Private Letters of Edward Gibbon (1753-1794) Volume 2 (of 2). Edward Gibbon
Чтение книги онлайн.

Читать онлайн книгу Private Letters of Edward Gibbon (1753-1794) Volume 2 (of 2) - Edward Gibbon страница 12

СКАЧАТЬ ni de politesse, et j'ai dans l'esprit qu'on pourroit acquérir pour un certain tems, quelque bibliothèque d'un vieillard ou d'un mineur, dont la famille ne voudroit pas se défaire entièrement. Quant aux outils de mon travail, nous commencerons par examiner l'état de nos richesses; après quoi il faudroit faire un petit calcul du prix, du poids et de la rareté de chaque ouvrage, pour juger de ce qu'il seroit nécessaire de transporter de Londres, et de ce qu'on acheteroit plus commodément en Suisse; à l'égard de ces frais, on devroit les envisager comme les avances d'une manufacture transplantée en pays étranger, et dont on espère retirer dans la suite un profit raisonnable. Malheureusement votre bibliothèque publique, en y ajoutant même celle de M. de Bochat, est assez piteuse; mais celles de Berne et de Basle sont très nombreuses, et je compterois assez sur la bonhommie Helvétique, pour espérer que, moyennant des recommendations et des cautions, il me seroit permis d'en tirer les livres dont j'aurois essentiellement besoin. Vous êtes très bien placé pour prendre les informations, et pour faire les démarches convenables; mais vous voyez du moins combien je me retourne de tous les côtés, pour esquiver la difficulté la plus formidable.

      HIS FRIEND AND VALET.

      Venons à présent à des objets moins relevés, mais très importans à l'existence et au bien-être de l'animal, le logement, les domestiques, et la table. Pour mon appartement particulier, une chambre à coucher, avec un grand cabinet et une antichambre, auroient suffi à tous mes besoins; mais si vous pouvez vous en passer, je me promenerai avec plaisir dans l'immensité de vos onze pièces, qui s'accommoderont sans doute aux heures et aux saisons différentes. L'article des domestiques renferme une assez forte difficulté, sur laquelle je dois vous consulter. Vous connoissez, et vous estimez Caplen mon valet de chambre, maître d'hotel, &c. qui a été nourri dans notre maison, et qui comptoit d'y finir ses jours. Depuis votre départ, ses talens et ses vertus se sont dévelloppés de plus en plus, et je le considère bien moins sur le pied d'un domestique, que sur celui d'un ami. Malheureusement il ne sait que l'Anglois, et jamais il n'apprendra de langue étrangère. Il m'accompagna, il y a six ans, dans mon voyage à Paris, mais il rapporta fidèlement à Londres toute l'ignorance, et tous les préjugés d'un bon patriote. A Lausanne il me coûteroit beaucoup, et à l'exception du service personnel, il ne nous seroit que d'une très petite utilité. Cependant je supporterois volontiers cette dépense, mais je suis très persuadé que, si son attachement le portoit à me suivre, il s'ennuyeroit à mourir dans un pays où tout lui seroit étranger et désagréable. Il faudroit donc me détacher d'un homme dont je connois le zèle, la fidélité, rompre tout d'un coup de petites habitudes qui sont liées avec le bien-être journalier et momentané, et se résoudre à lui substituer un visage nouveau, peut-être un mauvais sujet, toujours quelque aventurier Suisse pris sur le pavé de Londres. Vous rappellez-vous un certain George Suess qui a fait autrefois avec moi le voyage de France et d'Italie? Je le crois marié et établi à Lausanne; s'il vit encore, si vous pouvez l'engager à se rendre ici, pour me ramener en Suisse, la compagnie d'un bon et ancien serviteur ne laisseroit pas d'adoucir la chute, et il resteroit peut-être auprès de moi, jusqu'à ce que nous eussions choisi un jeune homme du pays, adroit, modeste et bien élevé, à qui je ferois un parti avantageux.

      Les autres domestiques, gouvernantes, laquais, cuisinière, &c. se prennent et se renvoyent sans difficulté. Un article bien plus important, c'est notre table, car enfin nous ne sommes pas assez hermites, pour nous contenter des légumes et des fruits de votre jardin, tout excellens qu'ils sont; mais je n'ai presque rien à ajouter à l'honnêteté de vos propos, qui me donnent beaucoup plus de plaisir que de surprise. Si je me trouvois sans fortune, au lieu de rougir des bienfaits de l'amitié, j'accepterois vos offres aussi simplement que vous les faites. Mais nous ne sommes pas réduits à ce point, et vous comprenez assez qu'une déconfiture angloise laisse encore une fortune fort décente au Pays de Vaud, et pour vous dire quelque chose de plus précis, je dépenserois sans peine et sans inconvénient cinq ou six cens Louis. Vous connoissez le résultat aussi bien que les détails d'un ménage; en supposant une petite table de deux philosophes Epicuriens, quatre, cinq, ou six domestiques, des amis assez souvent, des repas assez rarement, beaucoup de sensualité, et peu de luxe, à combien estimez-vous en gros la dépense d'un mois et d'une année? Le partage que vous avez déjà fait, me paroît des plus raisonnables; vous me logez, et je vous nourris. A votre calcul, j'ajouterois mon entretien personnel, habits, plaisirs, gages de domestiques, &c. et je verrois d'une manière assez nette, l'ensemble de mon petit établissement.

      HIS HOPES OF A POLITICAL PLACE.

      Après avoir essuyé tant de détails minutieux, le cher lecteur s'imagine sans doute que la résolution de me fixer pendant quelque tems aux bords du Lac Léman, est parfaitement décidée. Hélas! rien n'est moins vrai; mais je me suis livré au charme délicieux de contempler, de sonder, de palper ce bonheur, dont je sens tout le prix, qui est à ma portée, et auquel j'aurai peut-être la bêtise de renoncer. Vous avez raison de croire, mais vous ignorez jusqu'à quel point vous l'avez, que ma carrière politique a été plus semée d'épines que de roses. Eh! quel objet, quel motif, pourroit me consoler de l'ennui des affaires, et de la honte de la dépendance? La gloire? Comme homme de lettres, j'en jouis, comme orateur je ne l'aurai jamais, et le nom des simples soldats est oublié dans les victoires aussi bien que dans les défaites. Le devoir? Dans ces combats à l'aveugle, où les chefs ne cherchent que leur avantage particulier, il y a toujours à parier que les subalternes feront plus de mal que de bien. L'attachement personnel? Les ministres sont rarement dignes de l'inspirer; jusqu'à présent Lord North n'a pas eu à se plaindre de moi, et si je me retire du Parlement, il lui sera très aisé d'y substituer un autre muet, tout aussi affidé que son ancien serviteur. Je suis intimément convaincu, et par la raison, et par le sentiment, qu'il n'y a point de parti, qui me convienne aussi bien que de vivre avec vous, et auprès de vous à Lausanne; et si je parviens à la place (Commissioner of the Excise or Customs) où je vise, il y aura toutes les semaines cinq longues matinées, qui m'avertiront de la folie de mon choix. Vous vous trompez à la vérité à l'égard de l'instabilité de ces emplois; ils sont presque les seuls qui ne ressentent jamais des révolutions du ministère.

      Cependant si cette place s'offroit bientôt, je n'aurois pas le bon sens et le courage de la refuser. Quels autres conseillers veux-je prendre, sinon mon cœur et ma raison? Il en est de puissans et toujours écoutés: les égards, la mauvaise honte, tous mes amis, ou soi-disant tels, s'écrieront que je suis un homme perdu, ruiné, un fou qui se dérobe à ses protecteurs, un misanthrope qui s'exile au bout du monde, et puis les exagérations sur tout ce qui seroit fait en ma faveur, si surement, si promptement, si libéralement. Mylord Sheffield opinera à me faire interdire et enfermer; mes deux tantes et ma belle mère se plaindront que je les quitte pour jamais, &c. Et l'embarras de prendre mon bonnet de nuit, comme disoit le sage Fontenelle, lorsqu'il n'etoit question que de decoucher, combien de bonnets de nuit ne me faudra-t-il pas prendre, et les prendre tout seul? car tout le monde, amis, parens, domestiques, s'opposera à ma fuite. Voilà à la vérité des obstacles assez peu redoutables, et en les décrivant, je sens qu'ils s'affoiblissent dans mon esprit. Grace à ce long bavardage vous connoissez mon intérieur, comme moi même, c'est à dire assez mal; mais cette incertitude, très amicale pour moi, seroit très facheuse pour vous. Votre réponse me parviendra vers la fin de Juillet, et huit jours après, je vous promets une réplique nette et décisive: je pars ou je reste. Si je pars, ce sera au milieu de Septembre; je mangerai les raisins de votre treille les premiers jours d'Octobre, et vous aurez encore le tems de me charger de vos commissions. Ne me dites plus, Monsieur, et très cher ami; le premier est froid, le second est superflu.*

      463.

       M. Deyverdun à M. Gibbon

      *Me voilà un peu embarrassé actuellement; je ne dois vous appeller ni Monsieur, ni ami. Eh bien! vous saurez qu'étant parti Samedi de Strasbourg, pendant que je venois ici, votre seconde lettre alloit là, et qu'ainsi je reçus votre troisième, Dimanche, et votre seconde, hier. La mention que vous y faisiez du Suisse George, dont je n'ai pu rien trouver dans la première, m'a fait comprendre qu'il y en avoit une seconde, et j'ai cru devoir СКАЧАТЬ