Les chasseurs de chevelures. Reid Mayne
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Название: Les chasseurs de chevelures

Автор: Reid Mayne

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ s'il avait compris ma situation. La longe se tendit, je sentis que mon corps se deplacait, et, un instant apres, j'eprouvai une de ces jouissances profondes impossibles a decrire, en me trouvant degage de mon tombeau de sable. Un cri de joie s'echappa de ma poitrine. Je m'elancai vers mon cheval, je lui jetai mes deux bras autour du cou; je l'embrassai avec autant de delices que s'il eut ete une charmante jeune fille. Il repondit a mes embrassements par un petit cri plaintif qui me prouva qu'il m'avait compris. Je me mis en quete de mon rifle. Heureusement qu'il n'etait pas tres-enfonce, et je pus le ravoir. Mes bottes etaient restees dans le sable; mais je ne m'arretai point a les chercher. La place ou je les avais perdues m'inspirait un sentiment de profonde terreur.

      Sans plus attendre, je quittai les bords de l'arroyo, et, montant a cheval je me dirigeai au galop vers la route. Le soleil etait couche quand j'arrivai au camp, ou je fus accueilli par les questions de mes compagnons etonnes:

      – Avez-vous trouve beaucoup de chevres? Ou sont donc vos bottes? – Est-ce a la chasse ou a la peche que vous avez ete?

      Je repondis a toutes ces questions en racontant mon aventure, et cette nuit-la encore je fus le heros du bivouac.

      V

      SANTA-FE

      Apres avoir employe une semaine a gravir les montagnes rocheuses, nous descendimes dans la vallee du Del-Norte, et nous atteignimes la capitale du Nouveau-Mexique, la celebre ville de Santa-Fe. Le lendemain, la caravane elle-meme arriva, car nous avions perdu du temps en prenant la route du sud, et les wagons, en traversant la passe de Raton, avaient suivi la voie la plus rapide. Nous n'eumes aucune difficulte relativement a l'entree de notre convoi, moyennant une taxe de cinq cents dollars d'alcavala pour chaque wagon. C'etait une extorsion qui depassait le tarif; mais les marchands etaient forces d'accepter cet impot. Santa-Fe est l'entrepot de la province, et le chef-lieu de son commerce. En l'atteignant, nous fimes halte et etablimes notre camp hors des murs.

      Saint-Vrain, quelques autres proprietaires et moi nous nous installames a la fonda, ou nous cherchames dans le delicieux vin d'el Paso l'oubli des fatigues que nous avions endurees a travers les plaines. La nuit de notre arrivee se passa tout entiere en festins et en plaisirs. Le lendemain matin, je fus eveille par la voix de mons Gode, qui paraissait de joyeuse humeur et chantonnait quelques fragments d'une chanson de bateliers canadiens.

      – Ah! monsieur, me cria-toi! en me voyant eveille, aujourd'hui, ce soir, il y a une grande funcion, – un bal – ce que les Mexicains appellent le fandago. C'est tres-beau, monsieur. Vous aurez bien sur un grand plaisir a voir un fandago mexicain.

      – Non, Gode. Mes compatriotes ne sont pas aussi grands amateurs de la danse que les votres.

      – C'est vrai, monsieur, mais un fandago! ca merite d'etre vu. Ca se compose de toutes sortes de pas: le bolero, la valse, la couna, et beaucoup d'autres; le tout melange de pouchero. Allez! monsieur, vous verrez plus d'une jolie fille aux yeux noirs et avec de tres-courts… Ah! diable!.. de tres-courts… comment appelez-vous cela en americain?

      – Je ne sais pas de quoi vous voulez parler.

      – Cela! cela, monsieur.

      Et il me montrait la jupe de sa blouse de chasse.

      – Ah! pardieu, je le tiens! —Petticoes, de tres-courts petticoes. Ah! vraiment, vous verrez, vous verrez ce que c'est qu'un fandago mexicain.

      Las ninas de Durango

      Conmigo bailandas,

      Al cielo saltandas

      En el fan-dango – en el fan-dango.

      Ah! voici M. de Saint-Vrain. Il n'a sans doute jamais vu un fandago. Sacristi! comme monsieur danse! comme un vrai maitre de ballets! Mais il est de sangre… de sang francais, vraiment. Voyez donc!

      Al cielo saltandas

      En el fan-dan-go – en el fan-dang…

      – Eh! Gode?

      – Monsieur.

      – Cours a la cantine et demande, prends a credit, achete ou chippe une bouteille du meilleur Paso.

      – Faut-il essayer de la chipper, monsieur Saint-Vrain? Demanda Gode avec une grimace significative.

      – Non, vieux coquin de Canadien! paie-la, voila de l'argent. Du meilleur

      Paso, tu entends? frais et brillant. Maintenant, vaya!

      – Bonjour, mon brave dompteur de buffalos. Encore au lit, a ce que je vois.

      – J'ai une migraine qui me fend la tete.

      – Ah! ah! ah! C'est comme moi tout a l'heure; mais Gode est alle chercher le remede. Poil de chien guerit la morsure. Allons, en bas du lit.

      – Attendez au moins que j'aie pris une dose de votre medecine.

      – C'est juste. Vous vous trouverez mieux apres. Dites-moi, comment vous trouvez-vous des plaisirs de la ville, hein?

      – Vous appelez cela une ville!

      – Mais oui; c'est ainsi qu'on la nomme partout: la ciudad de Santa-Fe, la fameuse ville de Santa-Fe, la capitale du Nuevo-Mejico, la metropole de la prairie, le paradis des vendeurs, des trappeurs et des voleurs.

      – Et voila le progres accompli dans une periode de trois cents ans! En verite, ce peuple semble a peine arrive aux premiers echelons de la civilisation!

      – Dites plutot qu'il en a depasse les derniers. Ici, dans cette oasis lointaine, vous trouverez peinture, poesie, danse, theatre et musique, fetes et feux d'artifice; tous les raffinements de l'art et de l'amour qui caracterisent une nation en declin. Vous rencontrerez en foule des don Quichottes, soi-disant chevaliers errants, des Romeos, moins le coeur, et des bandits, moins le courage. Vous rencontrerez… toutes sortes de choses avant de vous croiser avec la vertu ou l'honneur. – Hola! muchacho!

      – Que es senor

      – Avez-vous du cafe?

      – Si, senor.

      – Apportez deux tasses: dos tazas, entendez-vous, et leste! Aprisa! aprisa!

      – Si, senor.

      – Ah! voici le voyageur canadien! Eh bien, vieux Nord-Ouest, apportes-tu le vin?

      – C'est un vin delicieux, monsieur Saint-Vrain! ca vaut presque les vins

      Francais.

      – Il a raison, Haller! (tsap! tsap!) delicieux, vous pouvez le dire, mon cher Gode! (tsap! tsap!) Allons, buvez; cela va vous rendre fort comme un buffalo. Voyez, il petille comme de l'eau de Seltz!4 comme fontaine qui bouille. Eh! Gode?

      – Oui, monsieur; absolument comme fontaine qui bouille, parbleu! oui.

      – Buvez, mon ami, buvez! ne craignez pas ce vin-la; c'est pur jus de la vigne. Sentez cela, humez ce bouquet. Dieu! Quel vin les Yankees tireront un jour de ces raisins du Nouveau-Mexique!

      – Eh quoi? croyez-vous que les Yankees aient des vues sur СКАЧАТЬ



<p>4</p>

Nom d'une localite ou il y a des eaux gazeuses, aux Etats-Unis.