ma maison sera vuide, selon toute apparence, sur la fin de l'été, et je me vois d'avance tout aussi embarrassé et incertain, que je l'étois il y a quelques années, ne sachant quelle nouvelle société choisir, et assez disposé à vendre enfin cette possession qui m'a causé bien des plaisirs et bien des peines. Ma maison43 est donc à votre disposition pour cet automne, et vous y arriveriez comme un Dieu dans une machine qui finit l'embroglio. Voilà, quant à moi; parlons de vous maintenant avec la même sincérité.

      Un mot de préambule. Quelque intéressé que je sois à votre résolution, convaincu qu'il faut aimer ses amis pour eux-mêmes, sentant d'ailleurs combien il seroit affreux pour moi de vous voir des regrets, je vous donne ici ma parole d'honneur, que mon intérêt n'influe en rien sur ce que je vais écrire, et que je ne dirai pas un mot que je ne vous disse, si l'hermite de la grotte étoit un autre que moi. Vos amis anglais vous aiment pour eux-mêmes; je ne veux moi que votre bonheur. Rappellez-vous, mon cher ami, que je vis avec peine votre entrée dans le Parlement, et je crois n'avoir été que trop bon prophète; je suis sûr que cette carrière vous a fait éprouver plus de privations que de jouissances, beaucoup plus de peines que de plaisirs; j'ai cru toujours, depuis que je vous ai connu, que vous étiez destiné à vivre heureux par les plaisirs du cabinet et de la société, que tout autre marché étoit un écart de la route du bonheur, et que ce n'étoit que les qualités réunies d'homme de lettres, et d'homme aimable de société, qui pouvoient vous procurer gloire, honneur, plaisirs, et une suite continuelle de jouissances. Au bout de quelques tours dans votre salle, vous sentirez parfaitement que j'avois bien vu, et que l'événement a justifié mes idées.

      DEYVERDUN'S OFFER OF HIS HOUSE.

      Lorsque j'ai СКАЧАТЬ



<p>43</p>

Part of the grounds of M. Deyverdun's house at Lausanne, in which Gibbon lived from 1783 to 1793, is now occupied by the Hôtel Gibbon. Henry Mathews (Diary of an Invalid, p. 317) speaks of a visit to the house paid in June, 1818. "Paid a visit to the house in which Gibbon resided. Paced his terrace, and explored the summer-house, of which he speaks in relating, with so much interesting detail, the conclusion of his historical labours."