Les chasseurs de chevelures. Reid Mayne
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Название: Les chasseurs de chevelures

Автор: Reid Mayne

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ cielo… ha!

      – Etes-vous pret, mon hardi cavalier?

      – Pas encore. Asseyez-vous une minute et attendez-moi.

      – Depechez-vous alors: la danse commence. Je suis revenu par la. Quoi! c'est la votre costume de bal! Ha! ha! ha!

      Et Saint-Vrain eclata de rire en me voyant vetu d'un habit bleu et d'un pantalon noir assez bien conserves.

      – Eh! mais sans doute, repondis-je en le regardant, et qu'y trouvez-vous a redire? – Mais est-ce la votre habit de bal, a vous?

      Mon ami n'avait rien change a son costume; il portait sa blouse de chasse frangee, ses guetres, sa ceinture, son couteau et ses pistolets.

      – Oui, mon cher dandy, ceci est mon habit de bal; il n'y manque rien, et si vous voulez m'en croire, vous allez remettre ce que vous avez ote. Voyez-vous un ceinturon et un couteau autour de ce bel habit bleu a longues basques! Ha! ha! ha!

      – Mais quel besoin de prendre ceinturon et couteau? Vous n'allez pas, peut-etre, entrer dans une salle de bal avec vos pistolets a la ceinture?

      – Et de quelle autre maniere voulez-vous que je les porte? dans mes mains?

      – Laissez-les ici.

      – Ha! ha! cela ferait une belle affaire! Non, non. Un bon averti en vaut deux. Vous ne trouverez pas un cavalier qui consente a aller a un fandango de Santa-Fe sans ses pistolets a six coups. Allons, remettez votre blouse, couvrez vos jambes comme elles l'etaient, et bouclez-moi cela autour de vous. C'est le costume de bal de ce pays-ci.

      – Du moment que vous m'affirmez que je serai ainsi comme il faut, ca me va.

      – Je ne voudrais pas y aller en habit bleu, je vous le jure.

      L'habit bleu fut replie et remis dans mon portemanteau. Saint-Vrain avait raison. En arrivant au lieu de reunion, une grande sala dans le voisinage de la plaza, nous le trouvames rempli de chasseurs, de trappeurs, de marchands, de voituriers, tous costumes comme ils le sont dans la montagne. Parmi eux se trouvaient une soixantaine d'indigenes avec autant de senoritas, que je reconnus, a leurs costumes, pour etre des poblanas, c'est-a-dire appartenant a la plus basse classe; la seule classe de femme, au surplus, que des etrangers pussent rencontrer a Santa-Fe.

      Quand nous entrames, la plupart des hommes s'etaient debarrasses de leurs serapes pour la danse, et montraient dans tout leur eclat le velours brode, le maroquin gaufre, et les berets de couleurs voyantes. Les femmes n'etaient pas moins pittoresques dans leurs brillantes naguas, leurs blanches chemisettes, et leurs petits souliers de satin. Quelques-unes etaient en train de sauter une vive polka; car cette fameuse danse etait parvenue jusque dans ces regions reculees.

      – Avez-vous entendu parler du telegraphe electrique?

      – No, senor.

      – Pourriez-vous me dire ce que c'est qu'un chemin de fer?

      – Quien sabe!

      – La polka!

      – Ah! senor, la polka! la polka! cosa bonita, tan graciosa! vaya!

      La salle de bal etait une grande sala oblongue, garnie de banquettes tout autour. Sur ces banquettes, les danseurs prenaient place, roulaient leurs cigarettes, bavardaient et fumaient dans l'intervalle des contredanses. Dans un coin, une demi-douzaine de fils d'Orphee faisaient resonner des harpes, des guitares et des mandolines; de temps en temps, ils rehaussaient cette musique par un chant aigu, a la maniere indienne. Dans un autre angle, les montagnards, alteres, fumaient des puros en buvant du whisky de Thaos, et faisaient retentir la sala de leurs sauvages exclamations.

      – Hola, ma belle enfant! vamos, vamos, a danser! mucho bueno! mucho bueno! voulez-vous?

      C'est un grand gaillard a la mine brutale, de six pieds et plus, qui s'adresse a une petite poblana semillante.

      – Mucho bueno, senor Americano! repond la dame.

      – Hourra pour vous! en avant! marche! Quelle taille legere! Vous pourriez servir de plumet a mon chapeau. Qu'est-ce que vous voulez boire? de l'aguardiente5 Ou du vin?

      – Copitita de vino, senor. (Un tout petit verre de vin, monsieur.)

      – Voici, ma douce colombe; avalez-moi ca en un saut d'ecureuil!..

      Maintenant, ma petite, bonne chance, et un bon mari je vous souhaite!

      – Gracias, senor Americano!

      – Comment! vous comprenez cela? usted entiende, vous entendez?

      – Si, senor.

      – Bravo donc! Eh bien, ma petite, connaissez-vous la danse de l'ours?

      – No entiende.

      – Vous ne comprenez pas! tenez, c'est comme ca.

      Et le lourdaud chasseur commence a se balancer devant sa partenaire, en imitant les allures de l'ours gris.

      – Hola, Bill! crie un camarade, tu vas etre pris au piege, si tu ne te tiens pas sur tes gardes. As-tu tes poches bien garnies, au moins?

      – Que je sois un chien, Gim, si je ne suis pas frappe la, dit le chasseur etendant sa large main sur la region du coeur.

      – Prends garde a toi, bonhomme! c'est une jolie fille, apres tout.

      – Tres-jolie! offre-lui un chapelet, si tu veux, et jette-toi a ses pieds!

      – Beaux yeux qui ne demandent qu'a se rendre; oh! les jolies jambes!

      – Je voudrais bien savoir ce que son vieux magot demanderait pour la ceder. J'ai grand besoin d'une femme; je n'en ai plus eu depuis celle de la tribu des Crow que j'avais epousee sur les bords du Yeller-Stone.

      – Allons donc, bonhomme, tu n'es pas chez les Indiens. Fais, si tu veux, que la fille y consente, et il ne t'en coutera qu'un collier de perles.

      – Hourra pour le vieux Missouri! crie un voiturier.

      – Allons, enfant! montrons-leur un peu comment un Virginien se fraye son chemin. Debarrassez la cuisine, vieilles et jeunes canailles.

      – Gare a droite et a gauche! la vieille Virginie va toujours de l'avant.

      – Viva el Gobernador! viva Armijo! viva, viva!

      L'arrivee d'un nouveau personnage faisait sensation dans la salle. Un gros homme fastueux, a tournure de pretre, faisait son entree, accompagne de plusieurs individus. C'etait le gouverneur avec sa suite, et un certain nombre de citoyens bien couverts, qui formaient sans doute l'elite de la societe new-mexicaine. Quelques-uns des nouveaux arrivants etaient des militaires revetus d'uniformes brillants et extravagants; on les vit bientot pirouetter autour de la salle dans le tourbillon de la valse.

      – Ou est la senora Armijo? demandai-je tout bas a Saint-Vrain.

      – Je vous l'avais dit: elle n'est pas venue. Attendez-moi ici je m'en vais pour quelques instants. СКАЧАТЬ



<p>5</p>

Aguardiente, sorte d'eau-de-vie de ble de mais.