Private Letters of Edward Gibbon (1753-1794) Volume 2 (of 2). Edward Gibbon
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Читать онлайн книгу Private Letters of Edward Gibbon (1753-1794) Volume 2 (of 2) - Edward Gibbon страница 11

СКАЧАТЬ le plan que vous avez imaginé, j'aimerois même à dire que vous embrassez, surtout d'après ce que vous marquez vous même, Si je ne consultois que mon cœur et ma raison, je romperois sur le champ cette indigne chaine, &c. Eh! que voulez-vous consulter, si ce n'est votre cœur et votre raison? Si, dis-je, vous exécutez ce plan, vous retrouverez une liberté et une indépendance, que vous n'auriez jamais dû perdre, et dont vous méritez de jouir, une aisance qui ne vous coûtera qu'un voyage de quelques jours, une tranquillité que vous ne pouvez avoir à Londres, et enfin un ami qui n'a peut-être pas été un jour sans penser à vous, et qui malgré ses défauts, ses foiblesses et son infériorité, est encore un des compagnons qui vous convient le mieux.

      Il me reste à vous apprendre pourquoi je vous réponds si tard: vous savez déjà actuellement que ce n'est pas manque d'amitié et de zèle pour la chose; mais votre lettre m'a été renvoyée de Lausanne ici, à Strasbourg, et je n'ai passé qu'une poste sans y répondre, ce qui n'est pas trop, vous l'avouerez, pour un pareil bavardage. Je suis parti de Lausanne la veille de Pâques pour venir voir un M. Bourcard de Basle, fort de mes amis; il est ici auprès du Comte de Cagliostro, pour profiter de ses remèdes. Vous aurez entendu parler peut-être de cet homme extraordinaire à tous égards. Comme j'ai été assez malade tout l'hyver, je profite aussi de ses remèdes; mais comme le tems du séjour du Comte ici n'est rien moins que sûr, le mieux sera que vous m'écriviez à M. D. chez M. Bourcard du Kirshgarten, à Basle.

      Vous comprenez combien à tous égards, il est nécessaire m'écrire sans perte de tems, dès que vous aurez pris une résolution. Adieu, mon cher ami.*

      462.

       A M. Deyverdun

      HIS GRATITUDE TO DEYVERDUN.

      *Je reçois votre lettre du 10 Juin, le 21 de ce mois. Aujourd'hui Mardi le 24, je mets la main à la plume (comme dit M. Fréron) pour y répondre, quoique ma missive ne puisse partir par arrangement des postes, que Vendredi prochain, 27 du courant. O merveille de la grace efficace! Elle n'agit pas moins puissamment sur vous, et moyennant le secours toujours prêt, et toujours prompt de nos couriers, un mois nous suffit pour la demande et la réponse. Je remercie mille fois le génie de l'amitié, qui m'a poussé, après mille efforts inutiles, à vous écrire enfin au moment le plus critique et le plus favorable. Jamais démarche n'a répondu si parfaitement à tous mes vœux et à toutes mes espérances. Je comptois sans doute sur la durée et la vérité de vos sentimens; mais j'ignorois (telle est la foiblesse humaine) jusqu'à quel point ils avoient pu être attiédis par le tems et l'éloignement; et je savois encore moins l'état actuel de votre santé, de votre fortune et de vos liaisons, qui auroient pu opposer tant d'obstacles à notre réunion.

      Vous m'écrivez, vous m'aimez toujours; vous désirez avec zèle, avec ardeur, de réaliser nos anciens projets; vous le pouvez, vous le voulez; vous m'offrez dès l'automne votre maison, et quelle terrasse! votre société, et quelle société! L'arrangement nous convient à tous les deux; je retrouve à la fois le compagnon de ma jeunesse, un sage conseiller, et un peintre qui fait représenter et exagérer même les objets les plus rians. Ces exagérations me font pour le moins autant de plaisir que la simple vérité. Si votre portrait étoit tout à fait ressemblant, ces agrémens n'existeroient que hors de nous mêmes, et j'aime encore mieux les retrouver dans la vivacité de votre cœur et de votre imagination. Ce n'est pas que je ne reconnoisse un grand fond de vérité dans le tableau de Lausanne; je connois le lieu de la scène, je me transporte en idée sur notre terrasse, je vois ces côteaux, ce lac, ces montagnes, ouvrage favoris de la nature, et je conçois sans peine les embellissemens que votre goût s'est plu y ajouter. Je me rappelle depuis vingt ou trente ans les mœurs, l'esprit, l'aisance de la société, et je comprends que ce véritable ton de la bonne compagnie se perpétue, et s'épure de père en fils, ou plutôt de mère en fille; car il m'a toujours paru qu'à Lausanne, aussi bien qu'en France, les femmes sont très supérieures aux hommes. Dans un pareil séjour, je craindrois la dissipation bien plus que l'ennui, et le tourbillon de Lausanne étonneroit un philosophe accoutumé depuis tant d'années à la tranquillité de Londres. Vous êtes trop instruit pour regarder ce propos, comme une mauvaise plaisanterie; c'est dans les détroits qu'on est entrainé par la rapidité des courans: il n'y en a point en pleine mer. Dès qu'on ne recherche plus les plaisirs bruyans, et qu'on s'affranchit volontiers des devoirs pénibles, la liberté d'un simple particulier se fortifie par l'immensité de la ville. Quant à moi, l'application à mon grand ouvrage, l'habitude, et la récompense du travail, m'ont rendu plus studieux, plus sédentaire, plus ami de la retraite. La Chambre des Communes et les grands dîners exigent beaucoup de tems; et la tempérance d'un repas anglois vous permet de goûter de cinq ou six vins différens, et vous ordonne de boire une bouteille de claret après le dessert. Mais enfin je ne soupe jamais, je me couche de fort bonne heure, je reçois peu de visites, les matinées sont longues, les étés sont libres, et dès que je ferme ma porte, je suis oublié du monde entier. Dans une société plus bornée et plus amicale, les démarches sont publiques, les droits sont réciproques, l'on dîne de bonne heure, on se goûte trop pour ne pas passer l'après-midi ensemble; on soupe, on veille, et les plaisirs de la soirée ne laissent pas de déranger le repos de la nuit, et le travail du lendemain.

      HIS HESITATION TO ACCEPT.

      Quel est cependant le résultat de ces plaintes? c'est seulement que la mariée est trop belle, et que j'ose me servir de l'excuse honnête de la santé et du privilège d'un homme de lettres; il ne tiendra qu'à moi de modérer un peu l'excès de mes jouissances. Pour cet engouement que vous m'annoncez, et qui a toujours été le défaut des peuples les plus spirituels, je l'ai déjà éprouvé sur un plus grand théâtre. Il y a six ans que l'ami de Madame Necker fut reçu à Paris, comme celui de George Deyverdun pourroit l'être à Lausanne. Je ne connois rien de plus flatteur que cet accueil favorable d'un public poli et éclairé. Mais cette faveur, si douce pour l'étranger, n'est-elle pas un peu dangereuse pour l'habitant exposé à voir flétrir ses lauriers, par la faute ou par l'inconstance de ses juges? Non; on se soutient toujours, peut être pas précisément au même point d'élévation. A l'abri de trois gros volumes in-quarto en langue étrangère, encore ce qui n'est pas un petit avantage, je conserverai toujours la réputation littéraire, et cette réputation donnera du relief aux qualités sociales, si l'on trouve l'historien sans travers, sans affectation et sans prétentions.

      Je serai donc charmé et content de votre société, et j'aurois pu dire en deux mots, ce qui j'ai bavardé en deux pages; mais il y a tant de plaisir à bavarder avec un ami! car enfin je possède à Lausanne un véritable ami; et les simples connoissances remplaceront sans beaucoup de peine, tout ce qui s'appelle liaison, et même amitié, dans ce vaste désert de Londres. Mais au moment où j'écris, je vois de tous côtés une foule d'objets dont la perte sera bien plus difficile à réparer. Vous connoissiez ma bibliothèque; mais je suis en état de vous rendre le propos de votre maison c'est bien autre chose à cette heure; formée peu à peu, mais avec beaucoup de soin et de dépense, elle peut se nommer aujourd'hui un beau cabinet de particulier. Non content de remplir à rangs redoublés la meilleure pièce qui lui étoit destinée, elle s'est débordée dans la chambre sur la rue, dans votre ancienne chambre à coucher, dans la mienne, dans tous les recoins de la maison de Bentinck-street, et jusques dans une chaumière que je me suis donnée à Hampton Court.

      J'ai mille courtisans rangés autour de moi:

      Ma retraite est mon Louvre, et j'y commande en roi.

      Le fonds est de la meilleure compagnie Grecque, Latine, Italienne, Françoise, et Angloise, et les auteurs les moins chers à l'homme de goût, des ecclésiastiques, des Byzantins, des Orientaux, sont les plus nécessaires à l'historien de la Décadence et de la Chute, &c. Vous ne sentez que trop bien le désagrément de laisser, et l'impossibilité de transporter cinq ou six milles volumes, d'autant plus que le ciel n'a pas voulu faire de la Suisse un pays maritime. Cependant mon zèle pour la réussite de nos projets communs, me fait imaginer que ces obstacles pourront s'applanir, СКАЧАТЬ