Robert Burns. Angellier Auguste
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Название: Robert Burns

Автор: Angellier Auguste

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ son cher Gregory»?

      «Ô, je ne suis pas la Reine elle-même,

      Ou une de ses trois Maries,

      Mais je suis la fille de Lochryan,

      Cherchant son cher Gregory».

      Et le rude rôdeur, touché sans doute, lui montre une tour recouverte d'étain où se tient Lord Gregory. Elle y aborde, et agite l'anneau sur la barre de fer tordu qui tenait lieu autrefois de marteau aux portes. Elle le supplie ainsi:

      «Ô, ouvre, ouvre, aimé Gregory,

      Ouvre et laisse-moi entrer.

      Car je suis la fille de Lochryan,

      Bannie de tous les siens».

      Mais la méchante mère de Lord Gregory lui répond de l'intérieur, en imitant la voix de son fils, et lui demande, pour lui prouver qu'elle est bien la fille de Lochryan, de lui dire ce qui s'est passé entre eux deux. La pauvre fille répond d'une façon touchante, en des strophes où le souvenir des jours passés se mêle à l'angoisse présente.

      «Ne te souviens-tu pas, aimé Gregory,

      Comme nous étions assis, au moment du vin,

      Que nous échangeâmes nos anneaux de nos mains,

      Et que le meilleur était le mien?

      Car le mien était de bon or rouge,

      Mais le tien était d'étain;

      Et le mien était vrai et fidèle,

      Et le tien était faux dedans.

      Et ne te souviens-tu pas, aimé Gregory,

      Comme nous étions assis sur la colline,

      Que tu m'as enlevé ma virginité,

      Très durement, contre mon vouloir.

      Maintenant, ouvre, ouvre, aimé Gregory,

      Ouvre et laisse-moi entrer,

      Car la pluie pleut sur mes bons vêtements,

      Et la rosée coule sur mon menton.»

      La méchante femme lui redemande d'autres preuves, comme si celles-là ne suffisaient pas. Et la pauvre demoiselle, découragée, l'âme navrée, renonce à la convaincre.

      Alors elle s'est retournée:

      «Puisqu'il en est ainsi,

      Puisse aucune femme qui a porté un fils

      N'avoir jamais un cœur si plein d'angoisse.

      Abaissez, abaissez ce mât d'or,

      Dressez un mât de bois,

      Car il ne convient pas à une dame délaissée

      De naviguer si royalement.»

      Elle s'éloigne. Le fils s'éveille, et raconte à sa mère qu'il a rêvé que la fille de Lochryan était à la porte. La mère lui dit qu'en effet elle était là il y a une heure, et qu'il peut continuer à dormir. Le fils repousse la méchante femme qui ne l'a pas laissée entrer. Et la fin de la pièce a toute la fantaisie romantique et touchante qui est le charme de ces ballades.

      «Faites-moi seller le noir, dit-il,

      Faites-moi seller le bai brun,

      Faites-moi seller le cheval le plus vite,

      Qui est dans toute la ville.»

      Or, dans la première ville où il arriva,

      Les cloches sonnaient,

      Et la seconde ville où il arriva

      La morte y arrivait.

      «Déposez, déposez ce corps aimable,

      Déposez-le, laissez-moi voir

      Si c'est la fille de Lochryan

      Qui est morte par amour pour moi.»

      Et il prit son petit couteau

      Qui pendait à sa basque,

      Et il a fendu le linceul,

      Une longueur d'aune ou davantage.

      Et d'abord il baisa sa rouge joue,

      Et puis il baisa son menton,

      Et puis il baisa ses lèvres rosées

      Où il n'y avait plus d'haleine.

      Et il a pris son petit couteau,

      Avec un cœur qui était tout navré,

      Et il s'est donné une blessure mortelle,

      Et il ne parla jamais plus un mot.

      Quelles que soient les naïvetés d'un pareil morceau, quels que soient les accrocs et les raccords grossiers qu'on trouve dans cette vieille étoffe et qui sont le fait des transmissions successives, il y a là une poésie simple, pleine de couleur et d'émotion.

      Que reste-t-il de ce rêve dans Burns? Presque rien. Tout ce que cette navigation du début a d'étrange et de pittoresque, ces visions de mer et de vieux châteaux, qui rappellent les ruines qu'on voit sur tant de promontoires écossais, cette poursuite douloureuse de la fin, tout a disparu. Il a supprimé la partie imaginative, le récit, en réalité ce qui constitue la ballade. Il n'a conservé que la partie de sentiment, qui est de tous les temps, le cri de la femme chassée de la maison paternelle, qui vient frapper à la porte du séducteur. En un mot, il a transformé la ballade en une simple chanson.

      «Oh! sombre, sombre est cette heure de minuit,

      Et bruyant le mugissement de la tempête,

      Une femme errante, désolée, cherche ta tour,

      Ouvre ta porte, Lord Gregory.

      Une exilée du château paternel,

      Et cela pour t'avoir aimé;

      Montre-moi du moins quelque pitié,

      Si ce ne peut être de l'amour.

      Lord Gregory, ne te rappelles-tu pas le bosquet

      Sur les bords charmants de l'Irwin,

      Où, pour la première fois, j'avouai cet amour virginal

      Que longtemps, longtemps, j'avais nié.

      Que de fois m'as-tu promis et juré

      Que tu serais pour jamais à moi;

      Et mon pauvre cœur, lui-même si sincère,

      N'a jamais soupçonné le tien.

      Dur est ton cœur, Lord Gregory,

      Et ta poitrine est un roc;

      Foudres du ciel, qui me frôlez en passant,

      Oh! ne me donnerez-vous pas le repos?

      Vous, tonnerres, ramassés dans le ciel,

      Voyez la victime qui s'offre à vous!

      Mais, épargnez-le, pardonnez à mon faux ami

      Ses torts envers le ciel et envers moi82

      À coup sûr, cette chanson est touchante aussi. Elle est moins brutale, plus riche en nuances de sentiment, d'une psychologie plus subtile et plus délicate, que le passage analogue de la ballade. Mais c'est tout ce qui en reste. On a beau dire que, dans le cas présent, Burns était lié par les nécessités du recueil de Thomson. C'est assez qu'il n'ait été inspiré par les ballades populaires que dans cette mesure pour montrer qu'il les goûtait peu, et qu'elles n'ont pas été une des sources de sa poésie.

      Cela est СКАЧАТЬ



<p>82</p>

Lord Gregory.